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Quelle tête de liste pour la mouvance présidentielle, lors des législatives,  probable successeur de Macky Sall ? : un analyste-politique, dresse son profil 

Le Sénégal va vers des élections législatives, le 31 juillet prochain. La question de la personnalité devant diriger la liste nationale de la Coalition présidentielle est presque sur toutes les lèvres. Mais, selon l’analyste-politique, Mamadou Sy Albert, le choix de la tête de liste est très complexe, surtout dans un contexte où le président de la République n’a pas de premier ministre.

Le choix de la tête de liste de la coalition ‘’Benno bokk yakaar’’ (Bby) aux Législatives du 31 juillet prochain est un problème très complexe. La Majorité présidentielle n’a pas de premier ministre. Ce dernier sera probablement choisi  après les élections législatives. Moustapha Niass apparemment ne sera pas à l’Assemblée nationale, lors de la prochaine Législature. Donc, il faut penser à quelqu’un qui sera à la tête de l’Assemblée nationale.

 »La tête de liste aura une fonction politique  et pourrait être le prochain premier ministre ou président de l’Assemblée nationale »

Le troisième facteur du contexte, c’est la désorganisation de ‘’Bby’’ et de l’Apr, particulièrement celle-ci qui n’a pas de chef adjoint pour épauler le président de l’Apr. Donc, dans ce contexte-là, il est extrêmement difficile de choisir une tête de liste.

Est-ce que le président a déjà désigné son prochain premier ministre ? S’il y a vraiment un choix déjà fait sur le premier ministre, à mon avis, ce premier ministre pressenti par le président de la République, pourrait être la tête de liste. Maintenant, si le choix n’est pas fait, il semble qu’il soit extrêmement difficile de désigner une tête de liste. Si vous prenez, par exemple, la tête de liste, en général, depuis que le président Sall est au pouvoir, elle est  le premier ministre. Parce qu’elle a une fonction politique, administrative et gouvernementale.

«Peu de chance que la tête de liste soit issue des régions où Benno a perdu, lors des élections locales» 

 Il avait la confiance du président, c’est le premier ministre Boun Abdallah Dionne qui avait dirigé la liste. Mais là, on n’est plus dans ce cas de figure. Il n’y a pas de premier ministre, et il n’y a pas aussi un au niveau des grandes régions symboliques des batailles législatives. Si vous prenez, par exemple, Dakar, Thiès, Ziguinchor, avec la défaite de la majorité, est-ce que le président de la République va choisir une tête de liste dans ces trois régions-là ? Ça va être difficile pour le président parce que la défaite aux Législatives d’une tête de liste dans ces trois régions-là, ça va être une défaite aux conséquences incalculables.

Est-ce qu’il va choisir un ministre qui a gagné les locales dans l’intérieur des autres régions ? Ça, c’est peu probable également. Le président va chercher une tête de liste dans les autres régions, autres que les régions symboliques ; donc, c’est déjà un gros problème, qui sera  la tête de liste à la prochaine Assemblée. Ce n’est pas évident que le président trouve un militant, un responsable de l’Apr pressenti pour diriger la prochaine Assemblée.

Un fédérateur nécessaire pour permettre à la majorité de mettre toutes les chances de son côté 

Ce sont des questions dans un contexte extrêmement difficile. Ce qui veut dire simplement que, dans le contexte actuel, le choix de la tête de liste va être un choix éminemment politique. Je crois que le profil de la tête de liste sera nécessairement un homme politique. Un homme capable de fédérer l’Apr, Bby, capable de mobiliser l’opinion pour avoir une large majorité à la prochaine Assemblée nationale. Donc, c’est quelqu’un qui aura les possibilités d’unir l’Apr, d’unir Bby et de mobiliser l’électorat du président Macky Sall.

Ce profil est nécessairement politique. C’est-à-dire quelqu’un qui a de la base politique au niveau de l’Apr et de Bby, mais aussi qui a un ancrage dans son territoire, soit dans sa commune, soit dans son département, soit dans sa région. A mon avis, le profil politique va s’imposer au président Sall. Il y a plusieurs conditions, pour que cette tête de liste soit son successeur. Si c’est le prochain premier ministre, il va nécessairement occuper une place dans la succession du président de la république. Un autre choix possible c’est : est-ce que cette tête liste va être le président de l’Assemblée nationale ?

«Si Macky Sall est candidat en 2024, il est évident qu’il va mettre en place une tête de liste capable d’être premier ministre, ou une tête liste capable d’être président de l’Assemblée nationale»

Le prochain président de l’Assemblée nationale peut, bel et bien, être le dauphin du président de la République. Donc, dans les deux cas, si ce choix est le profil du prochain premier ministre ou du prochain président de l’Assemblée nationale, cet homme politique-là aura, en tout cas, une place dans le dispositif de la succession du président de la République. Maintenant, une autre question complexe est : est-ce que le président sera candidat ou pas ? S’il est candidat en 2024, il est évident que Macky Sall va mettre en place une tête de liste capable d’être premier ministre, ou une tête liste capable d’être président de l’Assemblée nationale, qui va réorganiser son pouvoir après les législatives.

Si Macky Sall est candidat, il est contraint de réorganiser son système. Que ça soit l’Apr, que ça soit l’Assemblée nationale, que ça soit lui en tant que chef de l’Etat, chef de l’Apr, il sera nécessairement contraint à une réorganisation de son pouvoir. S’il n’est pas candidat, il est évident qu’il laissera libre champ au futur président de l’Assemblée et au futur premier ministre. Ça va se jouer entre les deux qui vont diriger le Gouvernement et l’Assemblée nationale. C’est notre système politique qui est comme ça,  la succession va se faire à partir de ces deux Pouvoirs-là.

Amar Diagne (Actusen.sn)

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