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Interview avec la tête de liste départementale de Benno Bokk Yakaar à Dakar : Alioune Ndoye sans langue de bois

Il a l’espoir que sa coalition remporte haut la main les législatives du 31 juillet prochain et Alioune Ndoye, candidat de BBY à la députation, donne les raisons qui font que leurs candidats rassurent plus que ceux des autres. Sans exclure un débat d’idées avec ses adversaires, même si le temps est court, le Ministre des pêches et de l’économie maritime confie dans cet entretien qu’il est aussi preneur si les Sénégalais venaient à lui confier le pays.

Source A : Si Monsieur Alioune Ndoye est élu député, va-t-il démissionner de ce poste ?

Alioune Ndoye : « Il est vrai que ce n’est pas possible d’être à la fois ministre et député. Mais encore faudrait-il savoir si je serai maintenu dans le Gouvernement avant de démissionner (Rires). C’est le chef de l’Etat, qui nomme au poste de Ministre, qui m’a désigné. Autant, il m’a choisi pour être le député de Dakar. Avant cela, j’étais dans le secteur privé et j’étais tranquille même si je suis aussi Maire. Mais, sachez que je ne me suis pas posé cette question. Je suis Sénégalais et je réalise l’importance de ce Parlement. Ce n’est pas rien. C’est la deuxième Institution de ce pays.

Mieux, je suis Dakarois et je veux le meilleur pour ma région et mon pays. C’est ce pays qui m’a formé. Donc, je lui dois cet investissement. Même si j’y laisse des plumes. Aussi, est-il nécessaire de rappeler que ministre est une fonction, ce n’est pas un métier. Député, itou. Vous avez un mandat de 5 ans et dans la foulée, vous pouvez faire autre chose. Quant à moi, je rends grâce à Dieu, j’ai mon métier. Si tout ça n’était pas sur place, je retournerais à mon métier même si je vais continuer à faire ma politique parce que je sers ma communauté de base ».

Source A : Avez-vous des ambitions plus grandes que celles liées aux Législatives ? Autrement dit peut-on s’attendre à ce que Alioune Ndoye demande à briguer la magistrature suprême ?

Alioune Ndoye : «(Rires) Je vais voir si les Sénégalais m’en font la demande un jour. Quelques-uns. J’étais dans l’associatif et, quand, à chaque fois, pour avancer, je me suis cogné à la politique, j’ai compris que, finalement, la décision est là. J’ai basculé dans l’arène politique de cette manière. Et je suis prêt à aller jusqu’au bout de cette décision. Il n’y a pas de soucis. Seulement, dans nos projections, dès que ce sont nos personnes qui sont mises devant, on se plante dans le projet. J’ai dirigé les cadres du Parti socialiste, je leur disais toujours avant de me parler de bureau, parlons du projet.

‘’Depuis que je suis entré en politique, je rends grâce à Dieu, j’ai gagné toutes les échéances dans lesquelles j’ai été acteur. J’espère que cette baraka va me poursuivre’’

Une fois que c’est établi, c’est en ce moment seulement qu’on peut savoir qui peut porter cela, quelles sont les ressources humaines nécessaires pour porter ce projet. Malheureusement, souvent, ici, on inverse. On prend la personne pour lui coller un projet. Je dis aux Sénégalais que s’il faut choisir des dirigeants, dites-vous qui est à la tête et qui accompagne, parce qu’un seul individu ne peut pas réussir. D’ailleurs, aujourd’hui, si l’opposition devait gouverner demain, faites l’exercice de les classer dans un Gouvernement. Je pense que vous allez rigoler (Rires).»

Source A : Après les Locales, une défaite à Dakar ne serait-elle pas la goutte d’eau qui ferait déborder le vase ?

Alioune Ndoye: « Non. C’est Dieu qui donne. Je ne vais pas me la jouer, mais, depuis que je suis entré en politique, je rends grâce à Dieu, j’ai gagné toutes les échéances dans lesquelles j’ai été acteur. J’espère que cette baraka va me poursuivre. Sinon, il ne faut pas aller aux élections. Si penser que gagner vous est dû, ce n’est pas la peine d’aller aux élections. Je serai heureux de gagner parce que je dirai que la majorité des Dakarois nous ont écouté et nous font confiance. De la même manière, si on ne gagne pas, on se dira qu’on n’a pas pu convenablement parler aux Dakarois ».

Source A: Une fois élu député, quelles sont les premières propositions que vous allez faire ?

Alioune Ndoye: « Il y a une idée à laquelle le secteur privé national tient qui est le fait d’outiller et d’encadrer la notion de préférence nationale dans les marchés publics, notamment les marchés d’une certaine dimension parce qu’il faut accompagner ce secteur à davantage gagner les marchés à haute intensité de technologie et de savoir-faire. Mais aussi, voir comment revoir nos différents codes, codes des marchés par exemple, pour savoir comment davantage préserver la commande publique. Et comment davantage assurer certaines libertés car je pense qu’il y a des choses à faire sur la protection de l’enfance.

Nous ne sommes pas à l’aise, nous, Sénégalais, musulmans sommes-nous, de voir des enfants dans les rues dans certaines conditions. Il s’agit alors de voir comment davantage encadrer la protection de l’enfant. Également, revoir certaines lois parce qu’il ne s’agit pas d’aller encombrer nos prisons pour un rien du tout. C’est pourquoi nous parlons de peine alternative, démarrée par le gouvernement, jusqu’aux bracelets électroniques. Malheureusement, aujourd’hui, nous avons pris une loi sur l’usage de la drogue et nos prisons sont surpeuplées et il faut la revoir pour ne pas encombrer nos prisons qu’il faut davantage humaniser. C’est de voir aussi comment accompagner du point de vue juridique tout ce qui est population affaiblie. Mais surtout comment faire en sorte que le député soit présent. C’est-à-dire qu’il assume sa charge.

‘’Croyez-vous que Barthélemy Dias accepterait de débattre avec moi (Rires) ? Je ne sais pas. Peut-être qu’il a pris de la bouteille. Je me demande s’il accepterait cela. Débat d’idées ?’’

Il ne faut pas qu’on élise des gens dont le seul souci est de recevoir le carburant et un 4×4. Cette charge est capitale. Il s’agit alors de voir comment faire en sorte, c’est une réflexion, pour assurer la présence du député, sa participation aux travaux mais également comment ouvrir l’Assemblée au peuple. Aujourd’hui, vous voyez la plénière, mais les commissions techniques sont beaucoup plus importantes que les plénières. La chaîne parlementaire dont on parle est capitale. C’est un projet du Président de moderniser ce parlement, et ça va être fait. Il faudra en profiter pour en faire un bâtiment intelligent pour justement que toutes les technologies soient à la disposition des députés ».

Source A: Beaucoup d’observateurs estiment que la manière dont on fait présentement la campagne est démodée. Ils pensent que les candidats devraient aller vers des débats d’idées. Est-ce que vous êtes prêt à débattre avec vos adversaires plus précisément avec Barthélémy Dias ?

Alioune Ndoye: «Croyez-vous que Barthélemy Dias accepterait de débattre avec moi (Rires) ? Je ne sais pas. Peut-être qu’il a pris de la bouteille. Je me demande s’il accepterait cela. Débat d’idées ? Oui. La preuve, je vous parle. Seulement que nous ne pouvons être partout. Mais encore faudrait-il savoir qu’il est difficile de faire ne serait qu’une caravane. C’est pourquoi, j’ai proposé une stratégie contraire à ce que certains aiment faire qui est plus facile. C’est-à-dire rester dans sa voiture et saluer les gens. J’ai privilégié les visites de proximité. Cela nécessitait de mettre dans toutes les 19 communes de Dakar des comités électoraux. Mais aussi de regrouper toutes les tendances de la majorité présidentielle. Ce qui n’est pas facile à faire.

‘’Quand vous dites débat d’idées, il faut que cela soit avec des gens capables de porter des idées. Mais aujourd’hui, peu de gens sont capables de porter des idées et de les défendre’’ 

Une difficulté que nous avons pu surmonter. Donc ,il fallait aller dans tous les quartiers et parler à tout le monde. Oui à un débat d’idées ! Mais directement avec les populations qui vont voter. Car dimanche, j’ai une carte et Barthélémy en a aussi une. Et chacun de nous ne votera qu’une seule fois. Mon but n’est pas de convaincre Barthélemy Dias mais ceux qui vont nous écouter. Si on a un seul média. C’est aussi intéressant parce que c’est ce qui se fait dans toutes les grandes démocraties. Mais il est à organiser. Car, quand vous dites débat d’idées, il faut que cela soit avec des gens capables de porter des idées. Mais aujourd’hui, peu de gens sont capables de porter des idées et de les défendre ».

Source A: Sur le terrain d’idées justement, il y a des Coalitions comme ‘’Aar Sénégal’’ et ‘’Yewwi Askan Wi’’ qui ont présenté des contrats de Législature. Ce qu’on n’a pas noté du côté de ‘’Benno Bokk Yaakaar’’. Est-ce à dire alors que Benno Bokk Yaakaar compte plutôt sur les réalisations du Chef de l’Etat que sur un projet de législature ? 

Alioune Ndoye: « C’est un ensemble. Le Parlement qui sort et que les gens tentent de décrier a énormément légiféré et sur beaucoup de questions. Il y a des avancées à faire. Il ne s’agit pas d’aligner des choses qui sont déjà en train d’être faites et de les mettre dans un contrat de législature. Nous résumons ce que nous voulons faire de cette Assemblée à deux choses. D’abord, nous ne cherchons pas une Assemblée qui soit une chambre de lutte contre un État ou un Gouvernement. Eux, c’est ce qu’il propose. Il s’agit davantage de renforcer notre démocratie. Il s’agit d’outiller nos parlementaires, renforcer le rôle du député et de moderniser le Parlement. Il s’agira d’outiller le député comme le sont les ministres et autres.

’Nous ne cherchons pas une Assemblée qui soit une chambre de lutte contre un État ou un Gouvernement. Eux, c’est ce qu’il propose’’

Les Ministres sont entourés par une armada de cadres compétents dans leurs domaines. Et en face, le député, parfois, qui intervient, est seul. Il faut renforcer cela. Ce sont des moyens. Mais, il faut renforcer la technicité pour permettre au député et son cabinet de bien travailler. Il faudra aussi redonner plus de respect à cette institution parce que, dans ce pays, on veut nous entraîner dans une logique consistant à dire qu’il n’y a plus d’institutions. C’est extrêmement grave. Pourquoi 95% des lois votées sont d’essence gouvernementale ? C’est par rapport au programme que nous sommes en train d’exécuter dans la santé, l’éducation, le cadre de vie, l’urbanisme, le foncier, l’industrie, l’agriculture, entre autres.

Le député vote et contrôle l’action du Gouvernement. Donc, ce link entre le Législatif et l’Exécutif est nécessaire. Quand on amène le budget et que les députés refusent de voter, l’Etat ne peut pas fonctionner. Et forcément, vous allez amener le président à légiférer autrement, par ordonnance par exemple. Nous, pays sous-développés, ne pouvons pas nous le permettre. On ne peut pas rester six mois sans payer les salaires ;  ne peut pas donner à nos écoles et hôpitaux leurs budgets de fonctionnement. Il faut que les gens sachent remettre les choses dans leur contexte et dans nos réalités. Il faut un Parlement qui soit en toute intelligence avec le Gouvernement. Ce n’est pas contre la démocratie. Au contraire, c’est permettre d’exécuter les propositions de société validées par les populations ».

Source A: Quel bilan faites-vous de votre campagne ? 

Alioune Ndoye: «Deux semaines, c’est un peu limité et insuffisant. Mais ce sont les règles de ces élections qui sont calées dans le temps. Heureusement, nous on avait fait l’option de privilégier ce qu’on appelle les visites de proximité qui sont, physiquement, plus difficiles parce que ça demande de faire quartier par quartier, domicile par domicile. Donc, c’est plus épuisant mais ça respecte davantage l’électeur et ça nous permet davantage d’échanger avec lui par rapport aux propositions que nous apportons mais également à la gestion du pays qui est aujourd’hui sous notre responsabilité. Donc, forcément l’électeur peut être plus enclin à avoir beaucoup de questions, de perception qu’il faut clarifier et cela ne peut pas être fait généralement dans le cadre de grands rassemblements. De ce qui sort de ces 15 jours, nous avons de l’espoir ».

Source A: Vous avez déclaré que l’opposition est financée par les lobbys LGBT. Avez-vous des preuves qui attestent vos accusations ?  

Alioune Ndoye : «Il faut dire que pour ces élections, c’est le monde à l’envers. Les moyens déployés par l’opposition sont sans commune mesure plus importants que les moyens que nous déployons. Ce qu’ils font, je ne suis pas capable de faire le quart en termes de moyens utilisés. D’ailleurs c’est la question que je me pose à chacune de mes sorties : qui les finance ? Nous, quand on fait un meeting, ceux qui organisent l’évaluent tout de suite en termes d’investissements. Or, le plus petit meeting de l’opposition, c’est énormément d’argent. Nos adversaires accusent régulièrement le pouvoir de promouvoir la cause Lgbt. J’ai dit que depuis le référendum, ces gens portent ce discours dans notre pays alors que les réponses du Chef de l’Etat et du Gouvernement n’ont jamais varié sur cette question.

’Il faut dire que pour ces élections, c’est le monde à l’envers. Les moyens déployés par l’opposition sont sans commune mesure plus importants que les moyens que nous déployons. Ce qu’ils font, je ne suis pas capable de faire le quart en termes de moyens utilisés’’

Nos textes sont clairs. Ils ont fait en sorte d’imposer ce débat à la société sénégalaise, d’en faire un thème de société. Lors des Locales, ils en ont fait un son de campagne et il est avéré que cela était faux. Ce sont ces gens qui sont au service de cette cause. Ce sont eux qui ont comme démarche de banaliser cette chose, d’en faire systématiquement un débat central. On introduit ce genre de débat de façon insidieuse dans nos cités, c’est parce qu’il y a un dessein derrière. Voilà pourquoi je le dis.

Certains parmi eux s’étaient permis de m’attaquer dans mon secteur d’activité. Et j’avais demandé à l’un d’eux (Ndlr: un responsable de l’opposition) qu’est ce qui le finance dans ses activités tenues dans les hôtels les plus huppés de Dakar. Il a essayé de se justifier à un moment donné mais, la première Ong qu’il a citée est l’une des plus grandes Ong qui financent les Lgbt. Permettez-nous de leur retourner cette accusation. Nous sommes Etat, si nous avions la petitesse de certains, nous pourrions, nous, lister ceux qui seraient membres de ces choses-là parce que nous le savons ».

‘’J’avais demandé à un responsable de l’opposition qu’est ce qui le finance dans ses activités tenues dans les hôtels les plus huppés de Dakar. Il a essayé de se justifier à un moment donné mais, la première Ong qu’il a citée est l’une des plus grandes Ong qui financent les Lgbt’’

Source A: Les fonds politiques alloués à l’Assemblée nationale sont jugés exorbitants. Ne faudrait-il pas renforcer le contrôle budgétaire ?

Alioune Ndoye: « C’est parce que vous avez vu des députés sortir raconter leur vie et tout était faux. Ils ont dit qu’on a donné tant de millions aux députés. Ce qui est faux. En tout cas, au moment où je vous parle, je ne sais pas comment fonctionne les choses même si je sais qu’il y a le règlement intérieur très structuré qui est à la disposition de tout le monde et qui est censé justement organiser l’Assemblée nationale ».

‘’Nous sommes Etat, si nous avions la petitesse de certains, nous pourrions, nous, lister ceux qui seraient membres de ces choses-là parce que nous le savons’’

Source A: Pourtant, ailleurs, la présidence de la commission budgétaire revient à l’opposition. En France notamment. Le Sénégal ne doit-il pas s’en inspirer pour plus de transparence? 

Alioune Ndoye : « La France n’est pas notre maître à penser. D’ailleurs, je me suis rendu compte, en devenant Maire, que, sur beaucoup de textes, nous étions en avance sur la France. Ce, depuis 1996. Il ne faut pas qu’on continue à penser que la France doit nous donner des exemples. Quand la pandémie est arrivée, la France est venue s’inspirer au Sénégal en disant que vous nous donnez des leçons. Ce n’est pas parce qu’un pays dans le monde le fait, qu’on doit le faire. Toutefois, je dis aussi que si nous avons une opposition responsable, il nous faut regarder les compétences une fois que nous entrerons à l’Assemblée, si nous voulons qu’elle marche.

Autrement dit, c’est mieux d’avoir dans cette commission des gens dont c’est leur métier, leur profil pour leur confier ce travail. Et si c’est dans la majorité, il faut le leur donner. Mais, si vous systématisez, le fait de dire que cela doit revenir à l’opposition, même si vous avez dans celle-ci des gens qui ne savent pas faire une comptabilité des fichiers, ce sera une catastrophe pour l’Institution. De ce point de vue, je ne veux pas qu’on soit fétichiste. Une fois élus, considérons que les députés sont d’égale dignité et voyons maintenant qu’est ce qui va permettre de bien gérer l’institution et de lui permettre de se développer, sachant que les fonds ne sont pas suffisants. La démocratie a un coût. Allez voir l’assemblée, elle est vieille et fatiguée parce que nous avons un déficit de moyen. Donc, si les gens sont en train de dire qu’il y a gaspillage, dites-leur que notre démocratie a un prix. Ce coût minimal, il faut être capable de le supporter ».

Entretien réalisé par Amadou Dia

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