Les États-Unis rétablissent à partir de ce lundi 5 novembre un régime de sanctions sévères contre l’Iran. Washington interdit désormais de faire du commerce avec la République islamique, qui ne pourra donc bientôt plus vendre officiellement son pétrole aux pays étrangers.
S’il manie la carotte et le bâton avec la Corée du Nord, Donald Trump n’a jamais semblé vouloir discuter avec l’Iran, autre ennemi historique des États-Unis. Les sanctions américaines appliquées à partir de ce lundi sont loin de faire l’unanimité dans la communauté internationale, mais Washington est bien décidé à asphyxier Téhéran.
« Ces sanctions ont un but évident, a expliqué le secrétaire d’État Mike Pompeo. Empêcher le plus grand soutien du terrorisme au niveau mondial de faire ce qu’il a fait ces dernières semaines, comme ces tentatives d’attentat au cœur de l’Europe. Ces sanctions ont déjà eu un énorme impact. Nous avons déjà fait baisser la production de pétrole brut iranien de plus d’un million de barils par jour, et ce nombre va encore augmenter. »
Dérogation
Mike Pompeo confirme qu’une dérogation sera bien accordée à huit pays, qui pourront continuer dans un premier temps à acheter du pétrole iranien, avant de stopper, eux aussi, tout commerce, explique notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier.
Le secrétaire d’État se refuse cependant à indiquer qui bénéficie de cette exemption. On parle notamment de l’Irak, de la Turquie, mais aussi de l’Inde et de la Chine. Il ne précise pas non plus le calendrier envisagé.
Et alors que des sénateurs républicains, de son propre camp donc, voudraient imposer des sanctions encore plus contraignantes, notamment sur le secteur bancaire, Pompeo estime que les premières décisions américaines sont pour le moment suffisantes pour mettre le régime iranien au pied du mur.
Chute de la monnaie, flambée des prix
L’économie iranienne est déjà durement touchée par les premières sanctions américaines qui ont fait chuté la valeur de la monnaie. Un dollar américain valait près de 40 000 rials en début d’année, il vaut aujourd’hui environ quatre fois plus, ce qui a eu un effet direct sur le prix des produits de première consommation.
Faramarz, un jeune peintre de bâtiment, craint une aggravation de la situation avec les nouvelles sanctions. « Durant cette période, les choses ont beaucoup changé. Le prix a été multiplié par deux ou trois. Les gens touchent le même salaire qu’avant, mais tout a augmenté par trois ou quatre. C’est difficile. Si on gère correctement les affaires, cela n’aura pas beaucoup d’effet, mais si on continue comme ça, ce sera beaucoup plus difficile qu’aujourd’hui. »
La principale crainte des Iraniens est un arrêt total des exportations de pétrole, ce qui réduirait considérablement les moyens financiers du gouvernement, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.
L’objectif des Etats-Unis est de réduire à zéro les exportations de pétrole est les rentrées pétrolières de l’Iran, qui représentent une grande partie des revenus du gouvernement.
Rfi.fr