Le douanier Nguirane Ndiaye et son épouse Ndèye Fatou Kane ont comparu, hier, à la barre de la 2e Chambre Correctionnelle du Tribunal de Dakar. Ils sont poursuivis pour escroquerie portant sur le montant de 225 millions de francs Cfa. Le couple, qui sera élucidé sur son sort, risque 1 an de prison ferme.
Jugés et condamnés pour escroquerie au mois de Mai au tribunal des flagrants délits de Dakar, pour escroquerie, le douanier Nguirane Ndiaye et son épouse Ndèye Fatou Kane se retrouvent, encore une fois, à la barre. Ils sont poursuivis, cette fois-ci, pour faux et usage de faux en écritures privées, association de malfaiteurs et escroquerie. Le montant du préjudice s’élève à 225 millions de francs Cfa.
Cette affaire a éclaté en 2019, suite aux plaintes de Serigne Mbacké Sylla, Khaly Diouf, Serigne Abdou Khadre Ndongo et Mohamed El Hafedh Eljouri.
Toutes ces personnes se plaignaient des agissements du couple qui passait des commandes de téléphones-portables, à coup de plusieurs millions. Après livraison de la marchandise, les tourtereaux servaient diverses excuses pour ne pas payer les fournisseurs. Pour mieux appâter ces derniers, le couple leur montrait des copies de bons de commande. Et mieux, Nguirane se présentait comme un colonel des douanes en brandissant sa carte professionnelle, à titre de reconnaissance de dette.
Ndèye Fatou Kane : «mon mari m’a abandonnée. Il n’a cessé de me gruger. Il a gaspillé tout mon argent…»
Face à toutes ces accusations, les deux partenaires se renvoient la balle et chacun conteste les faits. Selon la dame Ndèye Fatou Kane qui est sous contrôle judiciaire, elle est victime de la «cupidité insatiable» de son mari. Avec une gorge nouée, elle explique : «je ne pouvais plus continuer à travailler du fait de la maladie de ma mère. C’est ainsi que mon mari m’a proposé son aide. Je ne pouvais pas imaginer qu’il ne payait pas les fournisseurs.
Après le décès de ma mère, je n’étais pas dans les dispositions de faire le contrôle, car je venais d’avoir un bébé». En sanglots, elle s’attaque vertement à son époux, en déclarant : «il m’a abandonnée. Il n’a cessé de me gruger. Il a gaspillé tout mon argent. Je n’ai jamais eu maille à pâtir avec la justice. Il m’a complètement déçue». Elle a été vite rappelée à l’ordre par le juge Maguette Diop qui l’a invitée à être correcte. En outre, elle précise que toutes les commandes qu’elle avait passées, elle les avait payées. Elle accuse, ainsi, son époux d’avoir passé, à son insu, des commandes.
Surpris par les accusations de sa femme, le douanier regrette de lui avoir rendu service
Tombé des nues suite aux accusations de son épouse, Nguirane Ndiaye plaide non coupable et regrette l’«ingratitude» de celle-ci. A l’en croire, il est cité dans cette affaire, parce qu’il voulait uniquement lui rendre service. «Je l’ai complètement prise en charge durant toute sa maladie. Elle a créé sa société en 2016. Je l’ai soutenue dans toutes ses démarches. C’est à travers elle que j’ai fait la connaissance des parties civiles. Il m’arrivait de leur laisser ma carte. Car, Djily me l’exigeait. Il ne voulait plus traiter avec elle. C’est en voulant bien faire les choses que je me suis retrouvé dans ce pétrin», a narré l’homme de 40 ans qui croupit en prison, depuis 2019. «Je ne saurais vous dire le montant exact. Je ne me suis jamais rendu chez eux, passer des commandes en mon nom. Je ne savais pas que les chèques que j’avais promis étaient sans provision», a-t-il poursuivi.
Les parties civiles, à tour de rôle, ont réclamé diverses sommes pour réparation des préjudices qui leur sont causées. Les montants varient entre 80 millions et 17 millions de francs Cfa.
Le représentant du Ministère public, qui est convaincu de la culpabilité des prévenus Ndèye Fatou Kane Kane et Nguirane Ndiaye, a requis 1 an de prison ferme contre eux. Pour ce qui est de l’exercice illégal de commerce qui est reproché à Nguirane Ndiaye, le maître des poursuites a demandé qu’il soit condamné à payer une amende ferme de 100 mille francs Cfa.
En ce qui concerne le prévenu Babacar Diallo qui est cité dans cette affaire, en tant que complice, le substitut du procureur de la République a requis sa relaxe pure et simple. Pour leur part, les conseils de la défense ont plaidé la relaxe des prévenus. Selon eux, les faits pour lesquels leurs clients comparaissent ne sont pas établis. Pendant que son conseil faisait état de son probable divorce, Nguirane Ndiaye fond en larmes. L’affaire mise en délibéré, la Chambre Correctionnelle rendra sa décision, le 26 novembre prochain.
Maguette Ndao (Actusen.sn)
