Pour les Livres d’Histoire, de tous les députés, c’est elle que le leader du ‘’Pastef’’, Ousmane Sonko, a choisie comme avocate pour le défendre contre la levée de son immunité parlementaire. A la veille de la séance plénière prévue aujourd’hui, Aïda Mbodj a bien voulu partager, avec ‘’Source A’’, les bonnes feuilles de sa plaidoirie de ce vendredi. Convaincue qu’il faille ‘’cesser de violer la sacralité de l’immunité parlementaire qui a déjà été levée à plusieurs reprises, sans que cela ne débouche sur un traitement judiciaire permettant d’établir la culpabilité des collègues concernés’’, l’avocate d’Ousmane Sonko est d’avis qu’‘’accepter dans ces conditions, une levée de l’immunité parlementaire, c’est promouvoir la suprématie du Pouvoir judiciaire sur le Pouvoir législatif’’.
Aussi, demandez-lui ce qu’elle pense des faits collés à son client et la réponse d’Aïda Mbodj tombe sèche : ‘’il ne s’agira donc pas pour nous de parler de culpabilité’’. D’ailleurs, pour l’ancienne ministre d’Etat sous le défunt régime de Me Abdoulaye Wade, ‘’Ousmane Sonko a toujours su qu’il est l’homme à abattre, de même qu’il est membre de notre Assemblée qui a criminalisé le viol par la loi 2020-05 du 10 janvier 2020 votée à l’unanimité. Il est donc parfaitement conscient des lourdes peines, auxquelles on s’expose, le cas échéant. Par conséquent, il est invraisemblable qu’il puisse se rendre coupable d’un tel acte’’. Morceaux choisis d’une plaidoirie !
ENTRETIEN !!!
‘’Source A’’ : Vous avez la lourde tâche de défendre le député Ousmane Sonko, dans l’affaire qui oppose celui-ci à la masseuse Adji Sarr. Allez-vous plaider coupable, lors de la plénière ?
Aïda Mbodj : J’ai le privilège de représenter notre collègue Ousmane Sonko pour défendre dignement son honneur devant l’Assemblée de ses pairs. Instruits que nous avons été de nous prononcer sur une demande émanant du Pouvoir judicaire. Il ne s’agira donc pas pour nous de parler de culpabilité. Point de plaidoirie, bien qu’il eût matière ! Le débat d’aujourd’hui doit porter sur notre responsabilité et les actes fondamentaux que nous devons posés.
La Constitution exige du président de la République la garantie de l’indépendance de la justice, ainsi que le respect du principe d’un Gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Or, par sa volonté affichée et manifeste, M. Macky Sall, président de la République, s’est investi de la mission de réduire l’opposition sénégalaise à sa plus simple expression, plongeant ainsi l’état de droit, au Sénégal, à l’épreuve de la tyrannie et de l’oppression de la majorité démocratique. Voilà le contexte dans lequel intervient la demande de levée de l’immunité parlementaire de l’honorable député Ousmane Sonko.
‘’Source A’’ : Récemment, on vous a entendu parler d’un manque de respect notoire constaté, quand il s’est toujours agi de lever l’immunité parlementaire d’un parlementaire. Sur quoi vous fondez-vous ?
Aïda Mbodj : En réalité, un manque de respect notoire est constaté, à chaque fois qu’il s’est agi de lever l’immunité parlementaire d’un député de l’Opposition. La démarche a toujours été cavalière et dans l’irrespect total des règles de notre droit positif prévues dans le cas d’espèce.
Pour preuve, quand le procureur (cité le tribunal), sur la base du procès-verbal de la Gendarmerie, a demandé dans son réquisitoire introductif une enquête contre X plusieurs questions survirent : pourquoi l’Assemblée devrait lever l’immunité de Sonko, alors que l’acte qui saisit le juge d’instruction, vise, pour l’instant, X ?
Pourquoi le juge a pensé que X (personne non encore identifiée) est Ousmane Sonko, avant de poser un seul acte, il n’a fait aucune recherche, n’a entendu personne, même pas la plaignante ? Comment en l’absence de tout acte de sa part, il peut dire que X est Ousmane Sonko ?
Enfin, l’Assemblée vient de subir un camouflet du fait qu’elle n’ait pas exigé l’identification de X comme cité plus haut dans le réquisitoire introductif du procureur. Le juge d’instruction ne sait pouvoir compter sur une Assemblée aux ordres qui n’a que faire de la séparation de pouvoirs
Cette audition tardive de la plaignante devait précéder la requête adressée à l’Assemblée nationale.
‘’L’Assemblée vient de subir un camouflet du fait qu’elle n’ait pas exigé l’identification de X comme cité plus haut dans le réquisitoire introductif du procureur’’
Elle confirme le vice de procédure et l’annule. En la matière, il n’est pas possible de rectifier avec une audition après la demande de levée de l’immunité parlementaire. Si le procureur savait que X est Ousmane Sonko, il aurait, dès le départ, le citer, au moment de saisir le juge d’instruction
‘’Source A’’ : Vous convenez, quand bien même, avec nous que l’Assemblée nationale a la vocation d’aider la justice à pouvoir entendre un parlementaire, en faisant lever son immunité. ?
Aïda Mbodj : La vocation de l’Assemblée est-elle de livrer Ousmane Sonko, alors que X est visé dans le réquisitoire. L’Assemblée a-t-elle vocation à prendre la place du juge pour donner corps à X ? Pourquoi nous ne disposons pas de tous les éléments d’appréciation, au-delà des courriers du Parquet, du juge et du Ministère, dont la pièce centrale est le réquisitoire qui saisit le juge pour l’ouverture d’une enquête et qui vise X ?
S’ils estiment que le procès-verbal de la Gendarmerie transmis au Parlement suffit à identifier X en la personne d’Ousmane Sonko, pourquoi alors le procureur, en saisissant le juge, n’a pas visé Ousmane Sonko, directement ?
Enfin, il est regrettable que des actes médicaux tels que les tests d’ADN soient confondus à des actes de poursuites pouvant donner lieu à la levée de l’immunité parlementaire.
‘’Source A’’ : La Commission ad hoc s’en défend et estime vous avoir remis suffisamment d’éléments qui prouvent que le procureur et le juge d’instruction ont suivi toute la procédure requise pour disposer de votre client…
Aïda Mbodj : Aujourd’hui, la démarche enclenchée, au départ par le procureur de la République à l’égard de l’honorable député M. Ousmane Sonko entre parfaitement dans ce registre. Nous estimons que les éléments d’informations mis à notre connaissance, eu égard à leur caractère insuffisant, ne militent pas, à accorder cette levée de l’immunité parlementaire. Il nous revient, corrélativement, d’exiger que nous soit remis des éléments d’informations compromettantes, s’ils existeraient. A défaut, accepter dans ces conditions, une levée de l’immunité parlementaire, c’est promouvoir la suprématie du Pouvoir judiciaire sur le Pouvoir législatif. Ce qui serait indigne pour nous autres, députés.
A cet effet, je voudrais convoquer la sagesse de M. le président de l’Assemblée nationale, pour arrêter cette mascarade qui ne nous honore pas. Il avait dit à l’ouverture de la session, je le cite : «la situation et nos mandants exigent de nous un engagement lucide, serein et responsable.»
‘’Sonko a toujours su qu’il est l’homme à abattre, de même qu’il est membre de notre Assemblée qui a criminalisé le viol par la loi 2020-05 du 10 janvier 2020 votée à l’unanimité.’’
L’Assemblée nationale doit s’inscrire dans le processus de recherche de la vérité que tout le peuple attend de nous. L’occasion nous est donnée d’être des seigneurs de la république qui refusent d’incarner la folie des hommes. Notre pays a besoin de paix et l’Assemblée de sérénité.
Sonko a toujours su qu’il est l’homme à abattre, de même qu’il est membre de notre Assemblée qui a criminalisé le viol par la loi 2020-05 du 10 janvier 2020 votée à l’unanimité. Il est donc parfaitement conscient des lourdes peines, auxquelles on s’expose, le cas échéant. Par conséquent, il est invraisemblable qu’il puisse se rendre coupable d’un tel acte.
‘’Il faut cesser de violer la sacralité de l’immunité parlementaire qui a déjà été levée à plusieurs reprises, sans que cela ne débouche sur un traitement judiciaire permettant d’établir la culpabilité des collègues concernés.’’
Je le dis et le répète : la thèse de viols répétitifs ne résiste pas à l’analyse, sachant qu’il est inimaginable que le supposé violeur multirécidiviste prendrait toujours le soin d’annoncer sa venue sans que la présumée victime ne se soit jamais plainte et n’ait jamais pensé s’enfuir avant la venue de son supposé violeur et, au contraire, se montre même toujours disponible. Il faut cesser de violer la sacralité de l’immunité parlementaire qui a déjà été levée à plusieurs reprises, sans que cela ne débouche sur un traitement judiciaire permettant d’établir la culpabilité des collègues concernés.
‘’Source A’’ : Depuis l’éclatement de l’affaire Sonko-Adji Sarr, vous ne cessez de pointer du doigt ce que vous appelez un ‘’complot mal ficelé. Quelles sont vos preuves ?
Aïda Mbodj : Deux indices fondent à croire que cette affaire dite Sonko Adji Sarr est un complot mal ficelé et pourtant bien séquencé. D’abord la clôture du dossier des 94 milliards pour éviter que les deux affaires ne se chevauchent.
Ensuite, la sortie du conseiller de Monsieur le Président de la République déclarant Ousmane Sonko chef de l’opposition, comme si on voulait préparer l’opinion à ce qu’une fois sa chute actée, il ne restera rien de l’opposition.
‘’Accepter, dans ces conditions, une levée de l’immunité parlementaire, c’est promouvoir la suprématie du Pouvoir judiciaire sur le Pouvoir législatif. Ce qui serait indigne pour nous autres, députés.’’
Le temps des combats politiques n’est pas suspendu, il a son calendrier, que nous tentons, Opposition et Majorité réunies, de figer pour quelques années. Nous ne devons pas céder à la tentation du sensationnel.
Il est inacceptable que certains puissent se réjouir de pouvoir éliminer un adversaire politique en se faisant l’écho de la suspicion à son endroit. Notre auguste Assemblée ne doit pas en être la caisse de résonnance.
«Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous», dixit Montesquieu.
SourceA