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Recommandations SNEEG (2), EPU 2018 : Les candidats entre engagements et réserves

Le dimanche 24 février 2019, les Sénégalais ont voté, massivement, pour élire leur président de la République. Un exercice qui s’est fait sans incidents majeurs, sur toute l’étendue du territoire sénégalais, si l’on se fie aux Rapports des Observateurs nationaux et internationaux. Mais, pour convaincre les populations, les 5 candidats en lice, ont chacun proposé un programme aux électeurs. Cependant, même si Macky et ses concurrents avaient exprimé leur volonté d’améliorer les conditions de vie des femmes et des enfants, force est de constater que peu d’entre eux ont pris des engagements par rapport à la Stratégie Nationale de l’Equité et l’Egalité de Genre SNEEG (2) et l’Examen Périodique Universelle (EPU 2018.) Qu’est-ce qui est contenu dans ces documents ? Quelle est la perception des candidats par rapport au genre ? Pour répondre à ces questions, Actusen.sn, a tenté de faire une étude comparative entre les différents programmes des candidats et les deux documents (SNEEG et EPU 2018). Décryptage !

Le Sénégal est un pays de droit, qui s’est engagé à promouvoir et à protéger les droits des femmes et des enfants, à travers la signature et la ratification de différents traités et conventions. Notamment celle sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes  du 18 septembre 1981,  ratifiée le 5 février 1985 (CEDEF), la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et son Protocole communément appelé  Protocole de Maputo, ratifiée en 2004. Mais également la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée le 31juillet 1990 (CDE), la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant ratifiée  le 22 septembre 1998  (CADBE), la Déclaration et la Plateforme de Beijing de 1995, les Objectifs Développement Durable(ODD), notamment, 5 (égalité) et 4 (éducation). Et sur le plan national, ces textes sont repris (CEDAF) et complétés  par la Constitution du 22 janvier 2001 notamment en ses  articles 7 alinéa 4 et 5 (Egalité homme femme), 15 (égal accès des hommes et des femmes à la terre) ; 17 protection de la famille), 18 (mariage) et  25 alinéas 2 (non-discrimination de l’homme et de la femme devant l’emploi); la loi n°2005-06 du 10 mai 2005 relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées et à la protection des victimes et l’élaboration de programmes et stratégies notamment la Stratégie Nationale de l’Equité et l’Egalité de Genre (SNEEG) et la Stratégie Nationale de Protection de l’Enfance (SNPE).

Parallèlement à la SNEEG, un rapport sur l’Examen Périodique Universel (EPU 2018) a été rédigé par la plateforme Right Here Right Now (RHRN) composée de dix (10) Organisations de la société civile au Sénégal. Ce document met, essentiellement, l’accent sur l’accès aux services et à l’information des adolescents et jeunes, la réduction conséquente des violences basées sur le genre faites aux jeunes, l’accès à l’avortement médicalisé des jeunes femmes. Ainsi l’ensemble des organisations membres de la plateforme sont en train de travailler avec les structures concernées du gouvernement, les acteurs communautaires et les organisations et/ou coalitions de la société civile intervenant dans un domaine connexe pour une amélioration conséquente des Droits en Santé Sexuelle et Reproductive des adolescents et jeunes.

Malheureusement, ces conventions ratifiées par le Sénégal n’ont pas été prises en charge dans les programmes respectifs des 5 candidats en lice (Macky Sall, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Issa Sall, Madické Niang-Ndlr). Même si tous avaient promis d’améliorer les conditions de vie de ces couches vulnérables (femmes, enfants, handicapés…) leurs discours s’apparentaient plus à de la démagogie. Car, entre l’offre faite par les candidats et la demande exprimée par les femmes, il y a parfois un fossé.

Accès des femmes aux ressources

Concernant l’accès  des femmes aux ressources, à la terre, aux intrants, aux crédits, les propositions des candidats ont été plus ou moins décevantes. Leviers majeurs pour la consolidation de la famille, surtout en milieu rural, les femmes sont lésées pour ce qui est de l’accès à la terre. Sur cet aspect, les candidats, à l’unanimité, ont été évasifs. Ils n’ont insisté que sur la large contribution des femmes dans ce processus dans leur programme. Malgré leur volonté de faire développer ce secteur, ils ont tous été muets quant à l’accès des femmes à la terre, à l’exception d’Idrissa Seck et de Me Madické Niang. En effet, le candidat de la coalition Idy2019, dans le volet agricole de son programme, s’était engagé à assister et à encadrer les agriculteurs en termes de formation, de recherche et de vulgarisation des savoirs et savoir-faire, d’accès aux financements. A ce titre, une attention particulière devait être accordée aux femmes, avait-il promis. Sur la même lancée, il a soutenu dans son projet de campagne son souhait de mettre en œuvre une politique d’accès aux crédits agricoles adaptés à chaque type d’opération (production, transformation, commercialisation, multiplication et distribution, aménagements, équipements et infrastructures) adossés à des fonds de garantie, de calamité et de bonification. A l’en croire, l’accent devait être mis aussi sur l’amélioration des conditions d’accès et le développement du crédit de proximité (mutualisation du crédit). Le renforcement des structures des femmes devait être opéré pour consolider les acquis et favoriser l’éclosion de talent féminin. De son côté, Me Madické Niang a estimé que le micro-financement des femmes n’étaient pas une bonne chose. A cet effet, comme solution, il a proposé dans son programme « Jamm ak Xeiweul » d’octroyer aux femmes des financements allant de 500 millions à 1,5 milliards de francs cfa pour financer les projets des femmes dans chaque localité du Sénégal.

Sujets tabous

Sur les discriminations faites aux personnes vivant avec un handicap, la sensibilité de quelques candidats a été relevée. En effet, les femmes vivant avec un handicap, sont les premières victimes de discriminations dans la recherche d’emploi. Sensible à cela, le candidat Me Madické Niang, dans son programme, avait émis le souhait de mettre en place un dispositif de discrimination positive pour le recrutement des personnes vivant d’abord avec un handicap dans la fonction publique et ensuite dans le secteur privé. Pour sa part, El Hadji Issa Sall, candidat du PUR, avait préconisé dans son projet de société, la prise en considération des besoins des personnes en situation de handicap dans l’élaboration des politiques publiques au niveau national. Le candidat du PUR a également promis la revalorisation et l’autonomisation du statut de la femme.

Quid de la santé de reproduction et de l’orientation sexuelle ? Le sujet reste sensible pour les candidats. Au Sénégal, la question de la sexualité et de la santé de la reproduction a toujours été un tabou.  S’il est vrai qu’on peut noter une avancée  avec l’adoption de la  loi sur la santé de la reproduction, elle n’est toujours pas harmonisée avec l’article 14 du Protocole de Maputo. La légalisation de l’avortement médicalisé appelée IVG (Interruption volontaire de grossesse), surtout chez les jeunes filles qui sont victimes de viol, reste toujours un sujet controversé. Il en est de même pour ce qui et de l’homosexualité. Certains candidats ne cachent pas leur opposition par rapport à la question qui, selon eux, est contraire à nos valeurs. C’est le cas de Macky Sall, président élu, qui s’est montré on ne peut plus ferme devant l’ancien président américain Barack Obama. «Notre société n’est pas encore prête à accepter l’homosexualité», avait-il dit. Malgré cette fermeté de ton, le Sénégal subit toujours les pressions des puissances étrangères pour faire sauter ce verrou. A l’instar de Macky, El Hadji Issa Sall a affirmé sa volonté de ne subir aucune pression étrangère. “Au service de ma patrie, je ne serai pas un président faible et complexé, sous l’influence de puissances étrangères à qui on dicte la conduite”, a-t-il déclaré. Même si les autres candidats ne se sont jamais exprimés publiquement sur l’homosexualité, ils n’ont jamais cautionné de telles pratiques dans leur programme.

Maguette Ndao (Actusen.sn)

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