Comme annoncé, les pharmaciens du Sénégal ont observé une grève ce vendredi pour dénoncer la décision de retirer la licence de la pharmacie nationale au profit de la pharmacie dakaroise. Dans cet entretien accordé à Actusen, le président du syndicat des pharmaciens du Sénégal revient sur les tenants et les aboutissants de ce mouvement d’humeur. Cela découle de la décision du bailleur, à savoir l’Ipres, de ne pas renouveler le bail de leur collègue, Madame Mbodji. Alors que le ministre de la Santé leur demande d’attendre la décision du tribunal du commerce qui a été saisi, les pharmaciens menacent de durcir le ton s’ils n’obtiennent pas gain de cause.
Un mot d’ordre largement respecté
«Nous avons fait une réunion d’évaluation après la journée de grève des pharmaciens ce vendredi. Nous tirons un bilan très satisfaisant. Nous pouvons dire que, à l’écrasante majorité, pour ne pas dire la totalité des pharmaciens, ont respecté le mot d’ordre. Nous sommes à des taux de 100% et minimum 95% de respect du mot d’ordre. Nous sortons donc vraiment satisfaits de ce premier mouvement d’humeur»
D’autres actions envisagées
«On aurait souhaité qu’il n’y ait pas de bras de fer avec le ministère de la santé. Il s’agit de quelque chose qui est très simple à régler. Vouloir retirer la licence à une pharmacienne pour permettre à une autre de s’installer, je crois qu’il n’y a aucun texte qui l’accepte. La morale, l’éthique et la déontologie aussi ne l’acceptent pas. Nous invitons le ministre de la santé à revenir à deux meilleurs sentiments pour l’intérêt général de la profession et de la population. Mais si on n’a rien, malheureusement, on est tenu de dérouler et d’aller vers un deuxième plan d’actions avec des actions de ce genre et même d’autres actions qu’on pourrait dérouler pour que Madame Mbodji soit rétablie dans ses droits».
La demande du ministre de la santé d’attendre la décision du tribunal du commerce rejetée
«Le ministre de la santé nous demande d’attendre la décision du tribunal du commerce qui porte sur le bail commercial. Alors que certes c’est un élément important, mais ce n’est pas la quintessence de notre revendication. Ce n’est pas un problème de bail seulement. C’est simplement un problème de droit. Le ministre nous demande d’attendre la décision du tribunal du commerce et que, en fonction de cette décision, lui, il va s’aligner si le tribunal du commerce donne une décision en faveur de Madame Mbodji. Mais on ne veut pas tomber dans le piège du bail. Il ne s’agit pas seulement de problèmes de bail commercial. Il s’agit d’un pharmacien qui bénéficie d’une licence sur un site depuis plus de 40 ans et qu’on veut exproprier pour installer quelqu’un d’autre. La seule chose que nous voulons c’est que Madame Mbodji puisse rester bénéficiaire de son arrêté et qu’elle continue à exploiter la grande pharmacie dakaroise. »
L’Ipres au cœur du problème
«L’argument que l’on nous brandit c’est que le bailleur qui se trouve être l’Ipres a décidé de faire un bail à la pharmacie nation et non à la pharmacie dakaroise. C’est là toute la gravité parce que le bailleur ne peut pas à lui seul, sur un bail commercial qui donne des droits à Madame Mbodji depuis plus de 40 ans, voire plus de 50 ans, décider du jour au lendemain de donner le bail à X et de ne pas le renouveler pour elle. Nous, on lui a dit que ce n’est pas ça le fond du problème. Le fond du problème est que le bailleur il faut qu’il accepte qu’il n’a pas raison. L’Ipres ne peut sur une décision comme ça dire que non je ne le donne plus à Mme Mbodji. Parce qu’on lui a dit que cela va au-delà d’un contrat de bail. C’est un fonds de commerce qu’on lui retire pour le donner à quelqu’un d’autre. C’est une autorisation qui a créé des droits pour elle qu’on lui retire pour la donner à quelqu’un d’autre.»
C’est le statu quo
«Nous avons répondu à un appel de l’Ipres parce que ce n’est pas nous qui l’avons sollicitée. L’ipres a demandé à nous rencontrer. Nous sommes partis répondre à sa demande mais l’Ipres nous dit que ces locaux lui appartiennent. Donc, il est libre de le donner à qui il veut. Mais l’Ipres n’a pas voulu aller dans le sens de trouver une solution à l’amiable.»
Une rencontre avec la base pour savoir quelle posture adopter à l’avenir
«En tant que syndicat, nous avons une base. On est obligé de retourner vers la base. Mais c’est sûr que s’il le faut, il y aura d’autres grèves. Mais encore une fois, les professionnels de santé que nous sommes souhaitent ne pas en arriver là. Pour une situation que l’on peut régler de manière très simple en appliquant simplement les textes qui organisent notre métier. Mais on n’exclut pas de faire d’autres grèves.»
Propos recueillis par Omar Ndiaye (Actusen.sn)