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Ramadan, une occasion en or pour se départir des comportements aux antipodes de l’Islam : Femmes et hommes racontent leur lutte au quotidien 

Les musulmans ont entamé, dimanche dernier, le jeûne du mois de ramadan. Une occasion pour beaucoup de fidèles de mettre fin à certains comportements et habitudes non recommandés par la religion musulmane. Si certains profitent de ce mois de recueillement pour arrêter de fumer ou de boire de l’alcool, d’autres troquent ponctuellement leurs perruques contre des foulards. D’aucuns plongés dans la ferveur changent d’accoutrement pour mieux accomplir leurs moments de recueillement.     

Le ramadan est un mois de repentir, de rachat, de réparation et de recueillement pour les musulmans. Mieux, parmi ces innombrables bienfaits, il permet aux fidèles musulmans de se libérer de l’emprise de certaines habitudes. Car c’est une lutte entre le besoin vital d’apaiser des sensations naturelles pressantes (faim, soif, plaisir sexuel …) et un sentiment intime, un désir spirituel incitant à obéir à la volonté de Dieu qui veut que l’on résiste à ces sensations. Soumis à cette rude épreuve, certains jeûneurs armés de leur foi arrivent à maîtriser ces tentations comme le désir de fumer, de boire de l’alcool, de s’habiller indécemment. La résistance permanente à ces désirs raffermit la croyance en Dieu. Après un mois d’abstinence et de privations,  beaucoup de jeûneurs se libèrent de leurs mauvais comportements déconseillés voire interdits par la religion musulmane.

Maguette Sène : «durant le ramadan, je ne mets que des habits corrects comme tout bon musulman tout en espérant  franchir un jour le cap pour mieux répondre aux recommandations de l’Islam»

Croisée à la sortie du poste de Santé Madame Ba de Keur Massar Sud, Maguette Sène, drapée dans un « meulfeu », chapelet à la main, dit profiter pleinement de ce mois de repentir. Pour elle, le fait de revivre ces moments de recueillement est une grande occasion pour parfaire nos comportements en tant que musulmans. «Chaque musulman est conscient de ce dont il doit se départir pour mieux être proche d’Allah.
Moi, personnellement, je sais que je dois améliorer mon accoutrement. Je suis trop dans la mode et c’est pour cette raison que je porte certains habits pas trop décents pour une femme mariée, mère de famille, de surcroît musulmane. Cela fait des années que je promets de me voiler mais hélas je n’arrive toujours pas à sauter le pas. Mais durant le ramadan, je ne mets que des habits corrects comme tout bon musulman tout en espérant  franchir un jour le cap pour mieux répondre aux recommandations de l’Islam. Ce n’est pas facile, mais c’est mon plus grand souhait », a lancé cette accompagnante de malade. A quelques encablures du poste de santé, la mosquée de Keur Massar est un lieu de convergence des jeûneurs, en cette mi-journée ensoleillée.
Ousmane Fall : « Comme je ne fumais pas toute la journée, elle me disait tout le temps que j’avais une occasion en or pour reprendre ma vie en main. Que cela me permettrait de renforcer ma foi parce que le tabac est interdit en Islam »
A l’entrée du lieu de culte, Ousmane Fall, vendeur de lunettes et d’accessoires de téléphones observe une pause après avoir passé toute la matinée à faire le tour des artères de cette localité à la recherche de clients. Gagné par la fatigue et la soif, ce marchand ambulant trouvé en train de lire ses khassidas n’avait qu’une addiction : le tabac. «J’étais un grand fumeur. Je me rappelle cette période difficile de ma vie où je ne pouvais pas me passer du tabac. Et quand arrivait le mois du ramadan, j’étais tout le temps furieux contre tout le monde quand j’étais en manque. C’était comme un supplice pour moi. Mais c’est ma femme qui m’a aidé à arrêter de fumer. Durant le mois de ramadan de 2020, c’était notre première année de mariage, comme je ne fumais pas toute la journée, elle me disait tout le temps que j’avais une occasion en or pour reprendre ma vie en main. Que cela me permettrait de renforcer ma foi parce que le tabac est interdit en Islam. Après la rupture, j’essayais de tenir bon et elle me soutenait avec ses conseils, en étant aux petits soins. Ce qui m’a permis de mettre fin à mon addiction», a soutenu le baol-baol.
Babacar Ndiaye : «L’année passée, j’ai failli y arriver car après la korité, je suis resté plus de trois mois sans toucher à la cigarette. Mais comme vous savez, la vie est faite d’épreuves et j’ai recommencé quand… » 
Contrairement à Ousmane Fall, Babacar Ndiaye n’arrive toujours pas à se séparer de sa clope malgré tous les efforts qu’il dit fournir. Son souhait le plus ardent, soutient ce maçon, est de surmonter son désir nuisible de fumer. Et le ramadan est pour lui une phase test pour mesurer son degré de dépendance mais aussi et surtout ses chances de gagner ce combat qu’il mène depuis plusieurs années. «La cigarette est très dangereuse et nous qui fumons en savons quelque chose. Je suis fumeur depuis mon adolescence mais avec les années j’ai réalisé que c’est une grave erreur de se laisser entraîner par ses amis ou d’avoir de mauvaises fréquentations.
Aujourd’hui, je lutte de toutes mes forces pour ma santé mais aussi pour ma foi parce que en tant que musulman je sais que c’est interdit de fumer. Et j’ai connu des jours plus sombres parce que je buvais de l’alcool aussi. Pourtant, j’ai arrêté parce que l’état d’ébriété est plus flagrant que le fait de fumer une cigarette qui ne rend pas ivre. Maintenant, quand je pense que j’ai tourné le dos à l’alcool, je me rends compte que je peux aussi arrêter de fumer.
Chaque ramadan, je prie le Tout Puissant de me donner la force de le faire. L’année passée, j’ai failli y arriver car après la korité je suis resté plus de trois mois sans toucher à la cigarette. Mais comme vous savez, la vie est faite d’épreuves et j’ai recommencé quand j’avais des problèmes très sérieux. Mais cette année, je pense que j’y arriverai incha Allah », dira-t-il, non sans inviter les autres fumeurs à profiter du ramadan pour arrêter le tabac.

Ndèye Mané : « Pourtant, durant tout le ramadan, je mets le voile ce qui prouve qu’avec un peu de volonté je peux y arriver. Mais Satan ne me laisse pas » 

Comme les hommes, les femmes aussi essayent tant bien que mal de tirer des avantages du mois béni de Ramadan pour abandonner certaines pratiques condamnées par l’Islam. C’est le cas de certaines dames qui souhaitent mettre le voile. Mais la tentation est très forte surtout durant la korité où beaucoup parmi elles sortent la grande artillerie pour se concurrencer sur les « sagnsé » lors de la fête. D’autres se libèrent totalement de la dépendance des accessoires artificiels comme les perruques et autres tissages pour se faire belles. C’est du moins ce que tente Ndèye Kane qui en est à son cinquième coup d’essai pour mettre le voile une bonne foi pour toutes.
Selon la belle demoiselle aux allures de drianké, il est très difficile de résister aux dernières tendances qui sortent chaque année durant les fêtes. « Il m’arrive de mettre le voile pendant des mois après le ramadan, mais je suis devenu accro aux jolis tissages qui sont sur le marché. C’est tellement joli que je dis tout le temps que c’est le coup mais la mode évolue. Et même si j’ai foi en Dieu, ça me tente trop et je finis par céder. Pourtant durant tout le ramadan, je mets le voile. Ce qui prouve qu’avec un peu de volonté je peux y arriver. Mais Satan ne me laisse pas », a-t-elle lancé tout en riant sous cape.
Saly SAGNE  (Actusen.sn)    

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