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LETTRE OUVERTE A AUGUSTIN SENGHOR : Monsieur le Président, vous avez un mort sur la conscience

« L’exercice du pouvoir grossit les caractères des êtres comme la  loupe ceux de l’imprimerie. Il est une drogue qui rend fou quiconque y touche, corrompt quiconque s’y installe et détruit quiconque s’y complaît. Aveuglés par les phares de la renommée, les chenilles dévouées ont tôt fait de se métamorphoser en vaniteux papillons »,  VERBATUM 1, Jacques ATTALI

Monsieur le Président, c’est la deuxième fois, en une semaine, que je me prononce sur votre probable quatrième candidature à la Fédération sénégalaise de football (FSF) dont vous avez, jusque-là, l’honneur et le privilège de diriger aux dépens de nombre de vos compatriotes tout aussi méritants. Je vous serais reconnaissant de me permettre de ne plus en parler si et seulement si après réception de cette lettre ouverte à vous adressée, je me retrouve dans vos gestes et faits très prochains pour le bien du football sénégalais. Mais comme dit l’adage : Jamais deux sans trois. Alors si vous ne prêtez pas une oreille attentive à l’appel de tous ces amoureux du football qui vous demandent de partir après 5 échecs à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) malgré une qualification en coupe du monde (2018), j’avoue que je ne vous comprendrai pas. Par conséquent, je ne priverais pas à travers le même canal, de vous adresser la parole pour donner la position d’un amoureux du football et de l’équipe nationale, un ancien capitaine de football des navétanes de son village.

Monsieur le Président, en plus d’être sales après 12 ans à la FSF pour des milliards partis en fumée sans aucun stade rénové et l’affaire du drame de Demba Diop non encore élucidé, vos mains sont dorénavant tachetées de sang. Vous avez sur la conscience un mort. Pour avoir dit non, Samba Sarr de la Ligue (District) de Pikine (alors qu’il défendait les intérêts du football sénégalais et non ceux d’un clan) est décédé samedi alors que vous battiez campagne dans son fief. Plus qu’un troisième mandat présidentiel (politique) pour lequel Mamadou Diop et tant d’autres compatriotes (paix à leur âme) sont péri pour avoir su dire non, c’est à un quatrième acte de pouvoir auquel vous appelez que le désormais ancien président du District de football de Pikine, a succombé sur le champ de l’honneur. J’ai lu et relu votre message de condoléances aussitôt après : «C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris, ce samedi, le rappel à Dieu de Samba Sarr, ancien Président du District de football de Pikine des suites d’un malaise (…)».

Monsieur le Président, cette formule séculaire et redondante est très belle pour penser qu’elle peut coller à votre cas. Non. Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, vous n’étiez pas informé de la mort de Samba Sarr. Au contraire. Vous avez plutôt assisté à un meurtre émotionnel et psychologique. Personne ne vous a dit qu’il était mort. Vous étiez là et aviez vu de vos yeux, l’homme louvoyer tel un baobab puis le corps recouvert de plastique. Un cas de conscience ? Oui mais pour les âmes charitables. Et si ce n’est le cas, on n’en voudra pas aux hommes et femmes d’avoir une pierre à la place du cœur. Hélas ! C’est la vie. Chacun a sur terre, ce qui le préoccupe. C’est pourquoi vous avez poursuivi, samedi, votre agenda et les séances de travail en vue de l’élection prochaine du Président de la FSF.

Monsieur le Président, à partir de ce moment, comment se reconstruire et avancer lorsqu’on est condamné à vivre avec un mort sur la conscience. L’heure est venue pour vous, de raser les murs et faire votre propre auto-flagellation. Dans la vie de toujours, se sentir coupable même sans vouloir la mort quelqu’un, est horrible et humainement douloureux. Je ne le souhaite à personne surtout pas à vous haut perché depuis quelques années sur l’échiquier du football national et continental. Vous avez certes les airs d’un enfant de chœur (comme c’est le cas de tout jeune catholique avant ou après le sacrement de première communion), une gueule d’ange, un visage et un sourire radieux mais au fond, vous êtes très loin de ce que vous offrez comme image au monde. Depuis ce samedi avec la mort de Samba Sarr, vous êtes devenu un danger public. Pire que les activistes arrêtés et jetés en prison pour trouble à l’ordre public, le ministre de l’Intérieur doit sévir et vous demander d’arrêter de sillonner le pays. Car des politiciens ont fait violence sur eux pour stopper toutes leurs activités. Des combats de lutte traditionnelle sont reportés. Tout comme les mouvements de foule sur l’étendue du territoire national, limités. Vous êtes un danger ambulant et le péril humain en vue autour de vous (déplacements), est grand. Comme Mady Touré, votre challenger, Antoine Félix Diome doit sonner la fin de la récréation au nom de la lutte contre le coronavirus et le respect des mesures (élémentaires) barrières sanitaires prescrites par les hommes en blouses blanches.

Monsieur le Président, au lieu de maintenir votre candidature et poursuivre votre campagne, pensez plutôt à ce mort et à la vague de désapprobation de ce mandat de trop quand bien même que les textes de la FSF ne vous en interdirent point. Si vous ne le faites pas, c’est que vous manquez d’humanité. Toutefois, vous êtes libre de faire un choix et de vous faire une religion sur tout ce qui vous concerne. Vos intérêts personnels peuvent supplanter ceux nationaux mais en tant que maire de l’une des communes les plus anciennes et peut-être plus importantes du pays, je ne voudrais point être dans la posture de vos administrés.

Monsieur le Président, depuis samedi, vous devriez perdre le sommeil et vous priver de sieste. Vos nuits devraient désormais être agitées. Votre entourage ? Non vos acolytes avec qui, vous vous préparez au partage du gâteau, doivent vous rationner et vous raisonner. Le pays n’a pas besoin de ce chaos en vue. Le cocktail est déjà explosif avec cette 3e vague de coronavirus qui emporte comme le vent le fait avec des feuilles mortes et des élections locales à haut risque (janvier 2022) pour lesquelles vous êtes aussi candidat (mairie de Gorée) sauf surprise ou décision divine.

Monsieur le Président, les Sénégalaises et Sénégalais sont assez éprouvés avec cette pandémie qui ne finit pas. Et si vous ne pouvez apporter aucun brin de lueur à leur quotidien, prière de les épargner de tout supplice d’une élection à risque du Président de la Fédération sénégalaise de football. La priorité, en ces temps qui courent, est ailleurs ! Mais si vous voulez marcher sur des cadavres pour se maintenir au pouvoir au nom de vos propres intérêts, vous aurez raté votre passage à la Fédération sénégalaise de football (FSF) en dépit de quelques résultats…positifs.

Gaston MANSALY, Journaliste

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