L’élection présidentielle s’approche à grands pas; déjà le pays est plongé dans une atmosphère de pré- campagne électorale avec des échanges de propos aigres-doux, des dénigrements entre camps adverses, une marche de l’opposition pour des élections transparentes, des actes pour une transhumance politiques posés…
Tout ce bouillonnement donne un avant-goût de l’ambiance de la prochaine campagne électorale de 2019 qui risque, certainement d’être électrique, animée, mouvementée, arrosée de liasses de billets de banque; le tout reposant sur un socle d’invectives et de moqueries de toutes sortes. Comme à l’accoutumée, le débat programmatique axé sur des projets de société réalistes et réalisables sera relégué au second plan et n’intéressera que les quelques rares intellectuels, des différentes chapelles politiques, férus des débats d’idées.
Une routine qui ne surprendra guère l’écrasante majorité du peuple habituée à ces pratiques politiciennes depuis l’accession de notre pays à la souveraineté nationale mais qui se sont accentuées depuis ces dernières années.
Dans des moments similaires de périodes pré-électorales, la tension fût tellement vive, par moments, qu’il fallût, au Sénégal traverser des journées chaudes et sombres, des années d’études sacrifiées, des carrières professionnelles brisées, des vies même perdues (1988 et 2012) pour arriver à alterner les équipes dirigeantes afin d’espérer des lendemains meilleurs. Grâce à ces mobilisations exceptionnelles de différents démembrements du peuple et, non des seuls militants des partis politiques (rappel important), des alternances politiques ont été réussies participant à redorer l’image de la démocratie sénégalaise et mettre en confiance la communauté des bailleurs de fonds internationaux.
Certainement, la marche des nations et l’apprentissage de la démocratie telle qu’ « importée » vont ainsi, pourrait-on avancer. Mais après tant de sacrifices et renoncements consentis par le peuple; en de telles circonstances ou les écuries politiques affûtent leurs armes et se réchauffent, le citoyen quelconque serait en droit de se demander si les différentes alternances ont-elles produit les changements escomptés ? Les fruits ont-ils répondu à la promesse des fleurs ?
Certes ce sujet est difficile à traiter au risque d’être taxé de partisan, de non objectif, d’un « encagoulé » mais comprenons, simplement, que c’est une analyse qui veut juste interroger les alternances en ces termes-ci : « l’alternance politique suffit-elle, à elle seule pour apporter les réformes, les orientations nécessaires à un changement de direction ? ». N’existerait-il pas des préalables pour la rendre davantage efficiente au regard des expériences vécues lors des différentes alternances déroulées ?
En effet, depuis 1981 (date de la première alternance politique), en passant par 2000, jusqu’en ce moment, ne constatons-nous pas que les mêmes complaintes et demandes reviennent : indépendance de la justice, assemblée nationale non soumise à l’Exécutif, combattre la corruption et le népotisme, établir un développement équilibré du territoire, mettre en place les conditions d’un enseignement de qualité, assurer l’ordre et la discipline, garantir des soins de qualité et faciliter l’accès pour tous, créer suffisamment d’emploi pour les jeunes, garantir la sécurité des personnes et des biens… La liste pourrait être allongée à souhait.
Quel est le citoyen Sénégalais qui ne se retrouve pas dans ces énumérations et qui à un moment ou un autre de sa vie ne s’est pas investi pour tourner cette sombre page et la déchirer pour permettre un progrès harmonieux et durable du SENEGAL que nous chérissons tous ?
Il va de soi qu’une alternance surviendra en 2019 ou 2024, des candidats aux multiples facettes seront en lice, certains ayant déjà eu à participer à la gouvernance du pays (la majorité probablement), d’autres, inconnus de la troupe, essaieront de jouer une carte. Une fois au pouvoir, pourront-ils produire du neuf, faire changer radicalement, de cap au pays ? Auront-ils été suffisamment formaté pour imposer leurs programmes de développement (souvent taillés à la mesure des besoins fondamentaux du peuple) face aux contre-pouvoirs très puissants et omniprésents sur la scène nationale ? Sauront-ils dissocier les intérêts de leurs familles, amis et proches des intérêts nationaux pour assurer l’équité et la justice nécessaires à un progrès stable et la création de perspectives heureuses pour les générations futures ?
Vous conviendrez avec moi, que ce petit citoyen Sénégalais, plongé dans l’anonymat, ne saurait détenir les clés pour propulser notre chère nation vers l’avant (ah que je serais heureux si je le pouvais !). C’est pourquoi, je procède par une analyse, essentiellement interrogative afin de susciter des réflexions avant cette date excessivement importante, pour la destinée de notre très cher pays, de 2019.
VIVE LE SENEGAL !
Mamadou Dieng