J’ai lu avec un intérêt soutenu la contribution du Monsieur Mody NIANG dans laquelle il soulève un certain nombre de questions de gouvernance et de choix d’opportunité dans la conduite des politiques publiques dont celle relative à la réhabilitation de la gare de Koki par le département de la culture à travers la Direction du patrimoine culturel.
S’agissant de la gare de Koki, Mody Niang reconnaît l’opportunité de la réhabiliter, mais s’empresse de contester les montants consacrés à la restauration de l’édifice. Mody se trompe sur le chiffre. Il s’agit exactement de 68 892 480 Francs CFA HTVA soit 81 293 126 FCA TTC. S’il le désire, le contrat du marché sera mis à sa disposition à la Direction du patrimoine culturel.
Son propos me fait penser à cette belle pensée de l’autre: » l’ignorance quelle qu’en soit la source peut s’avérer la mère de toutes les audaces ». C’est vraiment le cas en l’espèce. La restauration d’un patrimoine culturel obéit à d’autres procédures, à d’autres méthodes de travail qui ont peu à voir avec la construction d’un bâtiment. Restaurer, c’est à la fois construire, sauvegarder, préserver, en l’état, la continuité du choix architectural en termes de modénature et de volumétrie. C’est aussi mettre en valeur notre patrimoine historique en redonnant une seconde vie à cette ancienne gare.
C’est pourquoi, la restauration coûte habituellement deux à trois fois plus cher qu’une construction initiale. Je sais que cette réalité est difficile à faire admettre par des esprits non préparés sur ces questions de sauvegarde et de préservation du patrimoine matériel ou immatériel.
On saisit le sens de cette idée fausse portée par le texte ; avec cent millions, on peut construire deux gares ferroviaires. Cela est faux. Même deux maisons ne peuvent pas être construites de même texture architecturale et technique de la dimension de la gare de Koki. Il faut savoir raison gardée.
A Koki, la Direction du Patrimoine culturel a expérimenté une réhabilitation fonctionnelle réussie à travers une approche participative qui donne aux communautés le privilège de décider de la nouvelle destination de cet ancien monument historique.
Je connais bien la volonté de Mody Niang de faire changer la gouvernance du pays. C’est son droit. Sauf qu’à un moment donné, on peut se montrer utile dans le débat contradictoire, source nourricière de la démocratie en respectant l’intégrité des faits et la mesure des données discutées.
Tel n’a pas été le cas dans le débat que soulève Mody Niang.
Abdoul Aziz GUISSE
Directeur du Patrimoine culturel