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Entretien avec Idrissa Samb, Inspecteur des Impôts et Domaines : “la révocation d’Ousmane Sonko est une affaire purement politique…”

Après la révocation du leader de Pastef, Ousmane Sonko, par décret présidentiel, Idrissa Samb, Inspecteur des Impôts et Domaines, dans un entretien qu’il a accordé à Actusen.com, est revenu sur la situation de son désormais ex-collègue, qui, dit-il, est une affaire purement politique. Par ailleurs, il a livré son point de vue sur le rapport du Fonds monétaire international. 

 Actusen : Comment appréciez-vous la révocation de votre collègue Ousmane Sonko de la Fonction publique ?

Idrissa Samb : D’abord, je réagis en tant que père de famille qui n’avait que cette source de revenus pour vivre dignement avec sa famille. Si par un seul décret, on lui ôte tout ce qu’il a eu non pas par coup de pouce mais par mérite, je ne peux que déplorer ce fait. Ensuite,  en tant que fonctionnaire, collègue et petit-frère d’Ousmane Sonko, je ne lui souhaite pas ce qui lui est arrivé.

Actusen : Comment comptez-vous le soutenir ?

Idrissa Samb : Mon soutien personnel, ce sera juste des prières et des consolations.  Mais étant dans une Administration qui dispose d’un Syndicat (SAID: Syndicat des Agents des Impôts et Domaines), je pense qu’il est du devoir de chaque agent de la Direction générale des Impôts et Domaines et du Syndicat de le soutenir par tous les moyens légaux, car, après tout, nous sommes dans un Etat de droit.

Monsieur Ousmane Sonko a la possibilité de saisir la Cour suprême, qui va trancher en dernier ressort et, après, nous allons apprécier.

Mais ce qui est sûr, c’est que le Syndicat et l’ensemble des Centrales syndicales et tous les fonctionnaires vont apporter leur soutien à Sonko et lui témoigner leur solidarité.

Actusen : En tant qu’Inspecteur des Impôts et Domaines, êtes-vous prêts à descendre dans l’arène politique ?

Idrissa Samb : D’emblée, je ne peux vous dire oui. Mais si la politique c’est servir sa communauté je suis déjà dans l’arène politique. Je précise que je ne suis dans aucune formation politique, pour l’instant, pour des raisons qui me sont propres. Mais vu les développements, je pense que je pourrais intégrer, un jour, un Parti politique, sur lequel je pourrais m’appuyer d’abord pour conquérir si besoin en est le suffrage des habitants de ma Commune Dahra Djoloff, pour faire avancer les choses.

Ensuite, je pourrai participer à la consolidation de l’Etat de droit et des institutions de la République et rendre meilleur le vécu quotidien de nos compatriotes.

Actusen : En quoi le fonctionnaire qui travaille aux Impôts et Domaines doit avoir l’obligation de réserve ?

Idrissa Samb : L’obligation de réserve n’est pas seulement édictée aux fonctionnaires, mais à tous les agents de l’Administration sénégalaise, à travers la loi 61-33 du 15 juin 1961 relative au statut général des fonctionnaires. Cette obligation de réserve est prévue par l’article 14 de la même loi. Elle dispose en substance “que tout fonctionnaire est lié par l’obligation de discrétion professionnelle pour tout ce qui concerne les documents, faits et informations dont il a connaissance, dans l’exercice de ses fonctions ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions”.

Actusen : la révocation d’Ousmane Sonko est-elle une affaire politique ou un acharnement ?

Idrissa Samb : Je pense que cette affaire est purement politique et devrait se régler, de façon politique.  Monsieur Ousmane Sonko est Secrétaire général d’un Parti politique PASTEF LES PATRIOTES et a parlé en tant que tel.  Donc, à mon avis,  et pour un climat social apaisé,  les autorités ne devraient pas attiser le feu, en prenant cette décision.  Si ce que Ousmane Sonko, en tant que politique, a dit, n’est pas vrai, elles peuvent le poursuivre en justice, mais vraiment, il ne devrait pas être aussi facile de radier un fonctionnaire, à fortiori de hiérarchie A1.

J’en appelle au Chef de l’Etat de revoir cette décision, car, même dans sa maison, on peut avoir quelques enfants qui n’ont pas la même vision que le chef de famille.  Et,  le Président de la République doit être  au-dessus de tous ces détails et surtout ne doit pas écouter ceux qui lui créent des ennemis. Car même ceux qui ne sont pas d’accord avec lui sont de sa famille : LE SÉNÉGAL

Actusen : le Fonds monétaire international a sorti un rapport, dans lequel il exige de toutes les entreprises le paiement de l’impôt .Qu’est-ce-que cela vous inspire comme commentaire ?

Idrissa Samb : L’impôt, en tant “que prestation pécuniaire requise des personnes physiques et morales par voie d’autorité à titre définitif et sans contrepartie directe en vue de la couverture des charges publiques ” devrait pousser toutes les structures à payer leurs impôts.  Comme vous le savez,  notre pays dépend, pour une grande partie, de ses ressources internes comme les recettes fiscales (plus de 1000 milliards pour la direction générale des impôts )l’année dernière.

Donc,  pour permettre à l’Etat de faire face à ses charges et surtout faire des investissements dans les domaines comme l’éducation, la santé ,  l’emploi des jeunes,  il faut que toutes les entreprises aient un sens civique de l’impôt, en s’acquittant, convenablement, de leurs dettes fiscales.

Par ailleurs,  il faut préciser aussi que même pour le secteur dit informel et qui ne l’est que de façade, pour la majeure partie des contribuables,  il faut essayer de formaliser ce secteur pour une équité  fiscale, d’abord, mais aussi engranger des ressources importantes. Pour finir, je dirais comme l’autre ‘il n’y a aucun pays au monde où on paie ses impôts en chantant.

Propos recueillis par Moustapha Ndiaye (correspondant à Linguère)

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