Poursuivi pour détournement de mineure sur la personne de A.C.S., John Chubuid Onwuzuruigbo a fait face, hier, au juge du Tribunal d’instance des flagrants délits de Dakar. La partie civile lui reproche d’avoir hébergé et abusé de sa fille en fugue. Le délégué du procureur a requis 3 mois ferme contre lui.
La dame M.S., mère de la fillette de 17 ans, A.C.S. est en train de vivre les pires moments de sa vie. Partie en Côte d’Ivoire pour faire le deuil de son père, elle a dû écourter son séjour car ayant appris que sa fille de 17 ans a fugué de chez elle. C’est ainsi qu’elle a entrepris des recherches dans son quartier. Munie de la photo de sa fille disparue, elle a vainement fait le tour de Grand-Yoff. De guerre lasse, elle a finalement saisi le Commissariat de ladite localité pour déclarer la disparition de sa fille.
Ce n’est qu’un mois après qu’elle a retrouvé sa fille. C’est une voisine qui est venue tard dans la nuit pour l’informer que l’adolescente était au seuil de la maison. Ainsi, elle a accouru et a trouvé sa fille déprimée, pieds nus. Elle a ainsi récupéré sa fille avant d’aller à la police pour l’informer afin que les circonstances de sa disparition soient élucidées.
La victime, qui ne cesse de crier le nom de John, a été finalement amenée chez les assistantes sociales parce qu’elle souffre de troubles mentaux
Face aux multiples questions des agents enquêteurs, la pauvre adolescente a fini par lever le voile. Elle révèle avoir été pendant tout ce temps avec un homme de 40 ans du nom de John et que celui-ci abusait d’elle. Sans désemparer, les policiers ont contacté le gars qui s’est présenté dans leur service. Mais l’arrestation de John Chubuid Onwuzuruigbo n’a pas permis à la dame de récupérer sa fille car, cette dernière malheureusement a encore fugué. Cette fois-ci, la partie civile pointe du doigt les amis de John.
«En réalité, elle était avec l’entourage de John, sous la complicité du pasteur. Ils l’ont fait venir le premier jour du procès, sans que je ne sois au courant. Ils mettaient la pression sur ma fille pour qu’elle plaide en faveur de John. Ma fille a perdu ses facultés», lâche la maman désespérée.
Le prévenu dit avoir passé deux jours avec la victime, alors que l’enquête révèle que celle-ci est restée 3 semaines dans sa chambre
Poursuivant, la maman de la mineure renchérit : «Quand elle a fugué la seconde fois, le pasteur John avait vu ma fille à l’église. Celui-ci n’a pas osé m’appeler pour m’informer, alors qu’il m’avait promis de le faire. Le pasteur avait dit à ma fille que si elle était là à l’audience avec John, celui-ci allait être libéré et qu’ils pourraient partir ensemble après au Nigéria», argue-t-elle. À en croire la plaignante, sa fille a été finalement amenée chez les assistantes sociales parce qu’elle souffre de troubles mentaux. «Les médecins m’ont révélé qu’elle était malade et qu’elle avait des problèmes psychologiques. Ma fille ne sortait pas, c’est une gamine qui ne connaît que les biscuits, les yaourts et les supermarchés. Maintenant elle est perdue et elle ne fait que parler de John », dit-elle entre des sanglots.
Prévenu : «Après avoir entretenu des relations sexuelles avec elle, Aminata venait tous les jours suivants, à 22 heures, chez moi pour que j’assouvisse ses désirs»
Prévenu de détournement de mineure, le ressortissant nigérian, John Chubuid Onwuzuruigbo, a reconnu avoir couché avec la fille. Mais pour se défendre, il fait croire au juge que c’est cette dernière qui le forçait à le faire. Résidant aux Parcelles Assainies U21, le prévenu est un vendeur de friperie. À la barre, il raconte que c’est la victime qui est venue le trouver à son lieu de travail pour lui faire part de ses problèmes avec sa mère. Ne connaissant pas la jeune fille, John dit l’avoir éconduite. Mais, poursuit le prévenu, elle est allée se poser à côté de la vendeuse d’arachide et y est restée de 18 heures à 22 heures.
«Quand j’ai décidé de rentrer avec mes invités, elle m’a emboîté le pas. Arrivés chez moi, je lui ai dit de ne pas entrer, mais elle a éclaté en sanglots disant qu’elle n’a nulle part où dormir. Mes invités m’ont dit de la laisser dormir dans la chambre », se blanchit le prévenu. Selon ce dernier, c’est après que ses amis sont rentrés le lendemain que la fugueuse lui a proposé de coucher avec elle. « J’ai refusé, mais elle ne m’a pas laissé le choix. Ainsi, ce fut une habitude car elle venait tous les jours suivants à 22 heures chez moi pour que je lui fasse l’amour. Elle m’a fait croire qu’elle a plus de 18 ans», soutient-il. Pour toute cause de préjudice confondue, la partie civile réclame la somme de 20.000.000 de francs CFA.
Le délégué du procureur déduit que la gamine a été endoctrinée par le prévenu et son pasteur
Dans ses observations, le délégué du procureur a estimé que le prévenu tente de nier avoir passé trois semaines avec la victime juste pour se soustraire de sa responsabilité pénale. Il déclare l’avoir hébergée seulement 2 jours alors que la victime a déclaré qu’il l’a hébergée et qu’ils ont entretenu des rapports sexuels à maintes reprises. « Elle soutenait aussi qu’elle était en contact avec le guide spirituel de John, le pasteur. Allant plus loin, sa mère soutenait que John l’avait inscrite à une autre école. Je dis que par rapport à ces circonstances, on ne peut pas dire qu’une relation de 2 jours peut aboutir à ça», indique le parquetier. Par voie de conséquence, il a requis une peine de 3 mois ferme contre John Chubuid Onwuzuruigbo. À sa suite, le conseil de la défense a sollicité une application bienveillante de la loi pénale en faveur de son client.
La petite amie du prévenu, toute en pleurs, quitte furtivement son siège en prenant la parole sans qu’on ne la lui donne
Après que l’affaire est mise en délibéré au 25 avril prochain, l’assistance a eu droit à une minute de détente. En effet, la petite amie du prévenu, toute en pleurs, quitte furtivement son siège en prenant la parole sans qu’on ne la lui donne. Mais, le tribunal après l’avoir rappelée à l’ordre, l’a invitée à venir à la barre. Une fois au parloir, elle déclare : « Je suis sa copine et on a fait 7 ans de relation. Je suis de nationalité sénégalaise en plus sérère ». « Mais John vous trompe. Vous êtes terrible John. Mais John mi qu’est-ce qu’il a de particulier pour que vous couriez derrière lui comme ça », lui lance le juge. La fille Thérèse Agnès Ndiaye continuait à verser de chaudes larmes à la barre. Mais, le procureur lui a sèchement dit de ne pas les importuner avec ses pleurs, puisque John n’est pas son mari.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)