Le représentant du ministère public a requis contre Alaye Diouma Diallo la peine de 10 ans de réclusion criminelle. Accusé de meurtre, il comparaissait à la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar.
Le juge de la chambre criminelle de Dakar va-t-il admettre la thèse de démence dont veut lui faire croire l’accusé Alaye Diouma Diallo et son conseil ? En tout cas son comportement la barre ne montre pas le contraire. Accusé de meurtre, Alaye Diouma Diallo, en plus d’être serein, ne cessait de sourire comme s’il ignorait la gravité de son acte qui lui vaut sa comparution à la barre de la chambre criminelle. Se grattant tout le corps, il regardait en même temps tous les coins et recoins de la salle d’audience. Le juge lui ayant notifié la raison de son jugement, notamment le chef de meurtre, Alaye Diouma Diallo plaide coupable, sans ambages.
Invité par le magistrat à revenir sur les circonstances du crime qu’il a commis sur Abdou Sow, l’accusé sourit de plus belle et lance : «je ne l’ai pas fait exprès. Ce sont les jiins qui m’ont mis en colère. Ils sont là haut dans le ciel… ». Interrompu par le juge dans son récit fantastique, il regarde son avocate, puis soulève son boubou pour montrer des blessures qu’il s’est infligé dans le ventre tout seul. « Un jour Djiné Assamane m’a tellement mis en colère que je me suis infligé ces blessures. Après j’ai été conduit à l’hôpital », raconte-t-il. « Comprends-tu les raisons de ton jugement ? », lui demande le juge, Alaye Diouma Diallo se retourne vers son avocate et lui demande : « c’est quoi un jugement ? ».
Selon l’économie des faits, le jour des faits, l’accusé avait acheté un couteau à la quincaillerie. Sans raison, il a attaqué Abdou Diallo et lui a asséné un coup de couteau à la nuque. La violence du coup a fait que la manche de l’arme s’est détachée laissant la partie tranchante planter sur la nuque de sa victime. Comme si cela ne lui suffisait, il portait de violents coups de pieds à celui-ci qui gisait dans son sang. Finalement il a été maîtrisé par les riverains qui ont appelé les policiers. Sa mémoire rafraîchit, Alaye Diouma Diallo affirme : « ce jour là, j’étais stérique. Je ne voyais que la mort. Et Abdou Sow est venu me retrouver et on s’est disputé ». Sur les causes de cette dispute qui a été fatale à Abdou Sow, Alaye n’a rien voulu dire.
À la suite du maître des poursuites qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre son client, Me Ndeye Fatou Sarr trouve que la prison n’est pas la place de celui-ci. Il souffre de schizophrénie. Brandissant le certificat médical qui l’atteste, Me Sarr a plaidé l’acquittement de Alaye Diouma Diallo en vertu de l’article 50 du code pénal.
L’affaire a été mise en délibéré. Le jugement sera rendu le 15 mars.
Adja Khoudia THIAM (Actusen.sn)