Vivre son sort dans la dignité et la foi n’est pas donné à tous les humains. C’est difficile, quand ce sort vous tombe dessus, de manière on ne peut plus spontanée. Heureusement, encore plus supportable quand les signes annonciateurs clignotaient, depuis des mois. Ce genre de sentiment est connu de toutes les personnes, qui souffrent de maladies chroniques et de toutes les personnes qui se nomment Khalifa Ababacar SALL, qui affichent une certaine ambition politique et qui se rendent coupables d’un crime de lèse-majesté. Et c’est, tellement, traumatisant pour un prince de se faire chiper toute l’empathie des sujets qui peuplent la contrée qui abrite le château, qu’il n’a envisagé que Machiavel comme conseiller et le suit au pas.
Le mérite du Prince est de savoir tirer des leçons de ses déconvenues. Wade est un politicien presque parfait. Il serait très parfait, s’il n’avait pas sous-estimé les capacités de nuisance du prince. Et le moins que l’on puisse attendre d’un bon élève, c’est qu’il améliore les résultats de ses maîtres, transformer ses faiblesses en forces. Le prince, à la différence du grand roi, ne sous-estime personne. Imperturbable dans sa volonté de marcher, tranquillement, vers son nouveau sacre et ; quoiqu’il en coûte, de coiffer au poteau ses challengers d’hier et d’aujourd’hui. Aucun candidat n’est trop petit. Si Ousmane SONKO est passé à la trappe, à fortiori SALL le Maire. Mais on le savait. Il ne sera pas de la partie. Alors, passons.
Oui, on peut dire beaucoup de choses sur ce procès, sur son déroulement, ses mobiles et sa finalité, mais sans jamais dire ce qu’on n’a pas déjà dit ou ce que bien d’autres personnes n’ont pas déjà évoqué. Alors, passons.
Oui…d’incohérences en incohérences, le feuilleton a pris des tournures inattendues. De coup de théâtre en coup de théâtre, les observateurs ont été, carrément, bluffés et c’est le moins que l’on puisse dire. Comme il était écrit qu’il ne participerait pas, alors passons.
On aurait pu dire que, de paradoxes en paradoxes, la détention provisoire de SALL, le Maire, a fait abstraction de son immunité parlementaire, qui, jadis, avait justifié la liberté provisoire de Barthélémy DIAS pendant ses moments d’intenses flirts avec le Pouvoir. Assez suffisant pour théoriser le complot. Mais… « maktub»…alors, passons
Et même si certains sont tentés, par un esprit de démonstration, de convaincre que c’est Tanor, qui tirait les ficelles et que si SALL, le Maire, avait regagné les rangs, ce feuilleton n’aurait jamais été diffusé, cela n’en demeure pas moins un secret de polichinelle. Alors, passons.
Et qu’est-ce que cela va changer, si Abdoulaye Bathily, allié du Prince, pense que ce procès a une finalité politique ? C’est bien une opinion qui ne pèsera pas sur le cours normal des choses. Il ne participera pas. Il ne participera pas… «maktub»…alors, passons.
Si ce même allié pense que le parrainage est une pratique antidémocratique, cela devient intéressant. S’il est toujours allié, alors, il est le seul, en ce moment, à jouer une note discordante dans ce débat.
Le parrainage n’est pas une mauvaise chose en soi. Et c’est, d’ailleurs, une idée très acceptable, qui pourrait permettre de rationaliser les candidatures. On ne peut être d’accord sur la rationalisation des Partis politiques, sans s’engager sur les pistes de réflexion. Quand on choisit d’y voir un problème, d’autres peuvent présenter le parrainage comme une solution. Il suffit juste que la philosophie, qui la sous-tend, ne soit pas dévoyée.
Il y a, ainsi, une différence énorme entre s’accorder sur le principe et avoir des points de vue convergents sur les modalités. C’est intéressant d’éviter les placements de capitaux de certains candidats, qui ne sont même pas sûrs de la loyauté de leurs épouses, une fois dans l’urne. Ceux-là n’espèrent qu’un retour sur investissement, qui prendra la forme d’un poste de ministre-conseiller ou d’ambassadeur itinérant.
Les formations politiques, ayant réussi à avoir, au moins, un député à l’Assemblée nationale, devraient être exemptes de parrainage. Celles-là n’ont plus à prouver leur représentativité. Elles ont, au moins, la confiance d’un nombre critique d’électeurs qui leur a valu leur présence à l’Hémicycle. Peu importe qu’elles l’aient obtenu, à l’aide de la technique des plus forts restes, elles n’en demeurent pas moins méritantes.
Si la rationalisation des candidatures en vaut le coup, il n’en reste pas moins d’interrogations légitimes de l’opposition. Par exemple, si un électeur ne peut parrainer qu’un seul candidat, comment pourrait-on procéder aux vérifications, de manière efficace ? Et qui sont ces personnes qui vérifient ? Pourrait-on leur créditer d’une certaine neutralité ou impartialité ? Et quel sera le délai imparti pour cette instance ? Ce délai sera-t-il suffisant pour ce travail ô combien fastidieux ? Pourquoi un pour cent des inscrits sur un fichier non consolidé et très volatile ? Pourquoi pas le quotient électoral, qui a servi pour l’attribution des sièges durant les Législatives ayant précédé le scrutin présidentiel ?
Si toutes ces questions ne trouvent pas de réponses satisfaisantes, on ira tout droit à une élection présidentielle à quatre tours. Le premier – qui est en cours – prenant une allure judiciaire, a consacré l’élimination de Karim et SALL, le Maire. Le second tour verra l’élimination, certes, de beaucoup de farceurs, mais avec de petites surprises pour deux ou trois candidats sérieux et inquiétants (Idy, Sonko, pourquoi pas). Ce ne sera qu’au troisième tour que le peuple sortira pour aller vers les bureaux de vote, sans grands enjeux, car le Prince se choisira des challengers qui ne pèseront pas lourds, face à lui. Et le quatrième tour serait, ainsi, pour le moins, improbable. Ce serait inédit, puisqu’on aura assisté à une parodie d’élections.
Alioune FALL