La retenue, la prudence, l’humilité et surtout la lucidité auront été véritablement les postures, les positions et les pertinences qui ont pavoisé la grandeur et la fulgurance de la vision du Président de la République Macky Sall face aux événements qui ont agité et agitent encore le Mali. Il en faut face à une situation d’une extrême complexité, dans un espace d’enchevêtrements de figures plurielles et parfois contradictoires, un imbroglio de diverses forces tantôt convergentes, tantôt divergentes en présence dans l’échiquier politico-économique et militaro-religieux chez notre « continental » voisin malien. Que d’anguilles qui se folâtrent et se faufilent sous la roche remuante du Mali !
Le Président Macky Sall a milité, lors du Sommet extraordinaire de la CEDEAO, pour une réappréciation des « sanctions annoncées » par l’instance communautaire pour, argumente-t-il, tenir « en compte des impératifs humanitaires ». C’est aussi l’humain et l’humanitaire qui plaident pour soulager le peuple malien, notamment les couches les plus vulnérables déjà fortement éprouvées, plus que les élites politiques et militaires, par une longue période de crise. C’est donc une option bien lucide que de soustraire des sanctions préconisées, les denrées de première nécessité, les produits pharmaceutiques surtout en pleine pandémie de la COVID-19, et les biens pétroliers si nécessaires pour les ménages maliens dont la plupart vivent de l’économie informelle et des générosités de la diaspora. Plus qu’une lucidité, une caractéristique distinctive d’un leadership affirmé, c’est la grande preuve de sagesse qui découle d’une capacité de discernement.
Dans un article très instructif paru sous le titre « Les embargos sont-ils efficaces ? » dans La Tribune le 29 août 2014, Jonathan Baudoui montre et démontre, qu’au regard de l’histoire, les embargos sont des mesures drastiques d’une efficacité qui, à l’épreuve, ne pèse pas plus que le poids d’un duvet. Pour lui, l’histoire renseigne et enseigne que les embargos sur l’Angleterre par un blocus continental décidé en novembre 1806 par Napoléon, enfantant une crise économique sur le « vieux continent », celui contre l’Iran depuis 2003, en passante ceux des Etats-Unis sur Cuba à partir de 1962 et sur l’Irak au milieu des années 90, n’ont pas substantiellement changé les visages des régimes politiques concernés. En revanche, ils ont favorisé des chutes d’importations et d’exportations des biens et services, abouti à des situations inflationnistes que les couches sociales les plus déshéritées ont surtout endurées. Comme quoi les embargos embarquent et débarquent les plus pauvres !
SI, LES ETATS ONT DES AMIS !
Ils sont donc nombreux les hommes raisonnables et de raison, y compris au sein de l’opposition décontaminée de tout populisme, à reconnaître et à saluer la position du Président Macky Sall. Auparavant, afin que nul n’en ignore, en tant que démocrate, ce dernier n’avait pas manqué de condamner vigoureusement le coup d’Etat en tant de forme de prise de pouvoir qui viole « le protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance ».
La posture du chef de l’Etat sénégalais est aussi le marqueur d’une diplomatie qui ne se résume pas à l’antienne déclinée sous la forme d’une maxime : « les Etats n’ont pas d’amis ; ils n’ont que des intérêts !». Or, le propre d’une maxime est souvent d’énoncer des dogmes et autres vérités immuables sans tenir compte des conjonctures et des conjectures. Le Président Macky Sall dont le panafricanisme n’est pas saisonnier mais une vision ancrée, a illustré à l’envi, au plan diplomatique, que l’Etat sénégalais entretient surtout des relations d’amitié et de fraternité avec le Mali. L’Etat peut donc bien, dans les relations internationales, avoir et des intérêts et des amis. Et dans le cas du Mali et tous les proches voisins…des parents proches !
La position officielle du Sénégal qui s’adosse à une analyse lucide et intelligente de la réalité, des « faits qui sont faits » pour reprendre Durkheim, est la voie la plus indiquée pour aider les forces citoyennes et patriotiques du Mali à reconstruire leur pays, à refaire une Administration minée par des politiques erratiques et remettre à l’endroit les institutions pour véritablement s’engager avec responsabilité dans l’œuvre de développement, de paix et de sécurité.
Sous ce rapport, le Président Macky Sall a lancé un message fort comme pour dire : «je suis Séné-malien ! ». Comme chacun d’entre nous Sénégalais qui connaît et a appris la sécularité des profondes relations sociales, religieuses, politiques et économiques qui unissent nos peuples au-delà des conjectures et des conjonctures.
Le reste concernant le Mali soulève un débat qui interpelle et appelle les intellectuels et les décideurs partout dans le monde qui est entré dans ce que certains appellent la post-démocratie. Cela en raison du constat établi de la fragilité de la démocratie menacée par les tenants d’un islamisme radical, les apôtres du terrorisme, dopés par la crise des valeurs à l’échelle planétaire. Il y a au Mali cette version et ce versant de la fragilité démocratique qui doit éveiller nos sens, face la montée des populismes portés par des imposteurs aux habits de messies religieux et de puissants lobbys de multinationales qui ont incrusté les pouvoirs. A méditer…