La réclusion criminelle à perpétuité, c’est la peine requise hier par la représentante du Ministère public contre Alioune Dièye. Ce dernier est accusé d’avoir assassiné Maguette Kaïré. Sa victime était le petit ami de sa sœur. Il a eu le malheur d’être vu par son bourreau en train de flirter avec cette dernière.
Alioune Dièye risque de finir ses jours en prison. En effet, le Parquet a requis la réclusion criminelle à perpétuité. Il était jugé, hier, à la barre de la Chambre Criminelle de Dakar. Âgé de 23 ans, Alioune Dièye est accusé d’avoir assassiné le petit ami de sa sœur, Maguette Kaïré, par excès de colère. Les faits remontent au 27 avril 2017, à Keur Massar.
Cette nuit-là, Aïssatou Dièye avait dit à son frère qu’elle se rendait chez Maguette Kaïré, pour récupérer son argent. Ayant duré là-bas, sa mère a demandé après elle et son frère Alioune Dièye a décidé d’aller la chercher chez le défunt. Après avoir toqué vainement à la porte, il a escaladé le mur, car il était convaincu que sa sœur était dans ce chantier qui sert de domicile à Maguette. Quand il a aperçu la lumière de la chambre de Maguette allumée, il a regardé à travers la fenêtre, et a vu la victime couchée sur sa sœur. C’est le commencement des problèmes.
Cette scène, qui n’honore guère sa sœur, a mis Alioune Dièye dans une colère indescriptible. C’est dans ces circonstances qu’il est parti chez lui récupérer un bâton et un couteau. Sa mère à qui il a expliqué la scène, a, à son tour, saisi les armes et lui a promis de régler l’affaire, quand il fera jour. Mais Alioune Dièye n’en démord pas.
C’est à l’aide du couteau avec lequel il égorgeait la volaille qu’il poignardé sa victime au thorax
Dominé par la rage, Alioune Dièye a décidé de solder ses comptes à Maguette Kaïré. Pour ce faire, il est allé récupérer le couteau avec lequel il égorgeait la volaille qu’il élevait chez lui et est retourné dans le domicile de la victime. Cette fois-ci, il a toqué, avec violence, à la porte. Quand celui-ci l’a ouverte, sa sœur a pris la tangente et les deux hommes se sont mis à se bagarrer. C’est au cours de cette altercation qu’Alioune Dièye a tué à Maguette Kaïré, en le poignardant au thorax. Il a par la suite abandonné sa victime qui s’est effondrée par terre en lui disant : «tu n’as récolté que ce que tu mérites».
Revenant sur les circonstances du drame, l’accusé Alioune Dièye commence par reconnaître le fait d’avoir donné la mort à Maguette Kaïré. Sur le mobile du crime, il évoque la thèse du viol. A l’en croire, quand il était venu chercher sa sœur, il a entendu celle-ci dire : «Maguette Bayima» (Maguette laisse-moi). Sur ces entrefaites, il a escaladé le mur du chantier qui servait de domicile à la victime. «C’est en regardant à travers la fenêtre que j’ai surpris Maguette Kaïré sur ma sœur qui était presque nue», raconte-il.
Le meurtrier présumé : ‘’c’est en regardant à travers la fenêtre que j’ai surpris Maguette Kaïré sur ma sœur qui était presque nue’’
Poursuivant, Alioune Dièye avoue avoir, dans un premier temps, pris un couteau et un bâton qui ont été ensuite saisis par sa mère. Même si, à l’enquête, il avait allégué qu’il a passé outre les recommandations de sa génitrice, en allant sur la terrasse récupérer un couteau, avant de retourner chez sa victime, l’accusé a tenu une autre version à la barre. D’après lui, en retournant chez Maguette Kaïré, il n’était pas armé. «Je l’ai poignardé avec son arme. J’ai saisi l’arme, quand elle est tombée, suite à notre bagarre», se défend-t-il.
Entendue, à titre de renseignement, Aïssatou Dièye tente de disculper son frère. A l’en croire, la victime qui de surcroît était son petit ami, avait tenté de la violer. Pire, il l’avait menacée avec un couteau à pain. D’après elle, c’est avec cette arme que son frère a tué son petit ami. Mais le certificat médical fait état d’une blessure thoracique profonde. Ce qui écarte la thèse du couteau mentionné par Aïssatou. Sur le caractère colérique de l’accusé, Nafissatou Diop, sa mère, soutient que son fils est calme et doux. Ce, malgré le fait que celui-ci ait reconnu, devant les magistrats, qu’il est incontrôlable, quand il est en colère.
Au terme des débats, la représentante du Ministère public pour qui l’accusé avait nourri le dessein de tuer Maguette Kaïré, a requis la réclusion criminelle à perpétuité.
La défense est d’avis que le maître des poursuites a fait un réquisitoire sévère. « C’est un jeune calme, même si, parfois, il peut entrer dans un excès de colère. Il était promis à un bel avenir. La victime l’initiait à la tarikha tidiane. Mon client lui vouait une admiration. Quand il a vu sa petite-sœur dans cette situation avec l’homme qu’il vénérait, il a été surpris», a plaidé Me Assane Dioma Ndiaye. La robe noire, qui est convaincue que son client mérite une seconde chance, a demandé une application bienveillante de la loi pénale.
L’affaire mise en délibéré, le Tribunal rendra sa décision le 28 décembre prochain. En attendant d’être élucidé sur son sort, Alioune Dièye retourne à la citadelle du silence où il croupit depuis trois ans.
Adja Khoudia Thiam, Stagiaire (Actusen.sn)