Si elle savait que parmi ces vingtaines d’employées, deux allaient lui faire emprisonner, après 5 ans de règne, Martina Nkumeka dite Sweet n’allait sûrement pas collaborer avec Ogochi et Natacha. En effet, si la proxénète reconnue coupable est dans de sales draps aujourd’hui, c’est parce que Ogochi et Natacha ont décidé de vendre la mèche. Arrêtées à Matam, en juin dernier, au cours d’une opération de coup de poing, les deux filles de joie, devant les enquêteurs, ont vendu la peau de leur patronne, Martina, qu’elle accuse de proxénétisme. En même temps, les deux filles dénoncent les pratiques de leur ex-patronne, l’accusant de leur faire subir des ébats sexuels multiples sans la contrepartie financière espérée ainsi que des sévices corporels.
De retour en voyage dans le Sénégal oriental, Sweet viendra chercher «ses filles» au commissariat de Matam où elle sera arrêtée et poursuivie pour proxénétisme. Devant le tribunal des flagrants délits de Matam, jeudi dernier, Martina Nkumeka est reconnue coupable de ce chef en plus de devoir payer aux deux parties civiles la somme de 450 000 F Cfa. D’ailleurs, elle a partagé la barre avec ses deux ex-employées qui ont confié qu’en quittant le Nigéria, aux frais de Martina Nkumeka, elles ne savaient pas le métier qui les attendait au Sénégal.
Selon elles, c’est une fois à Ourossogui, où Sweet entretient un réseau de prostitution depuis 2018, qu’elles ont été contraintes à se prostituer pour rembourser les sommes dues, qui sont liées à leur frais de voyage. A son tour, la prévenue qui les écoutait avec attention ne s’empêchait d’en rire, soutenant que Natacha et Ogochi savaient pertinemment depuis le Nigéria qu’elles devraient se prostituer pour rembourser leurs frais de voyage. D’ailleurs, même son avocat, venu de Dakar, jurera dans la salle que les parties civiles étaient conscientes du métier qu’elle allait exercer, retraçant d’ailleurs l’itinéraire qu’elles ont emprunté pour entrer au Sénégal. «Elles sont passées par voie terrestre. Et partout où elles sont passées, leur patronne a dû mettre la main à la poche pour qu’elles passent», dira l’avocat.
Si le procureur avait requis 10 ans fermes à l’encontre de la prévenue, il faut dire que le tribunal, en suivant la plaidoirie de la robe noire qui a demandé la clémence du juge, a retenu 3 mois fermes contre Martina Nkumeka qui devra aussi payer aux parties civiles la somme fixée.
L’on ne sait pas si elle va récidiver, mais Martina Nkumeka a perdu son empire ou en partie de celui-ci. Selon les confidences à nous faites, la prostitution et le proxénétisme l’ont tout donné, jusqu’à une villa à elle propre à Ourossogui où elle vivait avec son partenaire, devenu son époux. Mais il faut dire, qu’après 5 ans de règne, Martina, devenue proxénète entre temps, a assisté au déclin de son réseau de prostitution. S’il a fallu que Natacha et Ogochi, deux des filles de joie qu’elle emploie, s’échappent de son domicile et tombent à Matam sur une patrouille de police pour que tout s’écroule comme un château de cartes.
D’après nos informations, une perquisition à leur domicile à Ourossogui a permis aux flics du commissariat de Matam de trouver sur place une vingtaine de prostituées en plein exercice qui tenteront de prendre la fuite. D’ailleurs, un important lot de préservatifs et des pièces d’identité ont été saisis par les enquêteurs. Et deux complices présumées, Farince Chindo et Ester, seront interpellées sur place et conduites au poste de police avant d’être déférées au parquet de Matam même si elles seront libérées plus tard. Alors que le cerveau de ce réseau de prostitution était à Tambacounda avant qu’elle ne revienne plus tard se livrer.
Actusen.sn
