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Situation des diplômés sans emploi, mutisme des Ministères concernés face à leurs doléances, recrutement dans la Fonction publique… : Le Coordonnateur du RDSES dit tout

Dans cet entretien, le Coordonnateur du Regroupement des diplômés sans emploi du Sénégal (RDSES) fait le point sur leur situation. Yves Nzalé, diplômé en droit public option internationale, pour ne pas le nommer, dénonce le mutisme des autorités étatiques notamment le ministère de l’Emploi et celui de la Fonction publique, qui sont restés insensibles à leurs doléances. Il se réjouit toutefois des démarches entreprises par le ministère du Finances et celui en Charge du Suivi du Plan Sénégal émergent, afin de trouver, avec eux, des solutions pour favoriser l’accès à l’emploi des jeunes diplômés. La structure qui regroupe plus de 6000 membres (des diplômés sans emploi) invite par ailleurs l’Etat a mieux considérer la question de l’emploi des jeunes en se montrant plus attentif aux mémorandums qui lui sont transmis. Elle exige de l’Etat des politiques d’emplois et de lutte contre le chômage et tous les maux qui compromettent l’insertion des jeunes diplômés.

Entretien !!!

Yves Nzalé : La situation que traversent les diplômés sans emploi est très simple à expliquer : c’est le désespoir total. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Personne ne nous associe à quoi que ce soit. C’est comme si notre problème était virtuel. C’est cette situation qui frappe l’essentiel de la jeunesse sénégalaise et surtout la jeunesse diplômée.

Actusen.sn : Combien de membres comptent votre structure, le RDSES ?

Yves Nzalé : Nous sommes aujourd’hui à plus de 6000 diplômés. Ce sont ceux que nous avons répertoriés, c’est-à-dire ceux qui se sont révélés à nous. Au Sénégal, il y a chaque année autour de 300 000 diplômés et le marché de l’emploi n’absorbe pas au-delà de 50 000 emplois par année. Donc, ce qui veut dire que c’est des centaines de milliers de gens qui sont dans cette situation. Malheureusement, certains camarades ne s’affichent pas à cause des contraintes socioprofessionnelles. Il y a au sein de notre regroupement des Juristes, des Géographes, des Médecins… Pratiquement, on a toutes les catégories de diplômés.

Actusen.sn : Vous avez organisé une marche dans le courant du mois de décembre dernier pour alerter sur votre situation. Qu’attendez-vous concrètement des autorités étatiques ?

Yves Nzalé : Ce que nous attendons des autorités sénégalaises, c’est qu’elles définissent une politique d’emploi pour l’insertion des jeunes surtout pour les diplômés. Parce qu’on ne peut pas concevoir que les gens fassent des études supérieur, obtiennent leur BTS, leur Licence ou leur Master et se retrouvent ensuite dans la rue à faire, comme s’ils n’avaient pas fait de formation ou n’avaient pas les connaissances qu’il faut pour exercer. Et en un moment, on constate qu’il y a des gens qui n’ont pas le niveau que nous avons et qui ont des responsabilités dus au simple fait qu’ils sont dans la politique, qui ont des relations familiales et personnelles avec certaines autorités. Nous demandons à l’Etat du Sénégal qu’il y ait un sérieux en ce qui concerne la question de l’emploi. On constate qu’il y a trop d’amateurisme et de slogans dans ce domaine. L’autre constat est que les autorités font la sourde oreille. Elles n’essayent pas d’instaurer un climat de dialogue et de négociations pour trouver des solutions. Les autorités, principalement celles concernées, nous évitent. C’est comme si elles ne voudraient pas vraiment avoir des discussions avec les diplômés sans emploi. Nous ne savons pas pourquoi elles ne souhaitent pas nous rencontrer.

Actusen.sn : Avez-vous eu des contacts avec le ministère de l’Emploi et celui de la Fonction publique ?

Yves Nzalé : Les ministères concernés sont restés muets face à nos doléances. Jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de réactions de leur part. Que ça soit le ministère de la Fonction publique, de l’Emploi et celui de la jeunesse qui, certes n’est pas chargé de la question de l’Emploi, mais est un ministère qui devrait être sensible à notre situation, parce que nous sommes des jeunes et aussi Sénégalais. Evidemment, nous sommes ouverts à tous ces ministères (Fonction publique et Emploi : Ndlr). Nous leur avons écrit à plusieurs reprises mais ils ne répondent pas. Aussi, on ne peut pas leur forcer la main. Nous ne pouvons pas venir au ministère et exiger d’être reçus, parce qu’ils savent que nous sommes-là et sont au courant des actions que nous menons. Peut-être que cela ne les intéresse pas. Peut-être que c’est faire de la politique politicienne qui les intéresse le plus. Nous sommes disposés à rencontrer tout acteur qui est concerné par notre problème.

D’autres ministères qui ne sont pas directement concernés par notre situation font même des efforts. Le ministère des Finances est entré en contact avec nous à travers son Conseiller technique. De même que le ministère en charge du suivi du Plan Sénégal émergent (Mspse). Ces ministères nous ont appelés pour voir comment faire pour trouver une solution par rapport à notre situation. Mais je pense qu’il y a d’autres qui sont plus appropriés à le faire. Bien que cela nous réconforte, ceux qui devaient nous appeler en premier lieu, sont les ministères de l’Emploi et de la Fonction publique. En dehors des contacts que je viens de citer, rien a été fait. Nous avons constaté que les autorités font la sourde oreille. C’est pour dire que comme si la question de l’Emploi ne les intéressait pas où elles sont dans l’incapacité de trouver des solutions par rapport à ça.

Actusen.sn : Souvent, on entend les autorités inciter les jeunes diplômés à faire de l’auto-emploi. Que répondez-vous à cette proposition ?

Yves Nzalé : C’est une fuite en avant. Ils ont des slogans. Ils ont créé la DER, mais que font-ils avec ces financements ? Ils financent leurs militants. C’est ça le problème. Au lieu de voir un jeune entrepreneur qu’on finance et qu’on renforce pour qu’il puisse recruter d’autres, on préfère  financer une personne qui n’a aucune idée et on le finance parce que c’est un militant. C’est pour une plus value politique que ces gens vont financer. Mais si on finançait les entrepreneurs, ces gens-là pourront aussi recruter d’autres personnes et ça contribuerait à l’essoufflement du nombre de chômeurs. Même notre structure avait déposé pour bénéficier de ces financements, mais elle n’a rien eu. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas dans les corporations politiques. On ne peut pas concevoir que l’Etat du Sénégal investisse dans la formation d’un jeune Sénégalais jusqu’à ce qu’il obtienne une Licence ou un Master et que ce dernier se retrouve à la rue par la suite. C’est du gâchis ! Pourquoi faire tout cet investissement ? Il faudrait que l’Etat revoie comment faire et anticipe sur les nombres de diplômés pour pouvoir préparer leur insertion.

Actusen.sn : Quid du recrutement dans la Fonction publique ?

Yves Nzalé : L’Etat du Sénégal avait prévu un recrutement de 5500 agents fonctionnels et à l’instant où nous sommes aujourd’hui, en 2020, jusqu’à présent, il y a moins de 2000 sur les 5500 promis. Pour cela, nous comptons organiser un sit-in devant le ministère de la Fonction publique pour exiger l’achèvement de ce recrutement, mais aussi la transparence dans les recrutements.

Actusen.sn : Quels sont vos  programmes pour le moment ?

Yves Nzalé : Nous projetons d’organiser un Forum sur l’emploi auquel on va inviter tous les acteurs qui sont concernés par la question de l’Emploi (les entreprises, le secteur privé…) pour qu’on puisse s’asseoir autour d’une même table et discuter sur la question de l’emploi qui est très sérieuse. C’est un programme très lourd. Il faut que toutes les études soient faites avant de définir une date. Ça sera discuté en trois mois, le temps qu’on puisse rencontrer tous les acteurs et  enfin caler cela. On voudrait qu’elle soit une rencontre à laquelle, tous les acteurs concernés prendront part.

Ousmane THIANE (Actusen.sn)

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