Les agents de sécurité Alexandre Gomis, Edouard Diouf et Abdoulaye Ndiaye ont été appelés, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Ils répondaient des délits de coups et blessures volontaires sur la personne de Moussa Coulibaly dit Papis et détention d’armes sans autorisation. Heureusement pour eux, ils ont échappé à une peine ferme, en récoltant, chacun, trois mois assortis de sursis.
Jambe et bras droits fracassés, Moussa Coulibaly traîne de graves blessures. Elles lui ont été infligées par les agents de sécurité Pape Abdoulaye Ndiaye, Edouard Diouf et leur boss Alexandre Gomis; ils comparaissaient, hier, devant le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar. S’agissant du différend qui a opposé les parties, il est ressorti des débats que les prévenus, agents de sécurité basés à la cité Sapafe de Tivaouane Peulh, recevaient fréquemment des jérémiades des habitants de ladite cité. Selon eux, un ivrogne du nom de Papis ne cessait de troubler leur quiétude. L’ayant trouvé en train de jeter des pierres à l’intérieur d’une maison, les agents l’ont conduit à leur poste de travail.
Arrivés sur les lieux, les prévenus l’ont ligoté avec une corde et l’ont introduit dans un bâtiment inachevé avant de le passer à tabac. Ces maltraitances exercées sur la personne de Moussa Coulibaly dit Papis ont engendré des blessures au niveau de sa jambe et de son bras droit. Ainsi, la victime s’est rendue dans une structure sanitaire pour se soigner et se faire établir un certificat médical. Ce document fait état d’une incapacité de travail de quelques jours, non définis. C’est ainsi que la victime s’est rendue à la police pour porter plainte.
Alexandre Gomis, prévenu : «tout d’abord, je demande pardon à la partie civile. Il nous a éduqués parce qu’au lieu de se faire justice soi-même, il nous a traduits devant votre Juridiction. C’est ainsi que moi, en tant que responsable moral de cette structure… »
Attraits à la barre du tribunal des flagrants délits hier, pour les faits de coups et blessures volontaires et détention d’arme sans autorisation, tous les trois ont reconnu les délits qui leur sont reprochés. Entendu en premier, le vigile, Edouard Diouf, qui était de garde ce jour-là, a livré sa version des faits. «Ce jour-là, dès que j’ai pris fonction à 18 heures, une femme a accouru vers moi pour se plaindre. Elle me disait qu’un homme était en train de l’injurier. Le lendemain, la dame est revenue parce que Papis jetait encore des pierres à l’intérieur de sa maison. C’est ainsi que je me suis déplacé pour savoir de quoi il s’agissait exactement. Quand je suis venu, je l’ai trouvé assis, sirotant la bouteille de bière qu’il détenait.
À peine l’ai-je sommé de quitter les lieux, il s’en est pris à moi », narre-t-il. Poursuivant, il renseigne qu’avant leur altercation, la partie civile s’était armée d’un tesson de bouteille qu’il avait soigneusement dissimulé dans la poche de son pantalon. » Avec cette arme, il m’a administré un coup et j’ai perdu beaucoup de sang. J’ai ainsi appelé mon boss pour qu’il vienne décanter la situation. Ce dernier m’a dit d’aller chercher une corde avec laquelle on va ensuite l’attacher. C’est Abdoulaye qui l’a maîtrisé avant de l’introduire dans le bâtiment pour le tabasser et matraquer.»
Prenant la parole à son tour, Pape Abdoulaye Ndiaye, de corpulence forte, n’a pas nié avoir malmené le plaignant. Mais leur Boss, Alexandre Gomis, tel un parfait dirigeant, est venu endosser les actes de ses employés. Il a reconnu les faits et leur gravité. Une réaction qui a séduit le président du tribunal. «Tout d’abord, je demande pardon à la partie civile. Il nous a éduqués parce qu’au lieu de se faire justice soi-même, il nous a traduits devant votre juridiction. C’est ainsi que moi, en tant que responsable moral de cette structure, devais réagir parce qu’il nous revient d’assurer la sécurité mais pas de porter atteinte à l’intégrité physique de quelqu’un.
Heureusement, le peu de temps que j’ai passé en prison m’a amplement édifié», articule-t-il, dès l’entame de ses propos. Non sans fournir au tribunal une explication concernant sa réaction. «Quand je me suis présenté sur les lieux et qu’on m’a mis au parfum, je ne pouvais rester insensible, surtout en voyant la blessure qu’il a infligée à mon employé. Pire, tout le quartier se lamentait de ses agissements. » Toutefois, suite aux questions de la parquetière, le prévenu a reconnu que sa société de gardiennage ne dispose pas encore d’agrément ni d’autorisation de port d’armes.
Conseil de la défense : «Mes clients méritent la clémence du tribunal, car faute avouée est à moitié pardonnée»
La partie civile, face au prévenu, s’est finalement désistée. «Je vous pardonne de bon cœur», laisse-t-il entendre, le sourire accroché aux lèvres. Néanmoins, lors de ses réquisitoires, le substitut du procureur a demandé au tribunal de condamner les prévenus à une peine ferme de 2 mois, chacun. Mais, de l’avis de l’avocat de la défense, ses clients doivent bénéficier de la clémence du tribunal. Car, plaide la robe noire, une faute avouée est à moitié pardonnée. À l’issue du procès, le tribunal qui partage le même avis que le conseil de la défense a condamné les prévenus à 3 mois d’emprisonnement assortis de sursis après les avoir déclarés coupables et donné acte à la partie civile pour son désistement.
Adja. K. Thiam, (Stagiaire-Actusen.sn)