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Pour se faire de l’argent facilement : Mouhamed Dème s’est procuré 30 cartes Rapidos pour le compte d’une entreprise de transport et les louait aux chauffeurs

En détention depuis 7 mois, Mouhamed Dème et Alassane Gningue ont comparu hier devant la barre de la chambre correctionnelle de Dakar. Poursuivis pour association de malfaiteurs, introduction frauduleuse dans un système informatique, usurpation d’identité, contrefaçon de sceau et escroquerie, ils risquent des peines allant de 6 mois à 1 an ferme. Mouhamed Dème s’était procuré 30 cartes Rapidos pour le compte d’une entreprise de transport et les louait aux chauffeurs. La chambre rendra son verdict le 08 septembre prochain.

Beaucoup de jeunes diplômés qui se décarcassent pour avoir une « place à l’ombre » aimeraient être à la place de Mouhamed Dème. Mais, ce dernier n’a pas pu, malheureusement, profiter de la chance dont la vie l’a gratifié. Titulaire d’une licence en informatique, il a été débauché par la Cfao alors qu’il était en stage à la société de transport Khoury. Mais, à peine a-t-il commencé son nouveau boulot, il a été aussitôt démis de ses fonctions pour avoir eu des ennuis avec la justice.

Il résulte des débats tenus à la barre que le prévenu Mouhamed Dème était détenteur d’une carte Rapidos que la société Khoury lui avait remise pour circuler librement sur l’autoroute. Mais, après avoir quitté ladite société, il a emporté la carte avec lui et a continué, un mois après, à bénéficier des services de Effage gratuitement en utilisant la carte. Puis, il a créé un compte qui se rapproche du mail de la société pour faire des commandes de carte rapidos pour le compte de Khoury Transport. Une commande de 30 cartes qu’il récupère quelques jours plus tard aux fins d’initier une entreprise frauduleuse. Pour mieux appâter la société Effage, il a confectionné un cachet de Khoury Transport. C’est ainsi qu’il a créé des comptes pour des sociétés de transport et passe des commandes à leurs noms. Ensuite, les cartes sont louées à des conducteurs de transports qui faisaient la navette entre Dakar-Thiès.

Ces derniers, grâce aux cartes, circulaient à leur guise sur l’autoroute. Ces agissements ont été découverts au début du mois de janvier, au moment du règlement mensuel de la consommation. Des factures ont été envoyées aux sociétés pour lesquelles Mouhamed avait commandé les cartes. L’édition de ces factures détaillées comprenant les dates, heures, lieu de passage, catégorie du véhicule, tarif et numéros  de cartes Rapidos utilisées ont ahuri ces sociétés qui ont signifié à Effage n’avoir jamais fait ces commandes de cartes ni consommé les tarifs indiqués sur les factures.  C’est ainsi que des investigations et des recoupements ont été rondement menés et à l’issue desquels Mouhamed Dème a été désigné comme l’auteur de ces faits. À cet effet, Mouhamed Dème et ses complices chauffeurs, en l’occurrence Alassane Gningue, Pape Sow, Fary Ndiaye, Asse Seck, Gora Mbaye et Mouhamed Thiam, ont été arrêtés.

Mouhamed Dème reconnaît les faits sans ambages, Alassane Gningue conteste

Pour des faits d’association de malfaiteurs, introduction frauduleuse dans un système informatique, usurpation d’identité, contrefaçon de sceau, escroquerie et recel, Alassane Gningue, Pape Sow, Fary Ndiaye, Asse Seck, Gora Mbaye et Mouhamed Thiam ont comparu hier à la barre de la chambre correctionnelle de Dakar. Contrairement aux autres prévenus qui contestent les faits une fois à la barre pour se soustraire de leur responsabilité pénale, Mouhamed Dème a été franc avec le juge. Sans coup férir, il a confié comment il s’est procuré ces cartes et a enfoncé son co-prévenu, Alassane Gningue qui, à son tour, profitait lui aussi de ce deal en louant les cartes à ses collègues chauffeurs. « Je me suis fait passer pour la société Khoury Transport et j’ai fait une commande de 30 cartes qu’ils ont confirmée.

Allant récupérer la commande, je me suis représenté en qualité d’employé de ladite société avec un cachet que j’ai moi-même confectionné. Effage m’a livré 30 cartes. J’ai donné 20 à Alassane Gningue et 10 à Mame Gor », dit-il. Non sans revenir sur les circonstances dans lesquelles il a connu A. Gningue. « Un jour, j’ai loué sa voiture. Il est venu me chercher chez moi aux Maristes et devait me conduire à Thiès. Arrivé au niveau de la station de paiement, Mouhamed a sorti sa carte pour passer. Captivé par le fait, il m’a demandé de lui louer la carte. C’est ainsi que je lui ai donné la carte à 5000 francs la journée. Connaissant le procédé, j’ai ensuite acquis d’autres cartes qu’il louait à son tour. Je lui avais clairement parlé de l’origine de la carte.»

Son coprévenu, Alassane Gningue , a réfuté ses déclarations. A en croire ce dernier, Mouhamed ne lui a jamais parlé de la provenance illicite des cartes. « Il m’a fait croire qu’il travaillait pour une entreprise de transport qui lui avait remis les cartes », tente-t-il de se dédouaner. Mais ses contestations ne sauraient le disculper compte tenu des dépositions de ses amis chauffeurs selon qui Alassane leur louait la carte moyennant la somme de 7.000 francs la journée. « Alors que je lavais mon véhicule, Gningue est venu me proposer la carte. Il l’a louée à 7.000 francs avant de m’assurer qu’il n’y avait pas de danger. J’y gagne 1000 francs par voyage. »

Le Parquet fait un réquisitoire très sévère, la défense implore la clémence du juge

Prenant la parole pour ses observations, le substitut du procureur a demandé au tribunal de relaxer Mouhamed du délit de contrefaçon de sceau parce que les cachets en question appartiennent à des sociétés particulières et non à l’état. Poursuivant, le parquet a demandé la requalification des faits de recel reprochés aux chauffeurs auxquels Alassane sous louait les cartes en escroquerie et les condamner à 6 mois ferme. Car, estime-t-il, ils se faisaient passer pour les vrais propriétaires des cartes.

Pour le cas de Alassane Gningue, il a souhaité que le délit de complicité soit maintenu à son encontre et le condamner à 1 an d’emprisonnement dont 6 mois ferme. Car, celui-ci louait les cartes alors qu’il n’est pas habilité par Effage. S’agissant du prévenu principal, Mouhamed Dème, il a requis la peine de 2 ans dont 1 an ferme car, pour le maître des poursuites, les infractions qu’il a commises sont graves et méritent d’être sanctionnées. A sa suite, les avocats de la défense ont, tour à tour, sollicité une application bienveillante de la loi pénale. Délibéré le 08 septembre prochain.

Adja K. Thiam (Actusen.sn)

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