Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M. Edward Gemayel, a effectué une mission au Sénégal du 9 au 16 octobre 2024, pour discuter des conclusions préliminaires du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur les finances publiques couvrant la période 2019-2024, ainsi que des perspectives budgétaires pour le reste de l’année, lit-on dans un communiqué. La mission, ajoute la note, visait à évaluer les implications des révisions de données résultant du rapport pour les programmes antérieurs soutenus par le FMI, et les accords en cours au titre du Mécanisme élargi de crédit ( MEC) et de la Facilité élargie de crédit (FEC), combinés aux accords au titre du Mécanisme pour la résilience et la durabilité ( FSR) qui ont été approuvés par le Conseil d’administration du FMI le 26 juin 2023 .
Dans sa déclaration à l’issue de la visite, M. Gemayel a salué le rapport de l’IGF sur les finances publiques et l’engagement du gouvernement en faveur d’une gouvernance solide et d’une transparence budgétaire. Selon lui, les conclusions préliminaires indiquent des révisions substantielles des données d’exécution budgétaire pour la période 2019-2023. « Ces révisions sont principalement attribuées aux investissements financés par des prêts extérieurs et des emprunts bancaires nationaux. En conséquence, le déficit budgétaire et la dette publique au cours de cette période sont désormais estimés comme étant nettement plus élevés que ce qui était indiqué précédemment dans les lois de finances et de règlement », se désole-t-il, confirmant ce que le Premier ministre, Ousmane Sonko, et quelques membres de son gouvernement avaient révélé dernièrement sur la situation des finances publiques.
Alors que la certification des conclusions de l’IGF par la Cour des comptes est en attente, les services du FMI rassurent quant à leur disponibilité à continuer de travailler en étroite collaboration avec les autorités dans les semaines à venir pour évaluer l’impact macroéconomique et définir les prochaines étapes, qui comprendront l’évaluation de toute erreur de déclaration survenue au cours des programmes antérieurs et actuels soutenus par le FMI. En effet, à en croire le chef de la mission du FMI, il y a de quoi s’alarmer. « Le Sénégal continue de faire face à un environnement difficile, l’exécution du budget montrant des signes de tensions supplémentaires. Le manque à gagner en recettes identifié lors de la dernière visite des services du FMI s’est confirmé jusqu’à fin septembre. Dans le même temps, les dépenses sont restées élevées, principalement en raison d’une hausse substantielle des dépenses d’investissement, comme le suggèrent les conclusions préliminaires du rapport de l’IGF. En l’absence de mesures de dépenses décisives, le déficit budgétaire devrait s’aggraver cette année, dépassant l’estimation précédente de 7,5 % du PIB », prévient M. Gemayel.
C’est pourquoi, à l’avenir, les services du FMI estiment qu’ « il est essentiel que les autorités mettent en œuvre des mesures audacieuses et opportunes pour assurer la viabilité budgétaire et orienter la dette publique vers une trajectoire descendante. » En effet, la loi de finances 2025 offre une occasion cruciale au gouvernement de réaffirmer son engagement en faveur des réformes essentielles et de relever les défis structurels de longue date, rappelle Gemayel. « Des mesures stratégiques visant à améliorer la mobilisation des recettes intérieures, notamment par la rationalisation des exonérations fiscales, ainsi que des efforts visant à éliminer progressivement les subventions à l’énergie et les transferts non essentiels, contribueront à favoriser la discipline budgétaire et à renforcer la confiance dans la gouvernance publique, jetant ainsi les bases d’un modèle de croissance plus inclusif et tiré par le secteur privé », a-t-il ajouté.
Amadou DIA (Actusen.sn)