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Procès en appel pour acte de terrorisme : Saër Kébé entre regret et repentir, le tribunal confirme la décision initiale 

En classe de 1ère S2, à l’époque, le jeune Saër Kébé avait été cueilli chez lui en 2014. Incriminé pour apologie du terrorisme, il a été placé sous mandat de dépôt. Après avoir purgé 4 ans de détention préventive, Saër avait été jugé et condamné par le Tribunal de grande instance de Dakar à 3 mois assortis de sursis.  En effet, les conclusions du juge en première instance n’ont pas été du goût du maître des poursuites.

Pour ce dernier qui avait requis 5 ans de réclusion criminelle, Saër Kébé ne devait pas être aussi tôt élargi de prison. À cet effet, le jeune homme est passé une seconde fois à la barre de la chambre criminelle spéciale d’appel, ce lundi. Devant le juge, l’accusé qui a tout mis sur le compte de la jeunesse, s’est confondu dans une pluie de remords.

« Je ne suis ni de près, ni de loin mêlé à une affaire de terrorisme », sont les premiers mots de l’accusé. Pour justifier ses propos postés alors à la page de l’ambassade des États-Unis « Nous préparons des attentats contre l’ambassade d’Israël au Sénégal et l’ambassade des Etats-Unis. Vous subirez de lourdes pertes », il déclare qu’il était juste sous le coup de la colère.

À l’en croire, il a fait étalage de sa colère et de ses états d’âme face aux nombreux exactions et violations des droits de l’Homme au préjudice de la Palestine. « À cette époque-là, j’étais en classe de terminal. On devait faire un exposé sur la colonisation et c’est moi qui devais faire les recherches préliminaires. Mais les images que j’ai découvertes sur le net m’ont choqué. C’est sous cette colère que j’ai envoyé ces messages via mon ordinateur », explique-t-il.

Poursuivant, il ajoute qu’il n’avait pas l’intention de réaliser les menaces qu’il avait proférées et n’avait pas non plus les moyens de les matérialiser. Selon lui, c’est une menace verbale, virtuelle et imaginaire. « Je ne savais pas que cela aurait un impact sur mon avenir, car mes camarades de classe poursuivaient leurs études, alors que moi je croupissais en prison. C’était juste une fougue de jeunesse. J’avais 18 ans, je n’étais pas conscient. Si c’était à refaire je ne le referais plus. Je n’étais pas animé par une idée de révolution et je n’avais non plus l’intention de semer la terreur. Je voulais juste condamner les images que j’ai vues sur le net ».

Et le président de lui lancer : « quand on est en colère il faut se retenir, car un esprit en colère ne réfléchit pas ». Ainsi, sur demande de l’avocat général, Saër est revenu sur son cursus scolaire. « J’ai débuté mes études ici à Dakar. Après la mort de ma mère je suis rentré à Mbour. Actuellement je suis étudiant en administration des affaires et ressources humaines à l’IAM », confie l’accusé qui affirme n’avoir jamais appris le coran.

« Je fais des cours en arabe des affaires. Cela s’inscrit dans le cadre de mes études. Je n’ai pas appris le Coran. Je connais que quelques sourates pour prier. Je ne suis pas affilié à des associations religieuses. Auparavant j’étais dans le ‘’dahira’’ des Moustarchidine, mais je n’y suis plus car c’est un choix que j’ai fait ».

Prenant la parole pour réquisitoire, l’avocat général estime que l’acte matériel ne souffre d’aucune contestation. « On a beau regretter, mais les dés sont déjà jetés. Ce n’est pas parce qu’on regrette qu’on va se soustraire de ses responsabilités pénales », déclare l’avocat général qui a demandé à la chambre de déclarer Saër Kébé coupable, avant qu’il ne se rapporte à la peine.

De leur côté, les avocats de la défense ont sollicité de la chambre l’infirmation du jugement. Car, disent les robes noires, cette menace ne peut pas être punissable au sens de la loi, car elle n’a été accompagnée d’aucun ordre ni condition.

« Ce qui me préoccupe, c’est de terminer mes études et de devenir quelqu’un dans ce pays. J’ai été perturbé. Je souhaite obtenir des diplômes et participer au développement de mon pays », tels sont les derniers mots de Saër Kébé.

Ses rêves peuvent maintenant se poursuivre car, la chambre, après délibéré, a déclaré l’appel recevable et a confirmé la décision de première instance.

Adja Khoudia Thiam, Stagiaire (Actusen.sn)

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