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Message à la nation de Bassirou Diomaye Faye : le décryptage salé de Thierno Bocoum

Alors que le Sénégal célèbre son 65e anniversaire d’indépendance, le Président Bassirou Diomaye Faye a adressé un message à la nation, un exercice attendu et scruté avec attention. Si son intervention se voulait solennelle et rassurante, certains observateurs restent sur leur faim. Parmi eux, Thierno Bocoum, ancien parlementaire et président du mouvement Agir, dresse un constat sans concession sur la posture présidentielle et les mesures annoncées. Selon lui, le chef de l’État peine encore à incarner pleinement ses responsabilités : « Le jour où le Président Bassirou Diomaye Faye assumera pleinement sa désignation par Allah Swt en tant que chef de l’État sénégalais, il saura structurer ses discours de manière plus cohérente et réfléchie.»

Une manière de souligner que, pour l’instant, les prises de parole du président restent davantage marquées par des intentions que par une vision claire et construite. Un autre point soulevé concerne la forme même de ses interventions. Bocoum regrette que le président nous livre « des traditionnels messages solennels, sans pour autant élever la solennité à la hauteur de sa fonction présidentielle ». Autrement dit, si les discours sont bien calibrés, ils manquent encore de profondeur et de substance à la hauteur des enjeux du pays.

Parmi les mesures mises en avant, la baisse des prix de certains produits a été largement relayée. Une décision symbolique, mais qui ne saurait masquer les véritables priorités économiques. Comme le souligne Bocoum, cette réduction « résulte en grande partie de la dynamique économique mondiale », ce qui signifie qu’elle n’est pas le fruit d’une stratégie interne pensée sur le long terme. Or, le véritable défi réside ailleurs : « L’enjeu principal réside dans la relance de l’emploi et dans la mise en place de stratégies durables pour lutter contre la perte d’emplois qui érode le pouvoir d’achat. » En d’autres termes, une économie solide repose avant tout sur la création de richesses et non sur des mesures ponctuelles qui ne s’attaquent pas aux racines du problème. D’ailleurs, Bocoum met en garde contre le piège d’une approche trop populiste : « Le populisme, aussi séduisant soit-il, ne pourra masquer l’essoufflement de cette approche lorsqu’il faudra rendre des comptes. » Une façon de rappeler qu’au-delà des annonces, c’est sur des résultats concrets que le président sera jugé.

L’un des autres sujets sensibles concerne le financement des initiatives individuelles, une promesse du président. Mais Bocoum avertit : « Il convient de prendre en compte plusieurs décennies de financements étatiques qui, malheureusement, n’ont produit que des résultats politiques éphémères et peu probants. » Dans un contexte économique tendu, marqué par une dette publique élevée et des charges budgétaires en hausse, la gestion des ressources publiques devient un enjeu central. Cela soulève plusieurs interrogations. Bocoum s’interroge : « Où en est la suppression des fonds politiques et la réduction du train de vie de l’État ? Quelles solutions pour élargir l’assiette fiscale sans alourdir encore plus la pression sur une minorité déjà accablée d’impôts ? Quelle stratégie pour dynamiser les échanges internationaux et attirer les investissements étrangers ?

Des questions cruciales, qui illustrent une attente grandissante : celle d’un leadership capable d’aller au-delà des effets d’annonce et d’engager des réformes profondes et durables. Porté par une volonté de rupture, le Président Bassirou Diomaye Faye doit maintenant passer à l’étape suivante. Celle de la mise en œuvre effective de son programme. Comme le souligne Thierno Bocoum, ce sont « des mesures structurelles et diversifiées et non des solutions superficielles » qui permettront de redresser l’économie et de répondre aux aspirations du peuple.

Aïssatou TALL (Actusen.sn)

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