A l’issue d’une journée de vote, les premiers résultats des élections législatives en Italie commencent à tomber. Aucune majorité claire ne semble se dessiner dans le futur Parlement. Mais une chose est sûre : même s’il n’arrive pas en tête, le Mouvement 5 étoiles talonne la coalition droitière et devient le premier parti d’Italie.
Comme attendu, aucune majorité claire ne semble se dessiner pour le moment au Parlement. Il faudrait 41 % des voix pour gouverner, or aucun parti n’obtient ce score à l’issue de ces élections législatives en Italie.
La coalition de droite est en tête avec un score estimé entre 33 et 36 %. La surprise vient de la Ligue qui, au sein de cette coalition, devancerait Forza Italia, la formation de Silvio Berlusconi de presque trois points. Alors que l’écart estimé par les sondages était de 3 points, ce serait donc un succès pour le parti d’extrême droite de Matteo Salvini. « C’est une grande satisfaction pour la Ligue et pour Salvini, il s’agit d’un résultat historique. Nous avons obtenu des voix du nord au sud. Et je pense que le défi de Salvini a été largement remporté. Naturellement, nous discuterons en premier avec nos alliés. Nous regardons de l’avant avec une grande sérénité et le sens du devoir. Nous savons ce que nous devons faire », a déclaré Giancarlo Giorgetti, numéro 2 de la Ligue.
L’autre grande surprise de ce scrutin vient du score réalisé par le Mouvement 5 étoiles qui réalise entre 29 et 32 % des suffrages. Si ce résultat se confirme, il talonnerait la coalition de droite. « Si les estimations les plus hautes se confirment, ce sera une apothéose, un triomphe pour le Mouvement 5 étoiles qui attestera de la qualité du travail que nous avons réalisé. Et surtout cela démontrera une autre chose importante: que tous les partis vont devoir venir parler avec nous. Et ce sera probablement la première fois. Tous devront venir nous parler », a déclaré Alessandro Battista, l’un des leaders du mouvement devant une salle comble de journalistes – plus de 400 personnes accréditées. Le désormais premier parti d’Italie a parcouru un bon bout de chemin depuis sa création par le comique Beppe Grillo. RFI a pu croiser dans les rues romaines beaucoup d’Italiens déçus par leurs responsables politiques et qui disaient vouloir voter 5 étoiles « pour voir, par envie de changement ».
La coalition de gauche enregistre quant à elle un score de 24 à 28 % et reste comme prévu en troisième position. Ces résultats sont cependant à prendre avec prudence. En raison du nouveau système électoral extrêmement complexe, il faudra attendre mardi pour avoir des résultats fiables.
Mais prudence : le nouveau système électoral est d’une grande complexité. Les résultats complets et fiables ne seront peut-être pas disponibles avant mardi.
■ Le thème clivant de l’immigration a transcendé les élections
La question de l’immigration a été l’un des thèmes au centre de la campagne, surtout au cours des dernières semaines après les violences de Macerata, où le 3 février, un ancien candidat de la Ligue du Nord a blessé par balle six Africains.
Parmi les principaux partis, les plus modérés défendent une limitation de l’immigration, les plus extrémistes expriment un rejet violent. Et quelle que soit leur opinion politique, la façon dont on a parlé des migrants dans cette campagne ne laisse aucun électeur indifférent, comme l’a constaté notre envoyée spéciale à Rome, Juliette Gheerbrant.
Même si le nombre de migrants qui traversent la méditerranée a été le plus bas depuis quatre ans l’année dernière, les discours sur l’immigration se sont durcis en Italie. Alessandro Seta 28 ans, a voté pour la coalition de droite. « C’est un sujet qui sert de propagande politique. Mais on a trop fait de « buonismo » dans ce pays et ça conduit l’Italie à l’autodestruction », estime-t-il.
Le « buonismo », selon Alessandro, c’est la bonne conscience que se serait donné le gouvernement en accueillant les migrants. Giovanna Lenzi, 65 ans, préfère évoquer une période que le jeune homme n’a pas connue, celle où les Italiens fuyaient la misère. « En tant qu’Italiens, on parle très mal de cette question, parce que l’Italie est un pays d’où l’on a beaucoup émigré. C’est étonnant de voir à quel point les réactions sont émotives et injustifiées », pense-t-elle.
Cette électrice du parti pro-européen d’Emma Bonino rappelle que l’Italie s’est retrouvée seule ces dernières années. « Nous devons avoir une autre politique migratoire, et ce changement doit se faire avec l’Europe. »
Europe que rejette la Ligue du Nord. Un des leaders de ce parti a fait scandale en parlant récemment de « menace contre la race blanche ». Race, Invasion, danger, ce vocabulaire a choqué Carlo Riccardi, 44 ans. « Dans cette campagne, on a vu resurgir des épisodes de racisme très fort que l’Italie a malheureusement connu à plusieurs reprises. Le sujet est abordé de manière viscérale, on fait appel aux émotions et aux sentiments les plus vils des Italiens. »
La tentation du repli sur soi grandit en Italie, un pays qui peine à sortir de la crise économique et affiche un taux de chômage de plus de 30% chez les jeunes.
→ (RE)ECOUTER Bonjour l’Europe : Italie, la réticence à l’accueil des étrangers grandit
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