Aux yeux du public, la justice sénégalaise ne pèse pas plus lourd qu’un duvet d’oiseau. Car, estime-t-il, elle manque d’impartialité et d’indépendance. Surtout en cette période de crise sociopolitique marquée par des poursuites judiciaires contre des politiques, particulièrement ceux de l’opposition, ces jugements négatifs se sont montrés plus sévères. Face à ces jugements défavorables, le président de l’union des magistrats du Sénégal, Ousmane Chimère Diouf, qui se dit soucieux de la préservation du lien primordial de confiance entre les citoyens et leur justice, a jugé impératif de clarifier certains principes qui animent l’intégralité du débat public à savoir l’indépendance de la justice.
À l’en croire, à ce sujet, la quasi-totalité des intervenants publics émettent de sérieux doutes sur l’indépendance de la Justice sénégalaise, se fondant sur leur propre analyse de quelques décisions ou procédures intéressant des hommes politiques, ou sur une ingérence de l’exécutif dans le traitement de certaines affaires.
S’agissant de la présence du Chef de l’Etat et du ministre de la justice au sein du Conseil supérieur de la magistrature, l’actuel président de l’ums est en parfaite contradiction avec Souleymane Téliko. Alors que ce dernier estimait que la justice ne peut être indépendante tant que le président de la République et le garde des sceaux feront partie de cette entité, Ousmane Chimère Diouf, lui, n’y trouve aucun inconvénient. À l’en croire, le manque d’indépendance ne peut pas être lié uniquement à la présence du Chef de l’État et du garde des sceaux d’autant que le conseil est majoritairement composé de magistrats qui doivent pleinement jouer leur rôle.
«D’aucuns estiment que la composition actuelle du conseil supérieur de la Magistrature ne permet pas aux magistrats de jouir pleinement de leur indépendance du fait de la présence du Chef de l’État et du garde des sceaux, limitant donc leur conception de cette notion aux seules décisions prises par cette instance. Cette conception réductrice appelle de notre part les remarques suivantes : le magistrat lui- même ne doit pas créer les conditions de sa vulnérabilité en faisant de son lieu de travail un critère d’indépendance, il doit être prêt à servir partout où le devoir l’appellera en ne se souciant que de bien faire son travail », soutient-il.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)