La 15e session de l’Assemblée des Etats Parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) s’est ouverte, hier, 16 novembre 2016 au siège de l’institution internationale à La Haye. A cette occasion, le Garde des Sceaux, ministre des Sceaux, en tant que président de cette Assemblée a présidé l’ouverture de la cérémonie avant de prononcer un discours puissant dans un contexte traversé de vérités crues mais aussi d’appels à l’apaisement suite aux retraits annoncés de la CPI par l’Afrique du Sud, le Burundi et la Gambie.
Tout en rappelant les moments historiques de luttes engagées pour une justice mondiale, de Nuremberg à Rome, de New-York à La Haye, Me SidikiKaba a mis le curseur sur le «sentiment d’injustice (qui) traverse le continent africain dont beaucoup de ressortissants perçoivent la CPI comme l’expression d’un impérialisme judiciaire qui veut punir ses dirigeants panafricanistes».
Pour lui, «cette perception a pris les contours d’une crise qu’il faut vite circonscrire depuis le retrait des trois Etats africains» dont il faut convenir de l’acte de souveraineté, tout en les conviant à rester dans la CPI.
Le président de l’Assemblée des Etats Parties de la CPI a plaidé pour une «justice égale pour tous sans aucune discrimination selon que l’on soit un Etat faible ou fort, ou un Etat riche ou pauvre». Il a dégagé cinq directions à engager pour y parvenir.
Entre autres directions, il y a le travail à l’universalité de la Cour, le renforcement de «la complémentarité pour que la justice soit rendue in situ par des systèmes judiciaires efficaces et performants, qui s’appuient sur les normes et garanties internationales». Il y a aussi la réforme de«la gouvernance mondiale actuelle issue de Yalta qui confère le droit de veto à cinq grandes puissances qui peuvent l’exercer selon leurs intérêtsgéostratégiques, distillant ainsi une justice àgéométrie variable. Le droit de veto ne doit pas être un privilège. Il doit être une lourde responsabilité», a-t-il souligné.
Pour Me Kaba, «il faut renforcer les moyens financiers, humains et logistiques du Bureau du Procureur pour qu’il puisse mener des enquêtes dans tous les théâtres de conflits. Ainsi ce ne seront plus des Africains seuls qui seront devant la Cour.
Les procès impliquant les ressortissants d’autres pays délégitimeront les critiques portées contre la CPI laissant croire qu’elle est contre l’Afrique». Avant de défendre la nécessité d’une communication innovante pour mieux faire connaître la Cour et faire partager ses valeurs et principes.
«Dans un monde traversé par l’extrémisme violent, et par de nouvelles menaces aux contours diffus et dangereux, il est plus qu’urgent et nécessaire de défendre l’idéal d’une justice pour tous sans discrimination, sans distinction d’aucune sorte, pour que nous puissions vivre dans la liberté et la paix notre humaine condition dans notre commune planète», le président de l’Assemblée des Etats Parties au Statut de Rome de la CPI a clôturé son message sous un tonnerre d’applaudissements.
Soro Diop (Correspondance particulière)