Contribution

Ne ramons pas à contre-courant : la mer est grosse de dangers !

Le Sénégal s’est habitué à des périodes électorales troubles et troublées. Pour une démocratie qui vote depuis le 31 octobre 1848 sans parler des désignations indirectes des rois, comment se fait-il que « le problème des élections ne soit pas toujours réglé » peut-on s’interroger avec le philosophe El Hadji Songué Diouf ?

Ces reculs démocratiques récurrents nous coûtent cher avec des pertes en vies humaines, économiques, et autres dégâts collatéraux.

La surenchère verbale est à son paroxysme et entraine des dérives regrettables.

L’appel au calme et à la raison d’avant scrutin du très rassembleur El Hadji Mansour Mbaye est fort à propos. Aussi ne ramons pas à contre-courant : la mer est grosse de dangers !

Dans ce climat, la tribune libre publiée ce 17 août et intitulée Ethnicisme, vous avez dit ethnicisme ? du professeur Hamidou Dia, nous semble délétère sur la paix sociale. Tout ce gâchis à cause de sa parenthèse (2e et 3e paragraphes de son texte) ! Tout le contraire de cet ethnocentrisme d’une certaine…ethnie qu’il entend dénoncer.

Le contexte est inopportun et le moment mal choisi.

Une jeune Sénégalaise étourdie a commis une grosse bourde lourde de conséquences. Rien au monde ne peut expliquer encore moins justifier pareille impertinence. Il faut la recadrer. Parce que les propos malveillants et malheureux de notre concitoyenne offusquent toute la nation. Mais celle-ci peut pardonner les offenses à ses enfants indélicats.

Face au tollé suscité, il suffit d’inviter la dame à faire amende honorable. D’ailleurs, il est heureux qu’elle fasse son mea-culpa.

La sortie mesurée de Abou Abel Thiam a le mérite de clore le débat et qui plus est claire. Très claire !

Que gagne-t-on à vouloir souligner et surligner un quelconque ethnocentrisme ?

Voudrait-on jouer au sapeur pompier pyromane ?

La faute, c’est de remuer le couteau dans la plaie.

Professeur, vous soulevez un débat scientifique parce qu’anthropologique et culturel. Il serait intéressant et utile n’eut-été le contexte et la justification.

Vous devinez d’abord aisément que le temps de vos dires ne sied pas. Il ne milite pas en faveur d’un apaisement des cœurs. Professeur, le moment n’est pas propice pour débattre sur l’ethnicisme.

Ensuite, s’arrêter sur le prétendu ethnocentrisme d’un groupe du pays ne résiste pas à l’analyse. Convoquons l’histoire socio-culturelle dans cet espace sénégambien depuis les Almoravides au XIe siècle à nos jours. Votre parenthèse qui semble expliquer voire cautionner un acte infamant ne recoupe pas la réalité sociologique de notre commune volonté d’une vie commune. Chaque groupe social a ses vertus cardinales auxquelles il tient à la prunelle de ses yeux mais aussi hélas traine comme un boulet ses tares congénitales.

Nous faisons l’économie d’exemples d’autosatisfaction et de nombrilisme observables et mesurables d’un groupe à l’autre. Ils font légion qui n’empêchent pas  cependant une vie en symbiose.

Enfin, le sens de l’altérité commande de disséquer l’ethnocentrisme, sentiment très largement partagé. Nous croyons qu’il est un réflexe social commun à beaucoup de peuples et de groupes. Il ne prête pas à débat tant qu’il est géré dans les chaumières et les sphères privées mais sur l’espace médiatico-public il conduit à des déchirures du tissu social. Il devient nuisible lorsqu’il débouche sur le communautarisme à outrance ou pire sur le repli identitaire.

Les dogmes religieux très généreux vouent aux gémonies pareille attitude. Pour autant, il n’est pas rare de retrouver dans les aphorismes de diverses langues des propos qui font frémir tant leur teneur sape l’unité nationale et la cohésion sociale dont le Sénégal a le secret.

Au demeurant, chaque jour, nous jouons à nous faire peur. Il a raison Talla Sylla. Qui soutient que « notre pays est l’un des rares pour ne pas dire le seul au monde où l’on voit au coin de la rue deux citoyens asséner des propos qui sous d’autres cieux ont mis le feu aux poudres ». Sans autre forme de procès !

Par atavisme, le peuple sonné, ébranlé, plie mais ne rompt pas : il rit jaune ; contient sa frustration ; avance dans la gêne ou le dépit ; sublime ses tendances agressives et fait preuve d’amnésie collective. Jusqu’à la prochaine alerte.

Point de jugement hâtif. Blâmons la contrevenante et prions pour elle sans chercher de bouc-émissaire. En évitant de tirer à hue et à dia. N’ouvrons pas la boite de pandore. Insistons plus sur le génie de notre peuple.

L’intellectuel au service de son peuple ne s’aventure pas à saborder la cohésion nationale ; sa mission première est de trouver des compromis dynamiques.

Que le Dieu des croyants, les libations des païens, l’espoir des athées continuent à préserver la société d’exception sénégalaise.

NDIAYE Bouna Sémou

Instituteur à Dahra

paakuur@gmail.com

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