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Membre de ‘’Force spéciale’’ : Mor Gueye raconte l’histoire

Le dossier dit « Force spéciale » avait fait les choux gras de la presse sénégalaise entre juin et juillet 2022. Membre de ce groupe, Mor Gueye alias Commandant, invité d’hier de l’émission ‘‘Sen Dose Matinale’’ de Source A TV, est revenu pour la première fois sur cette fameuse histoire qui a tenu en haleine le pays durant un bon moment. Les circonstances de leur arrestation ? Les conditions de leur détention ? Comment sa vie a basculé ? D’où est venu le nom de ce groupe ? Ce militant engagé de Pastef nous explique tout.

«Force spéciale ». Ce concept ou groupe, c’est selon, vous dit certainement quelque chose. Les éléments de l’enquête révélaient en tout cas que les membres de la « Force spéciale » avaient l’intention de semer le trouble à Dakar, le 17 juin 2022, alors que Yewwi Askan Wi, protestant contre l’invalidation de sa liste nationale titulaire aux Législatives, avait prévu de manifester contre la volonté du préfet. La « Force spéciale » aurait notamment prévu de saboter les installations de la Senelec, du Train express régional (Ter), d’assassiner des personnalités politiques, de la Société civile, et de s’en prendre aux intérêts français.

Administrateur dudit groupe, Mor Gueye alias Commandant revient sur l’histoire de « Force spéciale», 2 ans après

Poursuivis dans la foulée de leur arrestation pour les délits de complot contre l’autorité de l’Etat, actes de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs, dans le but de s’attaquer à la force publique, détention et transport de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique et détention illégale d’arme à feu, ils étaient au nombre de 12, dont l’actuelle députée Mère Amy Dia, Pape Ousmane Seck, Bouna Ba, Madické Diop, Abdoul Aziz Niang, (feu) François Mancabou, Babacar Ndao, Abdoulaye Ndiaye, Assane Dramé, Mor Guèye, Ibrahima Diédhiou et Abdoul Aziz Niang.

« Dès notre arrestation, nous avons été conduits au Commissariat de Rufisque, avant d’être déposés à la Sûreté urbaine sous le régime de garde à vue qui aura duré 15 jours et été marquée par des tortures, de l’intimidation, de tentative de corruption pour qu’on change tout simplement de version »

Intéressons-nous au profil de Mor Gueye alias Commandant. Ce militant de Pastef, ancien militaire, ayant servi comme pompier pendant 20 ans, était accusé d’avoir voulu s’attaquer au poste électrique de la Société nationale d’électricité, situé à la sortie 10 de l’Autoroute à péage, avant son interpellation à Rufisque où il dirigeait une cellule de Pastef. Invité d’hier de l’émission ‘‘Sen Dose Matinale’’, il est revenu, pour la première fois en public, sur cette histoire de « Force spéciale. » Refusant toutefois, d’entrer dans ce qu’il appelle « le fond du dossier », pour rappeller que la loi d’amnistie l’interdit, Mor Gueye se souvient : « Je suis militant de Pastef depuis 2019. Je tenais une de ses cellules à Rufisque. J’étais avec mon frère Yaya Cissé quand la police m’a trouvé dans son atelier de couture, le 22 juin 2022, avec leur arsenal de guerre. Elle nous a dit ‘‘Mor Gueye et Assane Dramé, vous êtes en état d’arrestation’’. Nous avons d’abord été conduits au Commissariat de Rufisque, avant d’être déposés à la Sûreté urbaine sous le régime de garde à vue qui aura duré 15 jours et été marquée par des tortures, de l’intimidation, de tentative de corruption pour qu’on change tout simplement de version. »

« J’ai connu Pape Mamadou Seck en prison. C’est vous dire que c’est un dossier monté de toutes pièces. Car tous les supposés membres de ce groupe ont été arrêtés dans différents endroits, et certains à l’intérieur du pays. On ne se connaissait pas avant notre séjour à la Sûreté urbaine. Mon seul tort était d’appartenir au Parti Pastef »

Selon notre interlocuteur, c’est dans les liens de la détention qu’il a fait la connaissance des membres de la « Force spéciale », à l’instar de Pape Mamadou Seck qu’il a cité. « J’ai connu Pape Mamadou Seck en prison. C’est vous dire que c’est un dossier monté de toutes pièces. Car tous les supposés membres de ce groupe ont été arrêtés dans différents endroits, et certains à l’intérieur du pays. On ne se connaissait pas avant notre séjour à la Sûreté urbaine. Mon seul tort était d’appartenir au Parti Pastef », jure Mor Gueye.

« Au début, on croyait que c’était une simple enquête, que la police se rendrait compte de son erreur pour nous libérer dans la foulée. Mais au fur et mesure qu’on entendait le dossier dans la presse, on se rendait compte que notre sort était scellé. Or, nous n’avions même pas brûlé un pneu »

Mais si le dossier a pris l’ampleur qui était la sienne, Commandant soutient que le rôle de la presse, et surtout la manière avec laquelle Mamadou Mouhamed Ndiaye rapportait les faits supposés dans ses revues de presse, n’y sont pas étrangers. « Au début, on croyait que c’était une simple enquête, que la police se rendrait compte de son erreur pour nous libérer dans la foulée. Mais au fur et mesure qu’on entendait le dossier dans la presse, on se rendait compte que notre sort était scellé. Or, nous n’avions même pas brûlé un pneu », insiste-t-il.

« C’est moi qui ai créé un groupe WhatsApp pour le nommer ‘‘Force spéciale’’, tout comme je pouvais l’appeler ‘‘Les Amazones’’ ou ‘‘Les Danseuses’’. Je n’avais aucune arrière-pensée en créant ce groupe. Pour preuve, il n’était même pas actif »

Toutefois, si l’histoire autour de la « Force spéciale » serait créée de toute pièce, tel n’est pas le cas pour le nom donné à ce groupe. « C’est moi qui ai créé un groupe WhatsApp pour le nommer ‘‘Force spéciale’’, tout comme je pouvais l’appeler ‘‘Les Amazones’’ ou ‘‘Les Danseuses’’. Je n’avais aucune arrière-pensée en créant ce groupe. Pour preuve, il n’était même pas actif. J’estime que c’était léger comme motif de notre arrestation. Un Etat ne doit pas fonctionner comme ça », explique Mor Gueye.

« C’est aussi par pur hasard que mon surnom –Commandant – ait un lien avec cette histoire supposée. En réalité, je faisais partie de l’équipe de l’organisation du parti. Constatant que je venais toujours à l’heure   et rentrait après tout le monde, Ousmane Diouf, professeur d’Anglais de son état, m’a donné ce nom en disant que j’opère comme un commandant »

Et le surnom, Commandant, même si certains disent Commando, qui lui a été collé, il dira : « C’est aussi par pur hasard que mon surnom ait un lien avec cette histoire supposée. En réalité, je faisais partie de l’équipe de l’organisation du parti. Constatant que je venais toujours à l’heure   et rentrait après tout le monde, Ousmane Diouf, professeur d’Anglais de son état, m’a donné ce nom en disant que j’opère comme un commandant. »

« Ma maman est traumatisée par cette histoire. J’avais une famille, mais maintenant ma femme m’a quitté pour cette histoire. J’ai même perdu mon boulot »

Même si la loi d’amnistie couvre ces faits, Mor Gueye considère en être victime, confiant qu’il a tout perdu après cette affaire. « Ma maman est traumatisée par cette histoire. J’avais une famille, mais maintenant ma femme m’a quitté pour cette histoire. J’ai même perdu mon boulot », a-t-il confié. « En prison, on nous a promis de l’argent pour changer de version. On nous a séparés pendant des jours pour voir si un seul d’entre nous allait changer la sienne. Mais la seule vraie réalité : on était les victimes dans cette histoire », regrette-t-il.

Amadou DIA

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