Un scénario préoccupant de la présidentielle est en train de se jouer aux États-Unis. Malgré une forte participation, le scrutin américain est bien parti pour traîner en longueur et risque de s’achever devant les tribunaux.
La nuit américaine est en passe de virer au cauchemar. Un des scénarios les plus redoutés, celui d’un scrutin présidentiel qui s’étire en longueur et souffre de contestations, n’est plus à redouter, il est actuellement à l’œuvre aux États-Unis.
Un scrutin qui s’étire en longueur
La nuit électorale qui devait s’achever sur la désignation du vainqueur est sur le point de se transformer en semaine électorale. Si les projections se sont succédées toute la nuit du 3 au 4 novembre, le scrutin se révèle particulièrement serré, contrairement à ce que prédisaient les sondages. Le verdict des urnes va prendre de longues heures, plusieurs jours ou voire plusieurs semaines.
S’il veut gagner, Joe Biden doit gagner au moins deux des trois États disputés du Nord industriel (la « rust belt ») : la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin, remportés sur le fil par le milliardaire il y a quatre ans. Or, dans ces États, le dépouillement pourrait se poursuivre mercredi et même sur plusieurs jours, notamment en raison du niveau record du vote par correspondance. Facilités et encouragés en raison de la pandémie de coronavirus, qui connaît aux États-Unis sa plus violente diffusion, les votes par correspondance ont pris une ampleur inédite lors de ce scrutin. Et ces bulletins sont plus délicats et plus longs à compter, les vérifications étant nombreuses, que ceux glissés dans l’urne le jour J.
La victoire revendiquée avant la fin du décompte des voix
Dans la nuit de mardi à mercredi, Donald Trump a d’ores et déjà revendiqué la victoire face à Joe Biden, alors même que l’issue de l’élection présidentielle reste indécise dans de nombreux États clefs du pays.
En se déclarant vainqueur, alors que son adversaire démocrate Joe Biden semblait dans une position plus favorable, Donald Trump a pris mercredi la responsabilité de plonger le pays dans l’inconnu. Le spectre de longues journées d’incertitude et d’âpres batailles judiciaires hante désormais la première puissance mondiale, déjà secouée par des crises sanitaire, économique et sociale d’ampleur. « C’est une situation extrêmement inflammable et le président vient de jeter une allumette en plein dedans », a estimé Chris Wallace, journaliste de Fox News.
Accusations de fraudes
Bien qu’il clame sa victoire, le président sortant a aussi dénoncé de possibles « fraudes » électorales sans livrer aucun élément concret, et a annoncé vouloir saisir la Cour suprême sans préciser sur quel motif, accusant « un petit groupe de gens très tristes » de vouloir voler l’élection. Depuis des mois, Donald Trump a en effet préparé le terrain : il répète à l’envi que s’il perd l’élection, c’est forcément parce que le scrutin a été truqué. Cette tendance du locataire de la Maison Blanche à remettre en cause les règles lorsqu’il est en difficulté n’est pas nouvelle. Durant les primaires républicaines de 2016, le candidat Trump avait déjà accusé son adversaire Ted Cruz d’avoir triché après la victoire de ce dernier dans l’Iowa. Lors de la présidentielle de 2016, il avait là encore multiplié les accusations de fraude pendant sa campagne face à la démocrate Hillary Clinton, en particulier.
Côté démocrate, la cheffe de campagne de Joe Biden a jugé mercredi « scandaleux » et « sans précédent » les propos de Donald Trump, qui a également appelé à arrêter le décompte des bulletins. « Si le président met sa menace de se tourner vers les tribunaux pour essayer d’empêcher le comptage correct des votes à exécution, nous avons des équipes de juristes prêtes à être déployées pour combattre ces efforts », a promis la démocrate.
Dans ce contexte hautement inflammable, la communauté internationale ne cache pas ses inquiétudes sur les risques d’une polarisation de plus en plus accrue de la société américaine, menant à des violences dans le pays. La ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a déjà jugé la « situation très explosive aux États-Unis » et mis en garde contre « une crise constitutionnelle » dans le pays. « C’est quelque chose qui doit tous nous préoccuper », a ajouté cette proche d’Angela Merkel.
France24