Il porte le nom du 1er Khalife général des Tidianes, Seydi Khalifa Ababacar Sy (1885-1957). Dans un pays confrérique comme le Sénégal, c’est un atout. Mais ce n’est pas le diadème d’un messianisme. Et celui qui est un pur produit de la politique et rien du tout l’a découvert aussi bien dans le PS que face aux adversaires.
Dans le parti de Senghor, il a eu le génie de mener une acrobatie jusqu’à atteindre un sommet. L’appétit venant en mangeant, des ambitions immenses ont crescendo envahi son esprit. Ses ambitions sont légitimes. Mais elles s’accommodent de grosses limites d’un autodidacte de l’action politique qui se veut plus qu’un Bérégovoy sénégalais.
Khalifa Sall a beaucoup de ressemblances avec Pierre Bérégovoy, l’ouvrier devenu Premier ministre. Ce dernier est un homme politique français qui s’est engagé en politique à la SFIO en 1946, deux ans avant l’année de la création du BDS devenu BPS, puis l’UPS et ensuite le PS qui a fait Khalifa Sall.
Ce qui les unit est d’être tous les deux formés sur le tas politique. Bérégovoy fut un ouvrier dans une usine de tissage, puis à la Société nationale de Chemin de Fer, SNCF, à partir d’où il s’engage dans les Jeunesses socialistes comme le fit Khalifa Sall. Et c’est de cet engagement que l’ouvrier arrive à intégrer un cabinet ministériel avant de retourner dans l’espace ouvrier.
Khalifa Sall, né en 1956, bachelier en 1970, ne dura pas à la Faculté de Lettres et Sciences humaines de l’Université de Dakar. Pourtant on le dit d’une Maîtrise en Histoire et en Droit Constitutionnel. Où ? En quelle année ? On ne le dit pas.
Comme Pierre Bérégovoy, il est plutôt un produit de la politique. Il n’a pas eu à faire ses armes dans un espace professionnel confirmant un homme qui a un métier avant de devenir un acteur de gouvernance. Seulement, il a eu la chance de bénéficier de quotités politiques sur fonds de captage, d’élection et de nomination en guise de palmes pour son activisme et son engagement dans le PS.
Un envol grâce à …Djibo
Ainsi, de Député grâce à son statut de Secrétaire général des Jeunesses socialistes, responsabilités politiques stratégiques obtenues grâce à un certain Djibo Leyti Ka, chargé à l’époque de l’encadrement des jeunes du PS, il passe à Ministre chargé des Relations avec les Assemblées puis, ayant appris le management ministériel, il migre au Commerce.
Il s’enrichie en ressources financières et en expérience si bien que la perte du pouvoir en 2000 ne l’ébranle pas. La tiare d’ancien Député et ancien Ministre l’érigent en Consultant. Son domaine est ligoté aux questions électorales et parlementaires. Se découvre ainsi un homme qui a su faire de la politique un moyen de vie et de survie. Ce qui se passe actuellement avec la crise du PS, la gestion partisane et fructueuse pro domo de la Caisse d’avance de la Mairie de Dakar qu’il dirige en donne une illustration.
Comme Pierre Bérégovoy, il connut une ascendance avant de claudiquer, sauf que l’ancien Ministre et Premier ministre français a fini à éteindre son âme à la suite de déconvenues politiques qu’il n’a ni expliquées, ni résolues.
Un espiègle sournois
Khalifa Sall possède un sacré caractère. Il est un homme politique espiègle qui sait profiter de chaque opportunité en politique pour se donner le pastiche d’un homme avec qui il faut compter. C’est ce explique son insouciance et sa prédisposition à berner et à se démarquer comme il l’a fait avec une certaine tendance du PS qui est avec Ousmane Tanor Dieng.
Contrairement à l’image de bâtisseur qu’il donne, Khalifa Sall n’a pas de génie novateur d’un travailleur. Son ingéniosité est plutôt de faire travailler les autres et de s’approprier les résultats qui en découlent. C’est pourquoi, il a trébuche à faire un bilan détaillé de l’usage de finances dont il dispose quand il a un strapontin.
Il a, en fait, toujours besoin des autres car ils sont pour lui un groupe protecteur. Ses combats sont menés par ceux-là et dans l’arène, il est un lieutenant jamais au front car préférant que sa bataille soit menée à sa place.
Des tares et des limites
Il ne cherche qu’à se protéger devant n’importe quelle situation qui engage sa responsabilité. Il ne prend pas de risque, ce qui le rend manipulateur. Prudent et ambitieux, il est aussi prétentieux et avide de pouvoir. Sa ténacité dissimule une paranoïa. Il veut persuader quand il s’exprime mais sa communication défectueuse renvoie toujours à une personne qui ne dispose pas d’outils dialectiques pour convaincre. « Nous ne sommes pas des voleurs nous ne sommes pas des corrompus », est la réplique de marché qu’il sert à la sortie de la DIC où il était convoqué.
Pourtant, Khalifa Sall est catégorique même dans sa mauvaise foi. Mais il est individualiste, pas toujours sincère et est dur à vivre malgré les apparences qu’il donne. Un fait majeur le caractérise : son dédain pour les détails pratiques se transforme en véritable mépris pour la gestion financière pour laquelle il est d’une extravagance déprimante. Par et avec la politique, il s’est étonnamment enrichi et néglige tout ce qui concerne les comptes. Ses limites en gouvernance et reddition des comptes sont finalement ataviques.
Il peut être réduit à grignoter sur tout et à économiser par temps de vache maigre. Mais dès que l’argent réapparaît, il recommence à le jeter par la fenêtre pour ratisser. Ce n’est pas une volonté. C’est ainsi qu’il est et ceux qui le pratiquent ou l’ont pratiqué ne le démentiront pas.
Babacar Mbengue Journaliste en Communication et Consultant en communication Publique et Politique
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