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Société

Mois de miséricorde, de pénitence, de prière, dévotion et de prière : le ramadan ne rime pas, forcément, avec les petits commerces

Depuis quelques jours, les marchands ambulants notamment les portefaix-vendeurs de café, de bonbons, beignets, cacahuètes et autres aliments de la rue, se font rares dans les coins et recoins de la capitale ou, tout simplement, disparus, faisant que leur business est en «stand by».

Ainsi, dans le cadre de ses reportages sociétaux, Actusen.com a investi les grands carrefours et artères de la capitale à la rencontre de ceux qui squattaient, jusque-là, les rues. Reportage !

Vendredi matin. Le soleil de plomb darde ses rayons impitoyables sur Dakar. La chaleur et la fatigue du jeûne contraignent certains à rester chez eux. Mais au rond-point de Colobane, point de changement des vieilles habitudes. Avec ses innombrables embouteillages, le lieu déborde d’automobiles. L’odeur de l’essence et de gasoil est au rendez-vous. Les passagers inhalent ces produits qui fait désormais, partie de leur quotidien.

Néanmoins, le lieu offre un décor inhabituel. Les vendeurs ambulants, jadis habitués de cet endroit, ont déserté les allées, pourtant, leur chasse gardée en temps normal. Au vu de ce qui s’opère, on se rend compte que le Ramadan a dicté sa loi à Dakar et a eu raison des populations.

Un jeune homme d’ethnie peulh se tient près de sa roulette. Il vend du Café Touba et du Nescafé. Lorsqu’on le rencontrait, celui qui n’a pas voulu nous donner son nom, était sur le point de faire une petite sieste sur un petit banc posé juste à coté. L’air affecté, le visage renfermé. Teint noir, c’est un jeune garçon d’origine guinéenne. Il comprend à peine un mot du Wolof (langue locale du Sénégal).

«Je vais me reposer un peu jusqu’au soir. Soit quelques heures avant la rupture du jeûne. Le matin, c’est le calme total. Personne n’achète. C’est comme ça, chaque jour, jusqu’à la fin du mois sacré», explique-t-il, même si cela ne l’affecte pas, pour autant.

«C’est normal. Je n’ai aucun problème avec ça. Il est interdit d’avaler quelque chose avant le coucher du soleil. On s’y soumet, aisément. C’est une grâce pour nous musulmans», confie-t-il, fièrement, avant de s’empresser pour se reposer. Enfin ! Comme notre interlocuteur, tous les vendeurs, aux alentours, sont au repos, préférant se prélasser sur des bancs de fortune.

De l’autre côté du rond-point, les vendeuses de beignets ont aussi plié bagages. Le décor est flippant. Que des tables rangées sur le bas-côté. Un silence de cathédrale y règne en roi. Pourtant, ces vendeuses de beignets sont connues de tous les passants, qui empruntent cette voie. Mais «depuis que le mois de ramadan a commencé, on ne les voit plus, les matins», lâche un passant d’après interpellé par Actusen.com. En effet, depuis plusieurs jours, elles ne sont plus «actives», le matin, contrairement à un passé récent.

Plus prolixe, Karim nous en dit davantage. «Elles viennent uniquement le soir et, certains jours, elles ne travaillent pas. Elles se font rares et ça se comprend. C’est aussi mieux comme ça que de rester devant son étal, sans livrer le moindre sachet de beignets de 100F», indique ce quinquagénaire vendeur de chaussures, de teint clair et habillé en tunique traditionnelle.

De l’autre côté, vers la station Elton, à l’arrêt de bus «Tata», les vendeuses d’eau rodent. A la recherche de potentiels clients ou acheteurs. Peine perdue. C’est le désert. Aucune tronche d’assoiffés matinaux ne pointe le bout du nez. En face, derrière le mur de la Maison du Parti socialiste (Ps), une glacière traîne au bord de la route. Sur le couvercle, est posé un sachet d’eau de 50F comme échantillon. Qui n’était plus fraîs à notre passage.

Les habitudes ont vraiment changé. La période oblige. Dans un pays à majorité musulmane, les croyants font de leur mieux pour respecter les préceptes de l’Islam. Fatoumata Fall est une vendeuse ambulante d’eau en sachets. En effet, sans place fixe, elle fait le tour et les trottoirs de la capitale.

Jeune dame, aux formes généreuses, moulée dans un ensemble taille-basse, foulard sur la tête, elle sue à grosses gouttes. «Ce sachet d’eau est là depuis le matin. Personne ne l’a regardé ; à fortiori, l’acheter. Ça se passe toujours comme ça pendant les journées du Ramadan. J’attends le soir pour, enfin, vendre quelques sachets. Quelques minutes avant la rupture, tout le stock en ma possession va finir», pense-t-elle.

A cette époque, ce sont les fruits qui marchent le mieux. Ces vendeurs se frottent les mains. Comme Khalifa qui ne cesse de voir son bénéfice se multiplier depuis le début de ce mois. «Je ne me plains pas du tout. Chaque année, c’est pareil. Les gens aiment beaucoup les fruits. Ils en achètent énormément. Or, en temps normal, ce n’est pas le cas», explique-t-il. Et d’ajouter : «je m’excuse, mais je suis fatigué. Il faut que je me repose, pour être d’appoint vers 17 heures, car c’est à ce moment que les clients commencent à venir», nous lance-t-il, histoire de nous dire au-revoir.

Vingt-deux heures (22) heures, le lendemain. Un Samedi, après la prière du soir. Une vendeuse tient sa glacière au bord de la chaussée, vers Rue 13 de la Medina. Emmitouflée dans une robe en voile, une jeune femme hèle des clients, pour écouler les quelques sachets d’eau qui lui restent.

«Je reste là jusqu’au soir, puisque l’eau s’achète jusque tard dans la nuit. Les gens ne se couchent pas tôt, pendant le ramadan, et ça fait mon affaire», affirme-t-elle. En cette période de ramadan, il suffit de faire le tour de la ville pour se rendre compte que les habitudes des Sénégalais ont changé.

Aissata BATHILY (Actusen.com)

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