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Escroquerie au visa : un adjudant de police et un gérant d’une agence de voyage risquent respectivement 6 mois et 2 ans

La Sûreté urbaine a reçu plusieurs plaintes visant Sams Eddine Konaté pour escroquerie liée à l’obtention de visas, causant un préjudice estimé à plusieurs millions de F Cfa. Ce gérant d’une agence de voyage n’est pas le seul mis en cause. Certaines victimes impliquent également l’adjudant de police Alassane Laye Diop, affirmant qu’il leur aurait remis des décharges dans son bureau au commissariat. En parallèle de ses activités pour l’obtention de visas, Konaté se présentait comme intermédiaire auprès du procureur de la République. Une fouille de son téléphone a révélé des échanges avec une certaine Tabara, désignée dans ses contacts sous le nom «Tab». Cette dernière, cousine du maire de Sangalkam, Pape Sow, en détention, lui aurait remis 5 millions de francs CFA après négociation pour la libération de son cousin. Selon Konaté, cette somme devait être partagée entre le procureur et d’autres magistrats. En conséquence, il est également accusé d’outrage à magistrat et de discrédit porté sur une décision judiciaire en outre du délit d’escroquerie.

Modou Mbengue a déclaré : «J’ai donné à Sams Eddine 1,6 million de francs CFA pour un permis de travail. Il m’a dit qu’il collaborait avec Me Aissata Tall Sall.» 

Lors de son audience devant le tribunal correctionnel de Dakar, Sams Eddine Konaté, âgé de 39 ans, a reconnu le délit d’escroquerie, mais a tenté de dédouaner son coprévenu, Alassane Laye Diop, qui bénéficie d’une liberté provisoire et n’a pas répondu à la convocation. Cependant, plusieurs plaignants présents ont confirmé que Diop avait bien signé des décharges dans son bureau. Konaté a toutefois affirmé que grâce à ses démarches, de nombreux jeunes ont pu réaliser leur rêve de se rendre au Canada. Concernant les accusations d’outrage à magistrat et de discrédit sur une décision de justice, il a fermement contesté les faits. Il a admis avoir reçu un appel de Pape Sow, qu’il considère comme un ami proche, mais a nié toute interaction avec Tabara. Parmi les victimes, Modou Mbengue a déclaré : « J’ai donné à Sams Eddine 1,6 million de francs CFA pour un permis de travail. Il m’a dit qu’il collaborait avec Me Aissata Tall Sall. » Comme lui, Yatma Mar a versé  2 millions de francs CFA, Samba Dia 1 million 800 mille francs CFA, Oumou Kalsoum Fall 5 millions de francs CFA Cheikh B. Ba 240 mille,Mouhamed Touré 1 million de francs CFA. La liste est loin d’être exhaustive.

Le parquet requiert deux ans de prison contre Konaté et six mois ferme contre l’adjudant Diop

Selon le substitut du procureur, les preuves de manœuvres frauduleuses et d’usurpation d’identité sont claires, tout comme l’implication de l’adjudant Diop, qui a établi des décharges sans l’aval de ses supérieurs. Poursuivant en ce qui concerne les autres chefs, le substitut du procureur de la République souligne : «le délit d’outrage ne nécessite pas une publicité. On vise les fonctions exercées par ces gens. Le fait matériel est établi. Il a sollicité de l’argent en faveur d’un magistrat. Le fait de jeter le discrédit sur une décision publique ne saurait prospérer». Cependant, il a requis la relaxe pour le délit de discrédit sur une décision judiciaire, tout en demandant deux ans de prison contre Konaté et six mois ferme contre Diop, assortis d’une amende d’un million de francs CFA.

L’avocate de la défense a plaidé coupable pour le délit d’escroquerie, tout en précisant que les victimes avaient volontairement remis leur argent à son client. « Il n’a approché aucune victime pour lui dire que j’ai la possibilité de vous faire voyager. Elles ont remis leur argent de façon libre et volontaire. Toutes les parties civiles ont été contactées par les enquêteurs », a précisé l’avocate qui s’en rapporte à la sagesse du tribunal pour le délit d’escroquerie. « Pour les autres faits acte et manœuvre à discréditer une décision de justice et outrage à magistrat. Qu’est ce qui nous a conduit à ces chefs ?  Rien dans son téléphone portable n’intéressait cette procédure. Le prévenu a toujours contesté ces faits », a-t-elle indiqué. La défense a demandé la relaxe pour les accusations d’outrage et de discrédit, arguant qu’aucune preuve tangible ne justifie ces accusations. Le verdict sera rendu par la chambre correctionnelle le 12 mars 2025. En attendant, Sams Eddine Konaté demeure en détention.

Aïssatou TALL (Actusen.sn)

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