La loi portant interprétation de la loi d’amnistie sera appliquée et des enquêtes seront menées. La promesse a été faite hier par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye lors d’une rencontre avec une certaine presse. Interpellé sur la question, le chef de l’Etat s’est voulu clair et précis. Il a rappelé que l’Assemblée nationale a joué son rôle, l’exécutif fera pareil avec la promulgation. « J’attend juste de recevoir cette loi pour la promulguer », a t-il fait savoir. Ensuite, la justice va jouer son rôle s’il y a des recours. Personnellement, précise t-il, « nous avons toujours dit que nous ne voulons pas de cette loi d’amnistie. Maintenant, on ne peut pas accepter un trou noir après tout ce qui s’est passé. On a réclamé la lumière pour Thiaroye 44 donc, il est inacceptable qu’on oublie ce qui s’est passé hier. Les autorités doivent savoir raison gardée, elles ne peuvent pas se permettre de faire tout ce qu’elles veulent juste parce qu’elles sont au pouvoir ». Actuellement, indique t-il, « tout le monde est présumé innocent mais cette loi sera appliquée, des enquêtes seront menées et les fautifs seront sanctionnés ».
Loi interprétative: « On ne peut pas accepter un trou noir après tout ce qui s’est passé…. J’attends juste de recevoir cette loi pour la promulguer »
Cette rencontre avec la presse locale a, aussi, été une occasion pour le chef de l’Etat de remettre les pendules à l’heure sur sa relation avec son prédécesseurs. Sur ce, il a assuré qu’il n’a aucun sentiment contre Macky Sall même s’il sait que ce dernier est en train « de faire des choses ». « Nous avons fait une passation de service, j’ai prié pour lui et je lui ai demandé de prier pour moi aussi. Ensuite, je lui ai affrété l’avion pour qu’il puisse partir. Je sais qu’il fait des choses mais je n’ai aucun sentiment contre lui. Je ne fais pas de fixep sur lui, mais si demain il devra faire face à la justice il le fera, il assumera les conséquences de son acte », a dit le président Diomaye.
« Je ne fais pas de fixep sur lui (Macky Sall), mais si demain il devra faire face à la justice il le fera, il assumera les conséquences de son acte »
Sur les poursuites déclenchées contre certains dignitaires de l’ancien régime, aussi, le chef de l’Etat n’a pas voulu trop épiloguer sur le sujet. Il a juré qu’il n’y a aucune main politique derrière. Au contraire souligne t-il, « ‘une fois les rapport publiés, les sénégalais ont le droit d’imposer des poursuites contre les personnes épinglées. Et en ce qui me concerne, je ne protégerai personne. Je ferai en sorte que la loi soit respectée. Mais, je ne peux pas accepter qu’on parle de réglement de compte parce que des gens sont punies parce qu’ils ont fauté. Nous avons une responsabilité morale et éthique dans ce pays: nous allons dire la vérité et personne ne sera protégée mais personne n’est ciblée. Seules les enquêtes détermineront s’il y aura oui ou non poursuite contre une personne ».
« Je ne peux pas accepter qu’on parle de réglement de compte parce que des gens sont punies parce qu’ils ont fauté »
Par rapport à la situation politique actuelle marquée par une rupture de confiance entre l’opposition et le pouvoir , il dira: « Nous n’allons pas barrer la route à l’opposition. Mais, il faut dire que l’opposition ne joue pas le jeu. On leur a tendu la main pour réduire les dépenses lors des législatives mais ils n’ont pas voulu pour des raisons qui ne tiennent pas. Pour le dialogue national, nous avons déjà envoyé tous les termes références à l’opposition et j’espère que les acteurs politiques vont répondre à ce dialogue sans suspicion. Le sénégalais est à la hauteur du statut du Sénégal en matière démocratique, ce qui n’est pas le cas des acteurs politiques. Ces derniers doivent être canalisés dans un couloir de responsabilité ».
« Une fois les rapport publiés, les sénégalais ont le droit d’imposer des poursuites contre les personnes épinglées »
En ce qui nous concerne, précise t-il, « nous avons discuté et nous allons continuer la discussion, je peux affirmer que j’ai une gouvernance de discussion. Je ne crois pas qu’il y a une rupture de confiance, ma main restera toujours tendue envers l’opposition la société civile ». Sur la question des licenciements tous azimuts au niveau de certaines structures de l’Etat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a expliqué que la plupart des personnes bénéficiaient de CDD qui sont arrivés à expiration: « Nous sommes conscients de la situation de ceux qui ont perdu leur travail. Mais, ceux qui ont été licenciés bénéficient de CDD qui sont arrivés à expiration. Le problème est que beaucoup de structures ont recruté un personnel dont ils n’ont pas besoin. Une entreprise publique ou privée n’a pas pour objectif de caser une clientèle politique. Malheureusement , c’était le cas à Air Sénégal, au Port, au Poste ». Mais, rassure t-il, « il n’y a aucune idée politique derrière ces départs. Il n’y a rien de cibler, c’est des options politiques parfois difficiles mais qu’il nous faut assumer.
« Il n’y a aucune idée politique derrière ces départs, mes licenciements »
Le président de la république a, aussi, été interpellé sur la question de l’Immigration irrégulière. Et là, il faut dire que les autorités cherchent toujours des solutions à ce phénomène. « Je m’attendais à un répit malheureusement cela n’a pas été le cas. Les jeunes n’ont pas voulu patienter. Pourquoi? Peut-être qu’ils ne croient plus aux promesses tellement ils ont été déçus. Aussi, on a constaté que même des professionnels abandonnent leur travail pour partir. Il faut préciser que le chômage existe partout, aucun pays n’a réglé définitivement ce problème. Si, les gens préfèrent partir c’est peut-être parce qu’ils gagnent plus ailleurs. Il nous faut une réponse systémique: créer des emplois, assurer la formation. Aussi, combattre les convoyeurs: des campagnes au niveau des zones de départs. On cherche toujours un mécanisme concerté ».
Seynabou FALL (Actusen.sn)