Le juge tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné, hier, Awa Sileye Sow et Pape Isma Diop, chacun, à une peine de trois (3) mois ferme. Poursuivis pour escroquerie portant sur plus de 3.000.000 de francs, ils ont été traduits en justice par Ndeye Coumba Diagne et sa sœur Awa Samb Diassé.
Âgée de 24 ans, Awa Sileye Sow va devoir mettre ses études en veilleuse. La raison : le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar l’a condamnée, hier, à une peine ferme de 3 mois. Elle et le sieur Pape Isma Diop comparaissaient pour des faits d’escroquerie. Ils sont traduits en justice par Ndeye Coumba Diagne et sa sœur Awa Samb Diassé. Ces dernières reprochent aux prévenus d’avoir usé de fausses manœuvres pour leur gruger la somme de 3.000.000 de francs.
En effet, les parties civiles qui voulaient rejoindre l’hexagone ont été approchées par le prévenu Pape Isma Dièye qu’elles avaient sous-loué une chambre de leur appartement. Celui-ci leur fait savoir avoir fait la connaissance d’une personne qui pourrait les aider à matérialiser leur rêve.
C’est ainsi qu’il leur a présenté sa coprévenue Awa Sileye Sow qui s’est présenté à eux comme étant la vice-consul de l’ambassade de la France au Sénégal. Ayant mordu à l’hameçon, Ndèye Coumba Diassé et sa sœur ont commencé à lui verser d’importantes sommes d’argent pour l’obtention d’un visa.
Les prévenus, à la barre, s’accusent l’un contre l’autre
Expliquant en premier le différend qui l’oppose aux prévenus, Awa Samb Diagne indique avoir connu Awa Sileye Dièye par l’entremise de son voisin Pape Isma Diop.
«Pape Isma nous a dit que celle-ci était la vice-consule de l’ambassade de la France au Sénégal et Awa avait confirmé ses dires. Isma nous avait réclamé 1.500.000 francs pour chaque visa. Pour ma part, je lui ai remis 73.000 francs en premier lieu. Quelques temps après, il nous a appelés pour nous dire que les visas sont disponibles avant de me réclamer 1.000.000 de francs. Quelques jours après, il me demande encore la somme de 600.000 francs. Notre première rencontre a eu lieu dans une maison aux Almadies, la 2ème à Mbour et la 3ème à Ngor. Awa Sileye m’avait confirmé avoir reçu 600.000 de l’argent que je versais à Pape Isma», renseigne la plaignante.
Quant à sa petite sœur, Ndèye Coumba Diassé, elle soutient avoir remis la somme de 913.000 francs à Pape Isma Diop.
Invités à donner leurs versions des faits qui leur valent leur comparution, Pape Isma Diop et Awa S. Sow se sont lancés dans un combat de prévenus. Chacun des deux déclare être victime dans cette affaire avant de charger l’autre de l’avoir embarqué dans son entreprise délictuelle. Premier à prendre la parole, Pape I. Diop déclare avoir connu Awa par l’intermédiaire de son ami Diaw (sans autres précisions) qui m’a fait croire qu’elle était vice-consul de l’ambassade de France. À l’en croire, l’argent que lui ont versé les parties civiles a été remis à Awa S. Sow.
«Lors de notre première rencontre dans un appartement aux Almadies, elle m’avait réclamé 4.500.000 francs. A chaque fois que je lui remettais l’argent, elle appelait Awa Samb Diagne pour l’informer. Awa Sileye est sous le coup de trois plaintes. C’est pour cela qu’elle tente de se soustraire à sa responsabilité pénale », peste-t-il.
Le substitut du Procureur requiert contre les prévenues une peine de 2 mois ferme
Des accusations que Awa S. Sow a battues en brèche. Selon cette dernière, elle ne s’est jamais fait passer pour une vice-consule. Mieux, fulmine-t-elle, si elle a accepté de collaborer avec son coprévenu, c’est parce qu’elle voulait le dénoncer car ayant été une victime de ces genres de pratiques illégales.
«J’avais rencontré des soi-disant démarcheurs qui m’avaient fait croire qu’ils travaillaient pour le ministère de l’intérieur et qu’ils étaient chargés de regrouper des ONG qu’ils vont aider à voyager. Je voulais mettre la main sur ces escrocs qui m’ont délesté de plus de 40.000.000 de francs avant de se fondre dans la nature. Cet argent appartient à certains membres de ma famille qui voulaient voyager. C’est moi-même qui ai organisé son arrestation», raconte-t-elle.
Alors que lors de son interpellation, elle détenait deux faux visas Schengen et des passeports.
Pour le représentant du ministère public, si Awa a appelé la police pour dénoncer son coprévenu, c’est parce qu’elle savait que leur deal était sur le point de basculer. Donc, ses déclarations ne sauraient prospérer.
«Ils ont tous les deux fait usage de fausses qualités», argue la parquetière qui a requis deux (2) mois ferme contre les prévenus. Les conseils des prévenus ont sollicité une application bienveillante de la loi pénale. Le tribunal, en rendant son délibéré, est allé plus loin que la peine requise par le substitut du procureur en condamnant Pape Isma Diop et Awa Sileye Sow, chacun, à une peine ferme de trois (3) mois. En sus de cette sentence, ils doivent solidairement payer aux plaignants la somme de 3.285.000 francs.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)