Quatre mois après la perte du pouvoir, la Coalition Benno Bokk Yaakaar a présenté hier son livre bilan qui retrace de façon quasi exhaustive les réalisations de l’ancien Président Macky Sall au cours de ses deux mandats consécutifs. Selon l’ancien ministre Seydou Guèye, c’est l’œuvre de tous les ministres sous le magistère du Président Sall, sous la coordination de Oumar Youm. Seulement, une boutade y est glissée de façon volontaire à l’endroit des nouvelles autorités.
Au siège de l’Alliance pour la République, hier, se sont réunis hier certains dignitaires de l’ancien régime. Le prétexte en vaut la chandelle : c’est la présentation au grand public du livre bilan des 12 ans du Président Macky Sall, resté à la tête du pays, de 2012 à avril 2024. Il s’agissait alors pour les lieutenants de l’Envoyé spécial du 4P (Pacte de Paris pour les peuples et la planète) de faire l’état des lieux de toutes leurs réalisations passées avant la perte du pouvoir, le 24 mars dernier. Sidiki Kaba, le dernier Premier ministre sous ce défunt régime dira que c’est le “Droit des citoyennes et citoyens à l’inventaire.” Mieux, ajoutera-t-il, “il s’agit du travail colossal couvrant 12 ans que la grande coalition Benno Bokk Yakaar, sous la Présidence de son Excellence Monsieur le Président Macky Sall, un homme d’Etat aux qualités exceptionnelles, a réalisé sous les yeux de tous les Sénégalais et observateurs extérieurs.”
Se limitant à dégager les grands axes du document bilan, Sidiki Kaba demeure convaincu que cet inventaire sera une réponse limpide, lumineuse et pertinente à toutes sortes d’attaques infondées, de jugements injustes et de déclarations populistes recensées çà et là. “Des faits et des chiffres figurent dans le livre pour que vous puissiez à votre tour les analyser et les disséquer”, promet-il. D’ailleurs, selon l’ancien ministre de l’intérieur, le style choisi est non polémiste. Et la démarche adoptée repose sur un argumentaire soutenu par des chiffres et des données irréfutables qui fournissent une photographie exhaustive de la situation réelle telle que transmise en Avril 2024. Car, la trame du document suit trois axes : l’héritage économique trouvé en 2012, le Sénégal sous le Président Macky Sall et les perspectives après douze années de gestion du pays.
Toutefois, dès la troisième de couverture, on peut lire dans le livre ce propos : “Il n’y a assurément aucune honte à constater que les fondations sont solides, lorsqu’on ambitionne d’ériger un gratte-ciel. Surtout qu’ici, il ne s’agit que de construire les étages supplémentaires car des sommets ont déjà été atteints.” Vous l’aurez compris, il s’adresse directement au tandem Diomaye-Sonko. Sidiki Kaba ne dira pas le contraire : “ Les douze années du Président Macky SALL à la tête du Sénégal, marquées, à travers la mise en œuvre du PSE, par une action adossée à une vision et articulée autour d’objectifs prioritaires, a redessiné le visage de notre pays. De sorte que quiconque aura pour ambition – pour ne pas dire projet – de poursuivre la construction d’un Sénégal fort de progrès économiques, de justice sociale et de renforcement de l’Etat de droit, n’aura d’autre choix que d’y inscrire son action, quitte à le renommer du fait de considérations purement politiciennes.”
En effet, poursuit l’ancien ministre, “il ne devrait y avoir aucune honte à constater que les fondations sont solides, lorsqu’on ambitionne d’ériger un gratte-ciel. Surtout qu’ici, il ne s’agit que de construire les étages supplémentaires car des sommets ont déjà été atteints.” Se voulant plus explicite, il insiste en ces termes : “ Le Président Macky Sall a laissé un legs dynamique constitué d’une œuvre gigantesque et multiforme adossée sur le socle des valeurs impérissables d’ouverture, de consensus, d’équité sociale et territoriale. Il faut donc le fructifier et maintenir le cap déjà tracé de l’émergence afin d’élargir le champ des possibles dans un Sénégal de liberté, de prospérité partagée et de paix qui garantit à tous ses enfants, dans le cadre de l’Etat de droit, un avenir juste et équitable.” Ainsi, Seydou Gueye dira que le l’ouvrage se veut ainsi un outil de réflexion pour les générations futures, au-delà d’être un outil de communication pour le futur.
Dès son arrivée au pouvoir, Macky Sall a procédé à un recadrage nécessaire des choix budgétaires et des politiques économiques, rappelle l’ancien défenseur des droits humains. “Puis, la phase de redressement a été entamée à travers la mise en œuvre du programme Yoonu Yokkute pour réorienter la trajectoire de notre pays sur la voie de la prospérité durable ; l’élaboration et la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent qui a permis de passer des habituelles programmations sur le court terme à une planification sur une génération faisant la part belle à l’inclusion sociale, l’équité territoriale et la modernisation de l’économie ; la normalisation et la rationalisation des dépenses publiques ; les indicateurs monétaires, les marqueurs sociaux contre les vulnérabilités sociales et territoriales ainsi que l’ensemble des activités regroupées dans les secteurs primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire de l’économie” se félicite M. Kaba.
Il sera appuyé dans son argumentaire par l’ancien Ministre de la Santé et de l’action, Abdoulaye Diouf Sarr qui a présenté le volet économique de ce bilan. Et c’est pour dire que le budget a connu une hausse continue durant ces 12 ans. “Il est passé de 2 344,8 milliards FCFA en 2012, y compris le montant de l’amortissement de la dette, à 7003,6 milliards FCFA en 2024, incluant l’amortissement de la dette, soit quasiment un triplement, une augmentation de 4 658,8 milliards de FCFA en valeur absolue et de 198,7% en valeur relative”, explique Diouf Sarr.
De l’économie à l’éducation, en passant par les infrastructures, la santé, et la justice, disons que chaque chapitre du livre met en lumière les acquis des 12 dernières années dans tous les secteurs.
Ainsi, le document de 200 pages retrace la transformation économique notable sous la présidence de Macky Sall, avec comme référentiel le fameux Plan Sénégal Émergent (PSE), initié dès 2014, est présenté comme le socle de cette dynamique. Avec un taux de croissance moyen de 6% avant la pandémie de COVID-19, le pays s’est engagé sur la voie de l’émergence économique, soutiendra Abdoulaye Diouf Sarr qui citera les réformes fiscales, la modernisation du secteur agricole, le développement de l’industrie, ainsi que l’essor du secteur des services, particulièrement dans les télécommunications et les nouvelles technologies.
A sa suite, Mansour Faye prend le relais pour revenir sur le chapitre lié aux infrastructures. Il a ainsi rendu hommage à son beau-frère pour avoir réalisé le Train Express Régional (TER) reliant Dakar à AIBD sur 55 km de rail, le Bus Rapid Transit, reliant Guédiawaye à Dakar, l’autoroute Ila Touba, entre autres, et pensé à renouveler le parc automobile de la société nationale de transport Dakar Dem Dikk. “Le TER Dakar-Diamniadio, qui a transporté près de 17 millions de voyageurs, pour sa première année d’exploitation, permet des gains de temps, le confort et la fiabilité dans les déplacements interurbains”, se réjouit-il.
Dr Annette Seck Ndiaye, qui n’a pourtant pas été ministre de la santé, évoquera les initiatives du Président Sall pour renforcer le système sanitaire du pays. C’est la Couverture Maladie Universelle (CMU), l’extension des infrastructures hospitalières, entre autres. “L’équité sociale et l’efficacité du système de santé ont été largement améliorées, spécialement, à travers le recrutement massif de professionnels de la santé pour pallier les besoins et la mise en service de nouvelles structures : 300 postes de santé, 18 centres de santé, 21 centres de dialyse et 9 nouveaux hôpitaux. Les investissements ont permis la finalisation des chantiers des hôpitaux Dalal Jamm de Dakar ainsi que ceux de Fatick, Ziguinchor, Matam, sans compter la construction de cinq (5) nouveaux hôpitaux (Touba, Kaffrine, Sédhiou, Kédougou et Agnam)” à indiqué l’ancienne directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna).
Sur le plan de la gouvernance et la justice, Ismaïla Madior Fall dira à son tour que Macky Sall a entrepris plusieurs réformes pour renforcer l’État de droit et lutter contre la corruption, non sans également entreprendre à moderniser la carte judiciaire, à travers la construction de plusieurs palais de justice à travers le pays, ainsi qu’une nouvelle prison à Diamniadio, de dernière génération.
Pour sa part, Pr Moussa Baldé évoquera les progrès réalisés dans l’éducation, notamment, l’amélioration de la carte universitaire du Sénégal. “De cinq universités en 2012, le pays est passé à onze universités publiques en 2024, avec la création de six nouvelles universités, dont l’Université Souleymane Niang de Matam et l’Université du Sénégal Oriental, actuellement en construction”, dira l’ancien Ministre de l’enseignement supérieur, qui citera dans la même veine l’inauguration de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane en 2014 marquant une ère nouvelle, ainsi que les six Instituts Supérieurs d’Enseignement Professionnel (ISEP) qui ont été établis à Thies, Matam, Diamniadio, Richard Toll, Bignona et Mbacké. “Malgré l’accroissement des étudiants, la politique sociale du Président Macky Sall envers eux est restée volontariste. En 2024, un étudiant sénégalais paye son repas à seulement 100 FCFA, un tarif inférieur à celui que payait le Président lui-même lorsqu’il était étudiant à l’Université de Dakar, 40 ans auparavant. Pour illustrer les efforts budgétaires que cela requiert, il suffit de rappeler que le Centre des Œuvres Universitaires de Dakar subventionne en 2023 quotidiennement environ 100 000 repas, pour un coût moyen de 68 millions de FCFA. Les allocations financières destinées aux étudiants ont également connu une hausse remarquable. Le montant des bourses nationales est passé de 21,8 milliards de FCFA en 2010, bénéficiant à 66 372 étudiants, à 82,2 milliards de FCFA en 2023, couvrant 153 482 bénéficiaires, soit le double de ce qui est pratiqué en Côte d’Ivoire. Les infrastructures d’hébergement ont suivi cette tendance, avec une augmentation du nombre de lits dans les campus universitaires, passant de 6 030 en 2012 à 22 125 en 2022. Cette augmentation des capacités d’accueil s’est naturellement accompagnée d’une augmentation du nombre de restaurants”, se souvient Pr Moussa Baldé. Aïssata Tall Sall, Oumar Youm, Alioune Ndoye, chacun en ce qui le concerne, a aussi jeté son grain de sel dans la marmite…
Amadou DIA (Actusen.sn)