Rokia Traoré est rentrée au Mali, en violation d’une interdiction de quitter le territoire émise par la justice française. Son avocat justifie son départ par des impératifs de se protéger et de protéger ses enfants.
Remise en liberté provisoire fin mars, la chanteuse restait sous contrôle judiciaire, dans l’attente d’être livrée à la justice belge qui a émis, à son encontre, un mandat d’arrêt européen pour « enlèvement, séquestration et prise d’otage ». Elle lui reproche de ne pas avoir respecté un jugement rendu en 2019, qui exigeait qu’elle remette sa fille de cinq ans à son père belge.
Rokia Traoré a toujours contesté cette procédure, tout comme la légalité de son arrestation en France, en mars dernier, alors qu’elle voyageait, selon elle, avec son passeport diplomatique malien. Ce qui est contesté par une source officielle malienne qui a dit, à l’époque, qu’elle avait présenté son passeport français à son arrivée à Roissy. Fin avril, selon son avocat, Me Kenneth Feliho, la justice belge l’a « déchue de son droit d’appel ». Et c’est donc, selon lui, afin de « se protéger et de protéger ses enfants » qu’elle s’est envolée samedi 9 mai à bord d’un jet privé pour le Mali, au départ de l’aéroport du Bourget. Selon la défense de Rokia Traoré, c’est donc une mère qui avait peur qu’on lui prenne son enfant, qui est repartie au Mali quitte à se soustraire à son contrôle judiciaire.
Passeport diplomatique malien
L’avocat de son ex-compagnon s’interroge, lui, sur les circonstances de son départ. Maître Franck Berton évoque la légèreté des autorités françaises, qui ont laissé partir une personne sous contrôle judiciaire, explique-t-il, malgré une interdiction de quitter le territoire français. L’avocat demande une enquête pour savoir si elle a bénéficié de complicités.
De son côté, la défense de la chanteuse explique qu’elle a présenté son passeport pour prendre un vol privé, et que c’est une fois à l’intérieur de l’appareil, qu’on est venu l’interpeller. Selon maître Kenneth Feliho, l’artiste a alors présenté son passeport diplomatique malien, ainsi qu’une lettre de mission, une mission pour travailler sur des échanges culturels. Elle a été autorisée à partir.
La défense de son ex-compagnon affirme que la France doit désormais émettre un mandat d’arrêt. Dimanche soir, le parquet général de la cour d’appel de Paris attendait des éléments pour pouvoir prendre ses décisions.