Si le juge suit le réquisitoire du Parquet, la restauratrice Ndjira Kama va passer 6 mois en taule. Elle faisait face au juge des flagrants délits de Dakar, hier, pour répondre des faits de détention de drogue et de tentative d’introduction irrégulière de drogue dans un milieu carcéral. Le tribunal rendra son délibéré le 30 mars prochain
La restauratrice Ndjira Kama est dans de beaux draps. Le substitut du procureur a requis, hier, à son encontre, une peine ferme de 6 mois. Elle comparaissait au tribunal des flagrants délits de Dakar pour répondre des faits de détention de drogue et de tentative d’introduction irrégulière de drogue dans un milieu carcéral.
En effet, la prévenue a été appréhendée par les gardes de la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss où elle sert des repas aux prisonniers dont les parents habitent loin. Ces derniers, en fait, l’ont chargée de nourrir leurs proches en détention moyennant une somme d’argent qu’ils lui versent mensuellement. C’est ainsi que le père d’un dealer écroué pour chanvre indien s’est abonné à elle. Mais à cause de ce prisonnier, elle s’est mise dans un pétrin d’où elle aura du mal à sortir.
En effet, après la mort du père de celui-ci, son frère est passé à sa gargote établie près de Rebeuss pour faire sa connaissance. Après avoir sympathisé, le gars lui a fait savoir qu’il était venu avec un plat d’haricots pour son frère prisonnier mais avait oublié sa carte d’identité pour accéder à la maison d’arrêt. Ainsi, le gars lui a emprunté sa carte nationale d’identité. Ce qu’elle a accepté sans se poser la moindre question. Quand le gars s’est présenté devant les gardes, ces derniers lui ont intimé l’ordre d’aller appeler la propriétaire de la carte qu’il leur a présentée.
Mais la prévenue lui a dit qu’elle ne pourra pas venir parce qu’elle est occupée. C’est après que le gars a déposé le plat chez les gardes et est parti que ces derniers ont interpellé la dame. Ce, pour lui expliquer qu’ils ont trouvé, après vérification, un cornet de chanvre indien dissimulé au fond du seau. Mais, la dame a vigoureusement contesté la propriété de la drogue qui lui a été imputée. Selon elle, c’est le frère du détenu qui a abusé de sa confiance. « Cela fait maintenant 10 ans que je vends de la nourriture aux détenus. Je leur livre le petit déjeuner et le déjeuner. À chaque fois que je me présentais au guichet pour introduire un plat, je présentais ma pièce », dit-elle.
Loin de croire aux déclarations de la prévenue, le représentant du ministère public a requis à son encontre une peine ferme de six (6) mois. Selon le parquetier, le repas était destiné à un pensionnaire qui s’activait dans le milieu de la drogue. « C’est un phénomène qui commence à prendre de l’ampleur. Heureusement que la drogue n’a pas échappé à la vigilance des gardes pénitentiaires », se réjouit-il.
Pour le conseil de la défense, Me Assane Dioma Ndiaye, sa cliente ne ferait jamais une chose pareille. Ce, pour la juste et simple raison qu’elle est très connue des lieux. « Tous ceux qui gravitent autour de la maison d’arrêt de Rebeuss connaissent la dame. Elle se présentait au guichet de la maison d’arrêt avec sa pièce d’identité pour livrer des repas aux pensionnaires. On ne peut pas lui reprocher la détention d’un produit prohibé. Elle est une victime. Elle est réputée être une dame correcte», tente-il de défendre et sauver l’honneur de la prévenue. Les débats clos, le tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le jugement sera rendu le 30 mars prochain.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)