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Expulsée du Sénégal après son séjour à la prison du Camp Pénal : Coline Fay livre ses premiers mots

Âgée de 26 ans, Coline Fay s’est présentée comme étant une kinésithérapeute. Selon elle, elle était au Sénégal depuis une année et travaillait dans un Centre de santé où elle venait en aide aux femmes enceintes. Parallèlement, elle milite au Frapp France Dégage avant de s’identifier au Parti Pastef (Parti dissous) où elle s’est engagée comme militante. A l’en croire, c’est pour manifester son soutien à Ousmane Sonko qu’elle s’est rendue à la Cour suprême le 17 novembre dernier, jour de l’examen du recours de l’Agent judicaire de l’Etat contre la décision d’alors du juge Sabassy Faye, relative à la radiation du leader de Pastef des listes électorales.

«On était allés devant la Cour suprême, avec d’autres jeunes pour manifester notre soutien, pacifiquement. On était moins nombreux, assis ensemble pour attendre le verdict. Mais quand l’heure de la ramasse a sonné, il y a eu beaucoup d’arrestations, y compris moi», se souvient-elle. Coline Fay en profitera pour rendre hommage à ses compagnons d’infortune restés en prison. «J’ai été poursuivie en même temps que 5 autres garçons dont je ne connaissais pas les noms ni les visages avant notre arrestation. Forte pensée à eux ! On nous reproche d’actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique, qui est le chef d’accusation pour tous les manifestants, association de malfaiteurs. Particulièrement, on me reproche aussi d’espionnage pour une puissance étrangère dont les messages n’ont pas été identifiés ni traduits», dira-t-elle.

A propos de son séjour de deux mois à la Maison d’arrêt pour femmes de Liberté-6, elle dira : «J’ai laissé là-bas mes grandes sœurs, dont Maty Sarr Niang, journaliste, Nafissatou Gueye, Yacine Diagne, Anta Laye Fall et toutes les autres. Ce sont des femmes très braves. Elles étaient des soutiens de familles avant leur arrestation, leurs mamans sont malades à l’extérieur, leurs enfants venaient en pleurs au parloir ; et moi, je n’ai vu que des femmes dignes et très braves. J’ai beaucoup de respect pour elles. Comme ils disent ‘‘Touti rek mo dess, maintien rekk (il ne reste pas longtemps à tenir : NDLR). C’est en ce moment que le maintien a tout son sens.»

Poursuivant, elle ajoute : «ce qui m’a le plus marqué là-bas c’est la surpopulation carcérale. Ce n’est pas tolérable. On parle de Rebeuss, mais Camp Pénal, c’est pareil ! Moi, je partageais mon matelas d’une personne, pendant plus d’un mois, avec une femme enceinte. Ce n’est pas sûr ! Il y a beaucoup d’enfants là-bas entre 0 et 2 ans. J’ai vu les enfants faire leur premier pas là-bas, dans la prison. Il y a aussi la négligence médicale qui est à dénoncer. Mais, ce qui m’a particulièrement touchée, c’est la détermination des patriotes. Les conditions sont très difficiles, mais malgré cela, la détermination augmente avec leurs difficultés. Le peuple Sénégalais est un très grand peuple. J’ai vu cette détermination malgré la répression lourde présente au Sénégal. J’ai beaucoup de respect envers ce peuple.»

Toutefois, répondant à la question de Juan Branco, son avocat, sur les raisons de son attachement à Ousmane Sonko, elle répond : «Avant de connaître Ousmane Sonko, j’ai d’abord côtoyé les Sénégalais de la diaspora qui parlaient de l’homme avec beaucoup d’admiration. Ça veut dire beaucoup de choses ! En arrivant au Sénégal, j’ai vu la discrimination. On le dénonce ! J’en profite pour saluer le Frapp qui fait un travail de terrain remarquable. Pour moi, c’était un devoir de prendre position pour combattre l’injustice. Ce n’est pas mon pays certes. Mais, pour moi, il y a le devoir de réparation. Il ne faut pas nier que nos passés sont liés, notamment par la colonisation. C’est dans cette logique que je me suis mis au service du projet ; mais avec le grand respect du monde, dans l’espoir que le réveil du phénix ait lieu.»

Amadou Dia (Actusen.sn)

 

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