Suite au drame, les autorités judiciaires se sont autosaisies avant de convoquer les potentiels responsables. Il s’agit des piscinistes Gabriel Faye et Alassane Diop, du surveillant de l’école Dicory Seye, des enseignants Papa Mame Mbaye Ndiaye et Aliou Gueye. Devant les agents enquêteurs, ces derniers ont tous contesté les faits qui leur sont reprochés. Placés en garde à vue, les mis en causes ont bénéficié d’une mise en liberté provisoire le 16 Août 2024. C’est ce mercredi qu’ils ont fait face aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar. D’emblée, les conseils de la défense ont introduit une exception de nullité réclamant l’annulation du procès verbal. En cause, la faute de notification tardive du droit d’un conseil aux mis en cause. Une réclamation acceptée par le président qui le joint au dossier.
Cependant, les prévenus, poursuivis pour homicide involontaire, réitèrent leur contestation. Âgé de 39 ans, le pisciniste, Gabriel Faye s’en lave les mains et se défend en premier. Il dira : «Ils étaient plus de 100 élèves. Lorsqu’ils sont venus je les ai divisés en deux groupes. Je m’occupais des filles et d’Alassane des garçons». Mais c’est sans compter sur le professeur d’anglais qui recadre le débat. Née en 1988, Papa Mame Mbaye Ndiaye revient sur le film du drame. «Je précise que les élèves n’étaient pas au nombre de 100 mais 54 et 9 accompagnants. l’accident est survenu après le repas. Quand ils ont fini la baignade ils sont allé se restaurer. Il y avait deux élèves qui célébraient leur anniversaire. Dans l’euphorie on ne l’a pas vu quitter le groupe. Ce n’est que quelques minutes plus tard que l’on a remarqué son absence. L’irréparable c’était déjà produit. », raconte-t-il.
Toutefois, le pisciniste qui était chargé de surveiller les garçons, assure que l’accident est survenu en dehors des heures de la baignade. Marié et père de trois enfants, Alassane Diop explique : «lorsque les enfants sont sortis de l’eau, j’étais en train de nettoyer. À un moment j’ai entendu un bruit lorsque je me suis retourné je l’ai aperçu avant de l’extraire de l’eau. Il était déjà inconscient. Au moment des faits, le défunt était seul au bord de la piscine. C’était en dehors des heures de la baignade». L’enseignant Aliou Gueye pour sa part dira : «Je suis prestataire dans cette école. J’ai été sollicité pour les accompagner à une sortie. Pour l’encadrement de façon bénévole. Je me suis jointe à eux le jour-j». Néanmoins, la parquetière qui a requis l’application de la loi pénale n’a pas manqué à asséner ses vérités.
Le ministère public indiqua : «c’est parce que vous avez manqué de vigilance que l’enfant a pu s’échapper. Lorsqu’on vous confie des enfants vous devez les surveiller méticuleusement. Vous avez été neuf à surveiller une cinquantaine d’élèves. Comment il a pu échapper à votre vigilance. C’est un manque de responsabilité notoire de la part des enseignants qui les accompagnaient». Mais, le conseil de la défense de tous les prévenus, Me Dieng estime qu’il n’y a pas d’infractions pénales dans cette affaire. «Cela devrait être imputé aux responsables de l’hôtel ou bien de l’école. Recherchons ailleurs les responsabilités civiles», plaide la robe noire. Quant aux conseils des piscinistes, ils réclament le renvoi des prévenus à des fins de la poursuite. «Ils étaient délégués pour surveiller la baignade. Celle-ci s’étant bien passée. Ils n’étaient pas tenu d’effectuer leur office. La mort est survenue après les heures de baignade», soutient l’avocat. Ce dernier a eu gain de cause. En effet, le tribunal, après en avoir délibéré, relaxe Gabriel Faye et Alassane Diop. Le juge déclare Papa Mame Mbaye Ndiaye, Aliou Gueye et Dicory Sèye coupables des chefs d’homicide involontaire. Les prévenus ont échappé belle. Le juge les dispense de peine. Ils recouvrent liberté.
Aïssatou TALL (Actusen.sn)