La problématique de l’érosion côtière est une triste réalité à Saint-Louis. Le Ministre de l’Environnement et du Développement durable et la Déléguée générale à la Solidarité nationale se sont rendus dans la ville pour s’enquérir de la situation qui prévaut sur la Lange de Barbarie.
Actusen.com en a profité pour tendre son micro aux populations riveraines. Qui flirtent avec un péril humain, tirent la sonnette d’alarme pour un sauvetage urgent et qui, naturellement, racontent leur calvaire. Reportage
Mardi 26 juillet 2016, 10 heures. Langue de Barbarie, à Saint Louis, décor insoutenable. Au quartier Goxumbaac, les victimes de l’avancée de la mer ne dorment plus du sommeil du juste. Du fait d’une cascade de difficultés, qui ont pour noms, inondation, insalubrité…bref, tout y est.
Ici, la tristesse et le désespoir se lisent, facilement, sur le visage des habitants. La mer, dans une furie inexplicable, vient d’y laisser ses empreintes. A cet effet, le visiteur, qui débarque sur les lieux, est forcément, marqué. Ce sont des restes de maisons en ruines emportées par la mer qui l’accueillent.
A Goxumbaac, plus de plage ! L’eau coule jusque dans les habitations et détruit tout sur son chemin. Il en a fallu un peu plus, pour que même les ministres de l’Environnement et du Développement rural, son collègue et maire de Saint-Louis, Mansour Faye, ainsi que la Déléguée générale à la Solidarité nationale se retrouvent dans l’eau, tellement que celle-ci avance à une vitesse V.
Dans ce quartier, on marche dans l’eau, depuis 10 ans, que la mer. avance. On y côtoie les vagues, de façon quasi-quotidienne. «On ne dort pas la nuit, à cause du bruit des vagues, tellement que la mer avance sur nos demeures. On est peinés. On vit dans la tourmente», se lamente Pa Aladji Tidjiane.
Ex-Président du Comité d’action « Défarr Goxumbaac », une Association qui défend les intérêts de la localité, il ne voit qu’une seule et unique solution. «Elle consiste à déplacer les populations et les amener, ailleurs. C’est trop risqué de vivre, ici. Il y a d’énormes pertes matérielles. Une fois, l’eau est entrée chez certains et ils sont tombés dans la mer. Ce sont les voisins qui les ont secourus ; sinon, c’était la fin pour eux», se souvient Pa Aladji.
Sexagénaire, teint noir dans son caftan bleu, écharpe blanche sur les épaules assortie de son bonnet de même couleur, il continue sa narration.
Sur le rivage, on découvre des maisons envahies par l’eau et dont il ne reste que les décombres. Parmi les victimes de l’avancée de la mer, ce chef de famille qui a vu l’eau emporter sa maison. « J’avais une maison avec 3 chambres et un salon, mais il n’en reste plus rien. Actuellement, je vis chez mon beau-père, parce que je n’ai nulle part où aller. C’est dramatique ce qui nous arrive», se plaint l’homme, qui sous le poids de la colère, a omis de se présenter.
Et quand on l’invite à décliner son identité, il tempête et peste si fort, qu’il embraie à-tout-va en ces termes : «il y a un Monsieur qui vivait, ici, dans une maison de 8 chambres et un salon. Mais, tout est tombé dans l’eau», ajoute-t-il.
Au moins, deux sinistrés sont déclarés, chaque jour, à Goxumbaac. Les populations prennent des dispositions, pour repousser l’eau, afin qu’elle n’atteigne pas les demeures. C’est le cas de NGuime Seye. Cette dame, la quarantaine, teint clair, a trouvé sa façon à elle de se prémunir contre le fléau.
«J’ai rassemblé des pierres, tout au long du mur de ma maison, pour ne pas être envahis par la mer. La vie est dure, à cause de l’eau. Aidez-nous, au nom de Dieu», implore-t-elle.
Guet Ndar, quartier de pécheur dans la région de Saint-Louis. Très peuplé, le lieu est bruyant. Des femmes et des enfants inondent les rues. Direction, l’Ecole élémentaire Cheikh Touré. A l’entrée, une famille sinistrée nous accueille. 5 femmes dont certaines tiennent leurs enfants par la main. Arame Sarr, l’une d’elles se rapproche de Actusen.com, pour nous confier son chagrin.
«On habite dans l’école, depuis que notre maison s’est écroulée, à cause de la mer. Comme nous sommes des locataires, nous n’avions nulle part où aller, à part l’école. Nous sommes désespérés», crie la dame, teint clair.
Avant qu’on ne trouve les mots justes, pour lui remonter son moral du fond de ses chaussettes, Arame Sarr s’enfonce dans ses complaintes. « A la rentrée des classes, les élèves vont revenir à l’école. On ne sait pas ce qu’on va faire. Il faut qu’on nous aide», dit-elle, de toutes ses forces.
Dans quelques jours, Cheikh Touré va mourir de sa belle mort, s’il n’est pas secouru
Nous sommes toujours, à l’école Cheikh Touré. A l’étage, par la fenêtre, on aperçoit les dégâts de l’avancée de la mer.
Le Directeur de l’Etablissement, Oumar Thioye, tire la sonnette d’alarme. Il appelle les autorités à sauver l’Ecole du drame qui le guette à pas de géant. Selon lui, c’est l’éducation qui est en danger. « C’est inquiétant. Le Bloc administratif est menacé. Si rien n’est fait dans quelques jours, je crains que ça aille mal », regrette-t-il. Du coup, le Directeur Oumar Thioye a appelé à prendre les bonnes mesures.
Dans un autre quartier, loin des ruines de la Langue de Barbarie, Actusen.com fait cap sur le Site de recasement des sinistrés.
48 familles, fuyant l’avancée de la mer, ont été relogées sur cet espace. Grâce au maire de la Ville, Mansour Faye, ils ont aujourd’hui un toit. A leur passage, le ministre de l’Environnement et du Développement durable Abdoulaye Baldé et la Déléguée générale chargée de la Protection sociale et de la Solidarité nationale, Anta Sarr Diacko ont salué cette initiative de recasement des sinistrés de Goxumbaac et Guet Ndar.
Mansour Faye reloge 48 familles et Anta Sarr Diacko leur remet de quoi se mettre sous la dent
Les habitants du site ont exprimé toutes leur reconnaissance aux représentants du Gouvernement.
Parmi eux, Anta Sarr Diacko qui a débarqué dans cette partie du Nord du Sénégal, avec des dons : appui financier à coup de millions, tonnes de riz, matelas et draps, nattes et kilos de sucre. Rokhaya, une des locataires du site de recasement « Nous remercions le maire pour nous avoir donner une maison lorsque la mer a TOUT détruit. Et ses dons, nous donne de l’espoir. Cela prouve que les autorités nous ont pas oublier », se réjouit-elle.
Aissata Bathily (Actusen.com)