La deuxième conférence sociale a vécu. Elle a été une occasion pour les autorités étatiques, l’IPRES et les partenaires sociaux de se rencontrer et de réfléchir durant deux jours le 23 et le 24 avril 2017 sur le thème suivant : « La Réforme des Retraites au Sénégal : Vers des Régimes Viables et Inclusifs » Nous avons noté une réflexion plus poussée sur la problématique de la retraite aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public comparativement à la première conférence du 14 et 15 avril 2014. Néanmoins, nous nous limiterons aux analyses faites sur la situation de l’IPRES qui peuvent être regroupées en trois sous-thèmes : 1-La viabilité du régime de retraite, 2-Les perspectives d’amélioration des pensions servies, 3-La mise en place d’une pension minimale. CRITIQUES
I) La viabilité du régime de retraite
Le Ministère du Travail a été très alarmiste quant à la viabilité de l’Institution en fondant son argumentaire : – D’abord sur l’augmentation du nombre des allocataires du principalement à l’allongement de l’espérance de vie , -Ensuite sur la baisse continuelle du ratio cotisant /retraité ( 11 actifs pour 1 retraité en 2005 contre 5 actifs pour 1 retraité aujourd’hui) Ces analyses manquent de rigueur scientifique car elles auraient pu être pertinentes si une présentation de l’évolution des effectifs des retraités avaient été faite depuis la dernière réforme de 2002. Selon le rapport de l’ANSDS de 2014, l’espérance de vie est de 64,52 ans pour les hommes et de 68,32 pour les femmes, or le droit à l’admission à la retraite est de 60 ans. A cela, il faut ajouter la baisse des partants à la retraite corrélativement au dépérissement de l’emploi salarié pour servir de base de données aux études actuarielles sur l’impact de la démographie.
II) Les perspectives d’amélioration des pensions servies
La situation financière de l’Institution ainsi présentée dans les différents rapports soumis aux participants à la conférence s’avère très préoccupante. Il est rapporté que l’IPRES vit une tension de trésorerie permanente pour couvrir ses charges d’allocation et qu’elle assure son équilibre financier sur « un fil de rasoir » Par ailleurs, il est fait mention du résultat technique positif de l’Institution qui est parvenue à constituer une réserve couvrant trois années de dépenses d’allocations. Or, à l’analyse des états financiers de l’Institution on se rend compte que ceux connaissent depuis plus décennie, une situation d’amélioration constante de rentrées de ressources. Cette situation a pu être réalisée grâce à cette stratégie suivante : – Plus de perspicacité dans le recouvrement des cotisations qui dépassent de 20 à 25% les charges d’allocation, – Des investissements dans l’immobilier (Hôtels, logements sociaux, achats d’actions, placements bancaires…) En outre, le décret présidentiel du 10 janvier 2017 exonérant l’IPRES de tous impôts et taxes est venu consolider d’avantage le confort financier de l’Instutition .
II) Pourquoi la retraite fait peur au travailleur sénégalais ?
Il est de notoriété que ce nouveau statut du conduit à la misère à cause de la modicité de la pension servie. A l’issue de cette conférence sociale, des pistes de solution ont été dégagées lesquelles seront certainement encore confiées à ceux qui sont aussi comptables de la situation de l’IPRES. Quel gâchis ! L’Institution souffre de ses tares originelles qui sont : – Des textes obsolètes élaborés par le colon pour ses propres besoins et qui continuent à régir les retraités 57 ans après l’accession du pays à la souveraineté internationale, – Des couts de gestion excessivement élevés. A titre de comparaison, la France plus mauvais élève d’Europe avec un taux de 1,98% s’honore devant ses ex-colonisés avec le leur qui varie entre 12 et 15%. Pour permettre aux retraités de jouir pleinement de leur retraite, les responsables européens ont mis en place des administrations légères non budgétivores et confiés à des experts pertinents sans coloration politique.
III) La mise en place d’une pension minimale
L’instauration d’une pension minimale de 35 518 Francs par bimestre ( 17 759 Francs /mois) pour les retraités ayant eu une carrière très courte ou accidentée est un acte de solidarité que nous saluons tant bien même qu’il ne profite qu’à 19 167 pensionnés. Cette nouvelle politique des autorités n’est pas gratuite car elle concerne une cible connue et quantifiable pour ainsi dire que la pension minimale n’est pas durable si nous nous référons aux données de l’ANSD sur l’espérance de vie. L’actualité sur la faiblesse des pensions va demeurer si rien n’est fait pour les veuves et les orphelins qui voient leur famille privée de la moitié de leur revenu dès le décès du père de famille au moment l’IPRES s’enrichit d’égal montant tel une entreprise de croque-mort.
Compte tenu de qui précède, nul ne peut mettre en doute la santé financière de cette institution. Les autres pistes dégagées pour l’améliorer les pensions sont à exploiter mais le problème de fond reste la gestion transparente de ces ressources au bénéfice des allocataires et pour la réussite de la politique d’amélioration de la situation des retraités initiée par le Chef de l’Etat. Il urge aujourd’hui d’exiger un audit complet de l’IPRES et d’en tirer les conséquences. C’est le seul moyen d’aider le Président de la République à réaliser son projet.
Le Secrétaire Général de l’association des Retraités du Pétrole affiliée au Cadre Unitaire, Amadou Sow