ACTUSEN
InternationalNews

Irlande du Nord: violences à Londonderry, une journaliste tuée

Des affrontements entre la police et des personnes proches de la nouvelle IRA, l’Armée républicaine irlandaise, ont fait une victime la nuit dernière à Londonderry, en Irlande du Nord. Ces affrontements rappellent de très mauvais souvenirs aux habitants de cette ville qui a beaucoup souffert pendant la période des « Troubles » où républicains nationalistes et loyalistes unionistes se sont affrontés pendant des années.

La police nord-irlandaise a été la cible de tirs et de jets de cocktails Molotov au cours d’une opération de sécurité dans le quartier de Creggan, un quartier qui a bien connu les horreurs des affrontements entre protestants unionistes et catholiques républicains, rapporte notre correspondante à Londres, Marina Daras.

La police a annoncé qu’elle traitait cet « incident » comme un acte terroriste et qu’une enquête pour meurtre allait être ouverte. La victime, Lyra McKee, décédée des suites de blessures par balles, était une jeune journaliste originaire de Belfast et spécialiste du conflit nord-irlandais.

Le week-end de Pâques marque un point important dans l’histoire nord-irlandaise. Symbole de paix, vingt et un ans après la signature des accords du Vendredi saint, mais aussi symbole de l’insurrection nord-irlandaise contre le pouvoir anglais. Les républicains célèbrent le soulèvement survenu à travers Dublin en 1916, qui avait abouti à la proclamation d’une république d’Irlande.

Arlene Foster, la représentante du parti unioniste nord-irlandais, a rapidement condamné les faits, évoquant un « acte insensé ».  Alors que l’Irlande du Nord n’a toujours pas retrouvé de gouvernement depuis la chute de sa coalition en janvier 2017, le Brexit menace de réinstaller une frontière physique entre les deux Irlande. Une frontière dure qui pourrait fortement fragiliser l’accord de paix de 1998 qui a mis fin aux violences entre protestants et catholiques nationalistes irlandais.


Londonderry, une histoire britannique

Londonderry est la ville symbole du conflit qui a secoué l’Irlande du Nord pendant 30 ans jusqu’aux accords du Vendredi saint. Londonderry, encore appelée Derry par les Irlandais, est la seconde ville d’Ulster par la taille après Belfast. Le 5 octobre 1968, une manifestation pacifique de catholiques en faveur des droits civiques est brutalement réprimée par la police britannique dans cette ville. Cette journée est le point de départ de trois décennies de troubles. Le conflit nord-irlandais oppose républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l’Irlande, aux loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien du Nord sous l’autorité de la Couronne britannique.

Le dimanche 30 janvier 1972, à Londonderry, des parachutistes britanniques tirent sur une manifestation pacifique contre les internements de militants de la communauté catholique. C’est le Bloody Sunday. Quatorze civils sont tués, dont six mineurs de 17 ans. Trois jours après, à Dublin, l’ambassade britannique est réduite en cendres par une foule irlandaise en rage. Le 24 mars, Londres suspend les institutions de l’Ulster, imposant une administration directe.

S’en suivent plus deux décennies de violences, marquées par des attentats sanglants de l’IRA sur le sol anglais et l’intransigeance de la Première ministre britannique de l’époque, Margaret Thatcher: dix activistes de l’IRA (ou de branches dissidentes) dont Bobby Sand, meurent en prison en 1981 lors d’une grève de la faim.

Les efforts de paix du successeur de la Dame de fer, John sont salués en 1994 par un cessez-le-feu provisoire de l’organisation clandestine. Quatre ans plus tard, le Premier ministre travailliste Tony Blair parvient à sceller à Belfast un accord de paix que soutient l’IRA, avec l’ensemble des acteurs: Dublin, les dirigeants loyalistes et les séparatistes nord-irlandais.

Signé le 10 avril 1998, cet « accord du Vendredi saint » instaure un partage du pouvoir entre élus catholiques et protestants au sein d’institutions semi-autonomes. Au total, les « troubles » ont tué plus de 3.500 personnes en 30 ans.

Avec AFP

Leave a Comment