Le sieur Ismaïla Amar a fait face, hier, au juge du tribunal des flagrants délits de Dakar. Il répondait des faits d’escroquerie et d’usurpation de fonction. Il est poursuivi par Sakho Thiaw. Alors que ce dernier venait à peine de perdre son épouse, le prévenu lui a soustrait de l’argent, en lui faisant croire qu’il allait transporter le corps à Touba, à bord de son car.
Il existe des personnes qui sont vraiment dépourvues de compassion. Et, Ismaïla Amar en est la parfaite illustration. Le 30 septembre dernier, le nommé Sakho Thiaw venait fraîchement de perdre son épouse. À cette occasion, il cherchait un véhicule pour transporter la dépouille qui se trouvait à la morgue de l’hôpital le Dantec à Touba pour l’inhumation. C’est ainsi que le prévenu, Ismaïla Amar, est apparu de nulle part, en l’appelant directement par son prénom, disant que ce sont les parents de la défunte qui l’envoient. Il s’est présenté comme étant un gendarme et lui a proposé de transporter le corps avec son mini-car, moyennant la somme de 50 000 francs.
Pour mieux berner le veuf, l’escroc présumé est allé saluer les gendarmes qui étaient à côté pour ensuite revenir lui dire qu’ils étaient ses collègues. Le grand-frère de Sakho a eu des soupçons et était dubitatif. Mais ce dernier a cru au cirque du prévenu. Il lui a ainsi remis la commission, ainsi que deux bons de carburant de 10 litres. Il est allé chercher une voiture et un chauffeur qui les a conduits à Touba.
C’est au cours de l’enterrement qu’il a dit au chauffeur qu’il voulait fumer, avant qu’ils ne prennent le chemin du retour. Mais le chauffeur lui a rétorqué que c’est impossible, parce qu’il est interdit de fumer à Touba. Ismaïla a dit qu’il a trouvé un moyen, en allant dans les bâtiments inhabités. À leur grande surprise, il n’est jamais revenu et a disparu avec l’argent. C’est là que le plaignant a eu conscience de la mauvaise foi de Ismaïla. Il n’a jamais été propriétaire de la voiture. Il a fait croire au chauffeur que c’est Sakho Thiaw qui allait le payer.
Le chauffeur a déclaré ne connaitre Ismaïla ni d’Adam ni d’Eve. À l’en croire, il l’a trouvé, la veille, aux environs de Rufisque pour louer son véhicule pour transporter une dépouille à Touba. C’est seulement la semaine dernière, jour du procès de l’ancienne ministre Aminata Lô, que Sakho a aperçu son voleur rôder dans les parages du Tribunal. Il l’a suivi jusqu’aux environs de la grande surface Auchan pour l’attraper et le conduire à la Police. C’est ce même récit, qu’a servi la partie civile devant le Tribunal.
Ismaïla Amar, prévenu : «j’ai vu Papis qui était à la recherche d’un véhicule. C’est là que je lui ai proposé mes services et on en a discuté. C’est par son entremise que j’ai connu le nom de Sakho et de sa défunte épouse»
Né en 1997, Ismaïla Amar a reconnu les faits d’escroquerie au prétoire. Selon lui, il était aux abords de la morgue, quand il a vu un certain Papis chercher une voiture. «C’est là que je lui ai proposé mes services et on en a discuté. C’est par son entremise que j’ai connu le nom de Sakho et de sa défunte épouse», raconte le comparant. Qui avait déclaré aux enquêteurs être un étudiant, alors qu’en vérité, il n’était même pas titulaire d’un baccalauréat.
Quant aux chefs d’usurpation de fonction, il les a contestés. Il dit ne s’être jamais fait passer pour un gendarme. Il était juste parti saluer les pandores, sans aucune intention de faire croire qu’ils étaient ses classes.
Mais, pour le représentant du Ministère public, tout ce que le prévenu a posé comme acte peut aller dans le sens de l’escroquerie. Selon lui, s’il est parti saluer les gendarmes, c’est pour huiler sa machination. Ainsi, il a demandé au Tribunal de reconnaître le prévenu entièrement coupable des faits et de le condamner à un an de prison ferme.
Ne disposant pas de conseil, le prévenu a tout simplement demandé pardon. Malgré ses excuses, le Tribunal l’a condamné à trois mois ferme. Il doit, aussi, allouer la somme de 200 000 francs à sa victime. Cependant, le juge l’a relaxé du délit d’usurpation de fonction et a retenu celui d’escroquerie.
Adja Khoudia Thiam, (Stagiaire-Actusen.sn)
