Ancien Conseiller technique (2001-2007) et Conseiller spécial (2007 – 2012) à la Présidence de la République, sous le régime de l’ancien Président Wade de 2001 à 2012, Omar Seck dévoile, enfin son engagement pour la politique et le développement. Après un bref compagnonnage avec Abdoulaye Baldé, lors des Législatives de juillet 2017, le Président de l’Association «SOS Ferlo» réaffirme sa ferme volonté de continuer à œuvrer dans le développement du pays, en partageant son savoir-faire et ses expériences. Au détour d’un entretien accordé à SourceA, Omar Seck dit tout.
Entretien !
SourceA : Pouvez-vous nous dire d’où vous est venu votre engagement d’acteur du développement ?
Omar Seck : «Sur près de 9 ans en cumul et cycles normaux, j’ai étudié plusieurs disciplines importantes, pour un profil pluridisciplinaire compact, en vue d’une efficacité optimale, en intervenant dans la mise en œuvre des politiques de développement socioéconomique de mon pays : Gestion des ressources naturelles, Développement agricole et rural, Communication et vulgarisation agricoles, Aménagement pastoral et Agrozootechnie. Tout ceci, grâce à l’appui déterminant initial de Feu mon Grand Frère Djibo Leyti Kâ, Dieu Veuille l’Accueillir dans les Hauteurs de Son Paradis !
Je me suis investi en privant ma famille de privilèges, contre une conscience tranquille
J’ai contribué au développement d’outils d’évaluation de nos ressources pastorales, dans le cadre d’un programme de la NASA destiné au Sahel, le projet-pilote y afférent étant exécuté par le Centre de Suivi Ecologique (CSE), au Sénégal. Grâce à l’équipe multidisciplinaire dotée d’un noyau d’écologistes dont moi-même, le CSE est, maintenant, capable de fournir la carte de biomasse de nos pâturages sur tout le Sénégal, sans se rendre sur le terrain, avec l’aide d’une station de réception en temps réel, in situ, avec une chaîne de traitement interne des données satellitaires reçues. C’est de cette expérience que je suis allé faire Développement agricole et rural et ensuite, Gestion des ressources naturelles. «Je me suis investi, en privant ma famille de privilèges, contre une conscience tranquille».
SourceA : Quels sont les postes de hautes responsabilités que vous avez occupés durant votre carrière ?
Omar Seck : «J’ai été Homologue de l’Expert Ecologiste au CSE, Conseiller Technique, puis Conseiller Spécial auprès du Président WADE, avant de revenir au Ministère Chargé de l’agriculture. Cette expérience très enrichissante m’a permis une forte activité de terrain dans la quasi-totalité des zones agro-écologiques du pays. Puis, j’ai eu le privilège de pouvoir mettre à contribution mon humble expérience, en suggérant de modestes inputs techniques susceptibles, éventuellement, d’être pris en compte dans certaines décisions du Chef de l’Etat. Dans le cadre de la présidence de Conseils de Surveillance d’agences d’exécution, de Comités de Pilotage ou organes similaires d’orientation et de suivi de projets et programmes. Nous avons effectué diverses missions, pour appuyer techniquement des structures. En missions Conjointes Gouvernement du Sénégal-Bailleur, nous avons participé à Supervision et Suivi à mi-parcours de ces entités. Et permettez moi d’en remercier, très sincèrement, le ministre, Dr Papa Abdoulaye Seck.
Comme Conseiller technique (2001-2007) et Conseiller spécial (2007 – 2012) j’ai eu à intervenir dans le cadre d’un règlement d’un conflit grave ayant opposé la Compagnie sucrière Sénégalaise de Richard-Toll au village de Colonat. J’ai, également, participé à la sauvegarde du processus de mise à disposition du financement par Sa Majesté le Roi Mohamed VI du Maroc de la première ferme moderne (Ngomène) du Plan REVA devenu ANIDA, à la résolution de la crise du Ranch de Dolly(Feu Djibo Leyti Kâ ayant fait l’essentiel auprès de la haute Autorité-Partie et moi, en donnant des informations sensibles mais justes, à qui de droit, pour son évaluation de la gravité des risques potentiels y afférents. Aussi, il m’a été donné de contribuer à faire accepter la pertinence d’une Loi d’Orientation Agrosylvopastorale et de conduire design de son ossature. Enfin, je suis fier d’avoir contribué, avec l’appui d’amis du chef de l’Etat, à la préservation de l’ISRA d’une réforme suggérée par un Assistant étranger d’une très haute personnalité et qui aurait eu de sérieux impacts négatifs sur notre agriculture, » entre autres.
SourceA : Que regrettez-vous de n’avoir pas réussi durant les années où vous étiez Conseiller sous le défunt régime du Président Wade ?
Omar Seck : «J’ai fait des propositions encore d’actualité, agréées, mais peu ou pas exploitées par les Services compétents. C’est le cas, par exemple, des reconversions de nos pêcheurs artisans dans l’aquaculture, en se fondant sur l’expérience de la République populaire de Chine, du développement de l’aquaculture de repeuplement (R. P Chine, Royaume du Maroc), de la maîtrise de l’eau dans l’agriculture : dérivation du Fleuve Sénégal dans le Ferlo. Et ce n’est pas tout. Car j’ai, aussi, fait des propositions pour le traitement gratuit des anciennes carrières où était extrait du sable pour la construction de la grande mosquée de Touba. Plusieurs dizaines de camions de vidange de fosses septiques y déversent, chaque heure ou moins par jour, des déchets pouvant polluer les nappes d’eau souterraines. C’est un danger écologique majeur pour Touba et ses environs, nonobstant les installations actuelles limitant la pollution. La zone a été filmée par hélicoptère (Armée de l’Air), avec un représentant du Khalife général Feu Serigne Bara Mbacké et l’investisseur potentiel ayant déjà trouvé le financement du projet Waste to Energy.
Il consistait en la production d’énergie électrique par la transformation d’ordures ménagères (achetées par le projet), couplée avec la désalinisation de l’eau de mer, dont le coût énergétique est un facteur limitant. Certains intérêts liés au choix d’un autre Bailleur pour un Centre d’enfouissement technique très controversé auraient eu raison de la volonté des Hautes autorités d’accepter ce projet, sous réserve du vote de la loi relative à la fixation du prix du KWH pour les énergies renouvelables.
SourceA : Que pouvez-vous nous dire sur votre engagement politique ?
Omar Seck : «J’aurais adhéré à une doctrine, si le patriotisme en était une. »Aux dernières Législatives, j’ai été investi sur liste nationale avec mon frère Abdoulaye Baldé, qui m’en a donné l’opportunité, pour rappeler que je suis un acteur politique (pas politicien) de longue date, utile et actif dans la vie collective de mon terroir. Alors, en mission, j’ai mobilisé «mes électeurs» par téléphone en une semaine et ne suis allé sur le terrain qu’à trois jours de la fin de la campagne électorale, après avoir fait un aller-retour Tamba-Linguère-Tamba de 24 heures, pour recevoir, Abdoulaye Baldé qui, sur ma demande de dernière minute, m’avait fait place, spontanément, dans sa Coalition. C’est lui qui m’a accueilli, installé et accompagné comme jamais Conseiller n’a connu de lui à la Présidence de la République, de 2001 à son départ pour le Gouvernement, 8 ans après. Nous avons fait un résultat plus qu’honorable. Je lui exprime ma profonde gratitude.
«Mon ambition est d’être de ces gens d’action : un soldat du développement… »
Je ne suis et ne saurais être indifférent à la politique, mais je considère qu’à côté de la classe politique qui «nourrit les populations d’espoirs», il devrait en exister une autre devant «donner aux citoyens de bonnes raisons (factuelles) de reconnaître l’appétence de ce mets populaire», en déperdition avec le temps. Mon ambition est d’être de ces gens d’action : un soldat du développement, et ne point manquer de me réjouir que d’éventuelles retombées de mes actions profitent à ceux qui m’aident à les réaliser. Un engagement au détriment de l’action m’aurait beaucoup rapporté, mais je remercie le Président Wade d’avoir bien voulu respecter mon choix.
C’est ainsi qu’en 2012, au soir de la proclamation de la victoire du Président Macky Sall, j’ai déclaré à la radio communautaire implantée par mon grand-frère Habib Sy, à Linguère que, dès lors, je me mettais à la disposition du nouveau Chef de l’Etat et j’ai regagné Dakar. Au soir du 24 février 2019, cette conduite sera invariable, car j’ai le devoir d’être toujours prêt à servir mon pays, le plus efficacement possible, dussé-je compromettre des intérêts personnels. Le Tout-Haut est toujours là pour compenser, si j’en lèse ma famille et moi-même ; j’en suis convaincu– Dieu Merci ».
SourceA : Quels conseils pour les programmes agricoles des candidats aux élections présidentielles ?
Omar Seck : «Un bon programme agricole, avec comme clé de voûte l’exigence de mise en œuvre efficace des projets et programmes, pourrait s’articuler autour des points suivants : Révision du mode de subvention des intrants agricoles, Transfert des eaux de surface vers les zones arides, Mise à l’échelle des bonnes pratiques reconnues, Incorporation de concepts et principes vecteurs de la durabilité des acquis des projets et programmes dans leurs modalités d’intervention et le développement de Chaînes de valeurs inclusives (intégrant changement climatique, assurance agricole, mécanisation rationnelle, accès au crédit efficient…) ». C’est dire qu’un acteur de développement, pour être prolifique, gagnerait à être en phase avec celui dont le pouvoir (de décision) est incisif, la volonté (politique) fécondante : le Président de la République en exercice.
Ndèye Aminata Diaham (SourceA)