Entre les travailleurs du quotidien national, Le Soleil, et leur Directeur général, Cheikh Thiam, la hache de guerre est loin d’être rangée. Ce mardi, l’Intersyndicale dudit journal s’est fendue d’un large communiqué pour faire savoir qu’elle a décidé de ne plus adresser un quelconque mot au patron. Une conférence de presse est prévue jeudi prochain.
Voici, l’intégralité du communiqué :
COMMUNIQUE
Intersyndicale SSPP Le Soleil
Synpics-Stls-Cnts
L’intersyndicale gèle toute discussion avec le Directeur général
L’Intersyndicale de la SSPP Le Soleil qui réunit le Synpics, le Slts et la Cnts a décidé, dans une dynamique unitaire, de suspendre sine die toute discussion avec leur Directeur général Cheikh Thiam. Après deux rencontres qui ont tiré en longueur à la Direction du Travail, elle s’est rendue compte que M. Thiam n’était pas dans des dispositions d’honorer pour une fois ses engagements afin de trouver un dénouement heureux à la crise qui mine la SSPP depuis plusieurs mois maintenant. En réalité, il s’est plutôt évertué, dans sa casquette de grand manœuvrier, à gagner du temps, en jouant sur un éventuel essoufflement des syndicalistes pour espérer reprendre la main. A quoi bon poursuivre des négociations dès lors que les choses tournent éternellement en rond, que celui qui a la clé de la solution ne joue pas franc jeu ? « On ne marche pas sur les couilles d’un aveugle deux fois », a dit, avec l’humour qui la caractérise Fatou Diom, l’auteure du Ventre de l’Atlantique.
Dire que l’intersyndicale lui a pourtant largement donné l’opportunité de faire amende honorable, de rectifier le tir pendant qu’il est encore temps ! Et pour cause, au sortir de leur première rencontre à la Direction du Travail en début juillet, les syndicalistes avaient décidé, dans un élan patriotique, de geler leur plan d’action, dans l’espoir que le Directeur général respecterait à la lettre ses engagements ; d’autant plus qu’il avait lui-même établi un chronogramme pour leur mise en œuvre. C’est ainsi que les travailleurs, en hommes et femmes responsables toujours soucieux de l’avenir de leur entreprise, avaient finalement sursis à l’idée de boycott de la couverture de la campagne des élections législatives ; malgré le contexte lourd.
La montagne a encore accouché d’une souris !
Pendant 21 jours, journalistes, techniciens, photographes, chauffeurs et agents administratifs, mettant de côté leurs frustrations, ont joint leurs forces comme un seul homme pour relever le défi de la couverture de ce scrutin. Sauf que plus de trois mois après, l’atmosphère sociale au sein de la société ne s’est guère améliorée. En effet, sur les onze points de la plateforme revendicative qui tournent essentiellement autour d’une bonne gestion de la boîte, rien ou presque n’a bougé ; en dépit des engagements maintes fois réitérés de son Directeur général de les satisfaire. La montagne a encore accouché d’une souris ! En réalité, toutes les promesses de ce dernier n’étaient au finish que des manœuvres dilatoires pour gagner du temps et espérer un enlisement de la situation.
Par conséquent, les choses, loin de connaître un début de solution, s’empirent ; faisant craindre le pire aux travailleurs. Il faut dire que pour la première fois, la SSPP est restée toute une journée entière en ce mois d’octobre sans téléphone ! En outre, le paiement des salaires accuse de plus en plus du retard ; ce qui conforte l’hypothèse d’une tension de trésorerie qui ne dit pas son nom. En dépit de tous ces problèmes de trésorerie dont souffre l’entreprise, il mobilise plus de 400 000 000 FCFA pour acheter du matériel complémentaire pour l’imprimerie Grafisol, qui tombe tous les jours en panne. Autant de signaux d’alerte rouge qui renseignent sur la situation inquiétante que traverse la SSPP depuis maintenant plusieurs années. Pendant ce temps, il loue deux véhicules pour lui-même et le PCA à hauteur de 60.000Fcfa par moi, l’unité. Quel chantre de la bonne gouvernance et de la bonne gestion ! Applaudissez !
Conférence de presse ce jeudi à 10 heures
L’intersyndicale n’oublie pas le traitement peu équitable des agents, l’absence de transparence qui accompagne les investissements lourds de M. Thiam, sa gestion solitaire et opaque, le clientélisme etc. Résultat de tous ces errements qui n’ont que trop duré, le management est actuellement malade à tous les niveaux ! Mais que voulez-vous ? Quand la tête est malade, c’est tout le reste du corps qui le ressent. Voilà qui nous conforte une fois de plus sur l’idée que cette entreprise est à l’heure actuelle « un bateau ivre », sans capitaine ; surtout que l’absentéisme de M. Thiam ne relève plus d’un secret. C’est à croire même qu’il défie et nargue les travailleurs en persistant dans l’erreur. Error humanum est perseverare diabolicum !
Pour une fois encore, nous attirons l’attention de l’opinion publique nationale sur la nécessité et l’urgence de redresser la situation. Nous rappelons que le Soleil est un patrimoine national et personne ne doit le laisser péricliter. Le bateau Soleil ne tangue plus ; il coule dangereusement au milieu de flots qui risquent de l’emporter avec le spectre de conséquences sociales incalculables.
L’intersyndicale ne se lassera jamais d’alerter qui de droit tant que la situation au Soleil ne s’améliore pas, tant que le pilotage à vue continue d’être érigé comme mode de gouvernance, aussi longtemps que le Directeur continue de mépriser son personnel, aussi longtemps qu’il continue à réfléchir intramuros sur l’avenir de l’entreprise ; tant qu’il ne se penchera pas sérieusement sur les problèmes structurels qui minent la société.
L’intersyndicale annonce la tenue dès ce jeudi d’une conférence de presse à 10 heures.