L’audace a ses limites. Khadidiatou Tandia l’a appris à ses dépens. Cette femme au passé déjà entaché par une affaire de trafic de passeports à l’Asepex sous l’ère de Macky Sall vient d’être rattrapée par la justice sénégalaise. Son dernier coup d’éclat ? Tenter de se hisser à la tête d’un poste stratégique au Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur (Faise), en brandissant une fausse lettre de recommandation signée du Premier ministre Ousmane Sonko lui-même. La supercherie a été éventée dès son face-à-face avec Khoureychi Thiam, le nouveau directeur général du Faise. Difficile d’imaginer que l’on puisse s’inventer une telle légitimité sans éveiller le moindre soupçon. Mais Tandia et son complice, Chérif Zeynil Abidin Sy, ont pourtant osé. Présentant un courrier qui exigeait sa nomination en tant que “directrice de l’Appui à l’investissement et aux projets”, elle espérait forcer la main à la nouvelle administration.
Le stratagème n’aura pas tenu longtemps. Informées de cette tentative d’intrusion, les autorités ont vite réagi. La Division des Investigations Criminelles (Dic) a interpellé la prétendue protégée du Premier ministre, qui, face aux enquêteurs, n’a pas tardé à passer aux aveux. Son complice, également impliqué dans la manœuvre, a subi le même sort. Si l’affaire peut prêter à sourire par son audace, elle met en lumière des pratiques inquiétantes qui gangrènent encore certaines sphères de l’État. Des individus prêts à tout pour infiltrer des postes clés, profitant des périodes de transition politique pour tenter des coups de force. Cependant, une question se pose : comment ont-ils pu imaginer que leur stratagème passerait inaperçu ? Ont-ils surestimé leurs appuis ou simplement mal évalué le nouvel ordre en place ? Quoi qu’il en soit, la tentative s’est soldée par un échec cuisant. Khadidiatou Tandia et son acolyte ont été placés en garde à vue, puis déférés devant le parquet. Désormais, ce n’est plus un poste au sein du Faise qu’ils espèrent, mais un sort plus clément entre les mains de la justice.
Aïssatou TALL (Actusen.sn)