Le nouveau Garde des sceaux n’est pas venu au Ministère de la justice pour faire du tourisme même si elle n’a que 6 mois à passer dans ce département. Aissata Tall Sall, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, s’est d’ores et déjà fixée quatre objectifs majeurs. Rendre d’abord la justice transparente, exiger ensuite l’efficacité dans le service public de la justice, imposer dans la foulée la diligence dans le traitement des dossiers dans le but de désengorger les prisons et enfin veiller à ce que la Loi s’applique dans toute sa rigueur.
«La première chose, c’est de rendre la justice transparente. En tout cas, les services publics de la justice dépendantes du Ministère de la justice vont agir dans la totale transparence», promet-elle. D’ailleurs, le nouveau Garde des sceaux entend, pour cela, nommer un porte-parole du Ministère de la justice pour communiquer périodiquement avec les Sénégalais. «Parce que nous nous sommes dans un monde de communications. De façon régulière et cadencée, le Ministère de la justice communiquera avec les justiciables. J’ai décidé de nommer un porte-parole du Ministère de la justice qui viendra tout le temps pour faire ce travail. Les sénégalais ont le droit de savoir comment marche la justice, ils ont le droit de poser des questions et parce que nous avons le devoir d’apporter une réponse à leurs questions», annonce-t-elle.
La deuxième chose que Mme Aissata Tall Sall entend faire au Ministère de la justice, «avec tous les services de la justice et tous les magistrats, c’est d’exiger l’efficacité dans le travail». En effet, d’après elle, «très souvent, on a entendu nos compatriotes dire que les magistrats ne travaillent qu’une demi-journée». «Nous devons nous arrêter et écouter ce commentaire, très souvent on a dit que la justice a trop de vacances judiciaires ; 45 jours dans l’année. Nous devons réfléchir à cela, c’est une interrogation des sénégalais. Je ne dis pas que ce qu’ils disent est vrai. Mais, l’efficacité dans le travail du service public de la justice, j’en fais une affaire personnelle. Être là quand il faut l’être et donner le travail tout le temps nécessaire», prévient la dame de fer.
Concernant le troisième point sur lequel l’ancienne mairesse de Podor, avocate de profession, prévoit d’exiger, «c’est la diligence dans le traitement des dossiers.» D’un ton ferme, elle expose : «Il n’y a rien qui puisse justifier que le temps de l’horloge soit suspendu à la justice. Il n’y rien qui puisse l’expliquer. Quand le travail doit se faire, il doit se faire dans les délais requis. Faire de telle sorte que les dossiers soient jugés à temps. On s’est toujours plaints des longues détentions.» Haussant davantage le ton, elle poursuit : «Pourquoi les gens pendant très longtemps sont en prison à attendre qu’ils soient jugés et on ne leur dit rien ? Je pense que le moment est venu de s’arrêter pour corriger tout cela et de voir comment dans la diligence traiter les affaires et les juger. Parce que, disons-le-nous pour nous dire la vérité, ceux-là qui subissent les longues détentions sont des gens pauvres qui ne peuvent payer un avocat, qui n’ont pas de parents pour faire des interventions, qui ne connaissent personne et qui croupissent en prison. Nous devons mettre fin à cela et je vais m’y engager.»
D’ailleurs, «dès les premiers jours», Aissata Tall Sall commettra «l’inspecteur général des affaires judiciaires (IGAJ) pour qu’il procède à l’audit des longues détentions nous permettant d’avoir un calendrier pour gérer tous les dossiers. » Quatrième et dernier point du nouveau Garde des sceaux, c’est l’application de la loi à laquelle personne ne doit échapper. Selon Aissata Tall Sall, « quand la personne est innocente, il faut la libérer totalement, mais quand elle est coupable il faut punir». C’est-à-dire, ajoutera-t-elle, «appliquer la loi sans aucune faiblesse coupable, mais sans aucune cruauté inutile», citant le Président Abdou Diouf.
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