L’agence américaine du médicament, la Food and Drug Administration, a donné son feu vert pour tester un traitement à base de perfusions de sang chargé d’anticorps issus de patients rétablis d’une infection au Covid-19. Une expérience similaire commencera la semaine prochaine en France.
Le plasma de convalescents, partie liquide du sang qui concentre les anticorps après une maladie, s’est déjà avéré efficace, dans des études à petite échelle, contre d’autres maladies infectieuses comme Ebola ou le Sras.
L’agence américaine du médicament, la Food and Drug Administration (FDA), a donné son feu vert pour tester de tels traitements face au coronavirus, qui a déjà contaminé plus de 245 000 personnes aux États-Unis. Le nombre total de personnes décédées depuis le début de la pandémie dans le pays avoisine désormais les 6 000.
Dans l’Hexagone, un essai clinique, appuyé par l’Établissement français du sang, doit commencer dès la semaine prochaine, selon France Inter.
Les expériences actuelles n’ont néanmoins pas pour vocation de déboucher sur une solution miracle contre le Covid-19, indique Bruce Sachias, responsable médical du Centre de collecte de sang new-yorkais, chargé de prélever, tester et distribuer les dons de plasma dans la principale métropole américaine. « Nous devons être conscients du fait que nous sommes encore en territoire inconnu », a-t-il confié à l’AFP.
Chaque don pourrait « potentiellement sauver trois ou quatre vies »
Eldad Hod et Steven Spitalnik, les spécialistes des transfusions qui dirigent ces expériences à l’hôpital Irving de l’université Columbia, soulignent eux aussi l’ampleur de l’incertitude. On pense que « dans les sept à 14 jours après le début d’une infection, les gens développent une réaction immunitaire et finissent par fabriquer de grandes quantités d’anticorps. Mais on ne sait pas exactement quand survient le pic de fabrication », explique le docteur Spitalnik.
Certaines données suggèrent que le pic survient environ 28 jours après l’infection, et il espère que leurs recherches fourniront une image plus précise. Chaque don de plasma pourrait « potentiellement sauver trois ou quatre vies », estime le docteur Hod.
Le but, actuellement, est de collecter suffisamment de plasma pour que les chercheurs puissent mener des études formelles, avec des groupes de patients témoins qui recevront du plasma non convalescent.
Les premiers plasmas seront néanmoins destinés, « par compassion », à des patients non inclus dans l’étude, mais pour lesquels les autres traitements ont échoué, confie M. Hod.
Les chercheurs voudraient ensuite tester la méthode sur des patients déjà hospitalisés, et en traitement préventif dans des milieux vulnérables, comme les résidences pour personnes âgées.
En temps normal, ils mèneraient des essais cliniques très contrôlés et longs, mais aux résultats plus concluants. Mais « on est en crise », explique M. Spitalnik.
« La science l’emportera »
Sortie guérie de sa quarantaine, Diana Berrent, photographe new-yorkaise de 45 ans, a lancé un groupe sur Facebook, le « Survivor Corps », déjà fort de 17 000 membres, pour mobiliser les rescapés de l’épidémie prêts à partager leur immunité.
Des centaines de personnes guéries ont déjà proposé leur aide à New York, épicentre de l’épidémie aux États-Unis avec près de 100 000 cas, selon le Dr Sachias.
Si le processus s’avère efficace, des systèmes de prélèvement de plasma similaires seront mis en place dans d’autres centres de transfusion, explique-t-il.
Un hôpital de Houston, au Texas, a déjà essayé de transfuser du plasma d’un patient guéri sur un autre gravement malade, mais il est trop tôt pour connaître son efficacité.
Alors que les études démarrent, Eldad Hod estime qu’un des côtés positifs de la pandémie est qu’elle a stimulé la collaboration entre chercheurs du monde entier, qui n’ont jamais aussi ouvertement partagé leurs données.
« Beaucoup dans la communauté scientifique essaient de mettre leur égo de côté (…) et travaillent ensemble pour le bien commun. Je pense qu’au final, la science l’emportera. »
France24 avec Afp