C’est maintenant officiel. Les licenciements en vue annoncés il y a quelques jours par le directeur général de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) vont être matérialisés. Face à la presse, ce vendredi, Cheikh Bamba Dièye a expliqué que cette mesure, qui n’est pas prise de gaieté de cœur, est due au fait que Aibd Sa a hérité d’une situation inconfortable dû à un recrutement massif opéré entre 2022 et 2024.
Selon le Dg, « cette dérive a engendré un sureffectif qui pèse lourdement » sur l’équilibre financier de la structure. Ce déséquilibre, poursuit-il, « combiné à d’autres facteurs comme la gabegie, la dispersion des charges de fonctionnement inutiles parce que trop éloigné de notre cœur de métier, menace aujourd’hui notre capacité d’assumer pleinement nos missions ».
« En effet, la sécurité, la sûreté, le respect strict des normes, socle de toutes activités aéroportuaires, exigent des moyens humains et matériels adaptés, ainsi que des investissements réguliers pour rester en phase avec la réglementation aéronautique et les normes internationales de l’organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) » explique-t-il.
« Aibd Sa a hérité d’une situation inconfortable dû à un recrutement massif opéré entre 2022 et 2024 et cette dérive a engendré un sureffectif qui pèse lourdement sur l’équilibre financier de la structure »
Le directeur général de Aibd Sa rappelle ainsi que depuis 2023, l’Etat du Sénégal, à travers la Rdia et par des subventions directes, paie les salaires. « Nous avons trouvé cette situation à notre arrivée en mai 2024, avec un effectif porté à 938 agents. A l’époque, devant tous les agents et les partenaires sociaux, nous avons présenté la situation très compliquée de l’Aibd, en exigeant une situation de référence sur la base d’audit RH organisationnel et aussi sur la base d’audit des marchés en cours. Cette démarche avait pour but de guider, dans la mesure des respects des règles du droit, les corrections que nous savions tous inéluctables », a-t-il indiqué.
Cependant, Cheikh Bamba Dièye n’a pas attendu les résultats pour entamer des restructurations. Dans un premier temps, lui et ses services ont procédé à la réduction du personnel qui, au moment où il faisait face à la presse, était ramené à 872 agents.
« Nous avons aussi engagé une réduction drastique de notre charge de fonctionnement. Celle-ci se matérialise par la baisse des dotations de carburant qui a abouti à une économie de 275 millions FCFA ». Il s’en est suivi « la suppression de subvention à des structures de la plateforme pour un total de 600 millions FCFA, la diminution des charges téléphoniques qui sont passées de 18 à 8 millions le mois, la finalisation des travaux du salon d’honneur en fin mars, avec une économie de 300 millions FCFA due à une prise en charge des frais de passages officiels ».
En attendant les résultats d’audit Rh, plusieurs mesures prises ont abouti à la baisse drastique des charges de Aibd Sa : diminution des charges téléphoniques de 18 à 8 millions/mois ; baisse des dotations de carburant avec une économie de 275 millions…
Mais ce n’est pas tout, car le Dg a également fait état d’une économie immédiate de 220 millions réalisée sur la location de véhicules par le retour de ces véhicules au concessionnaire. Et avec l’arrivée des véhicules de l’Aibd, un poste qui coûtait 340 millions l’année, sera ramené à moins de 40 millions. Il y a aussi une baisse drastique des frais de mission qui sont passés de 80 millions sous trois mois, à mon arrivée, à 24 millions sous 6 mois et ne concernent que les déplacements essentiels pour le strict minimum. La directive primatoriale a réduit à moins de 50 millions ce poste qui nous coûtait annuellement 400 millions et plus encore. La compression de certains postes budgétaires allant jusqu’à faire des économies de 2, 5 milliards de FCFA et enfin notre budget qui était de 25 milliards en 2024, a été ramené à 18 milliards.
Malheureusement, l’effectivité de toutes ces mesures s’est révélée insuffisante pour garantir la viabilité de la structure. D’où la nécessité d’aller vers un plan social pour lequel la direction générale a requis et obtenu l’autorisation du conseil d’administration de Aibd Sa.
La compression de certains postes budgétaires allant jusqu’à faire des économies de 2, 5 milliards de FCFA et enfin notre budget qui était de 25 milliards en 2024, a été ramené à 18 milliards
Le successeur de Doudou Ka relève alors que le constat est sans appel. « Pour préserver notre capacité opérationnelle et garantir l’avenir de notre société, nous devons procéder à un recentrage de nos effectifs sur nos véritables missions. Cette décision n’est ni guidée par la simple recherche d’économie, ni par l’envie de priver quiconque de son emploi. Mais elle répond à la nécessité vitale de redimensionner Aibd Sa, afin de répondre aux normes de sécurité, de performance et de compétitivité imposées par le secteur aéronautique tout en veillant à la pérennité financière de la société », tente-t-il de rassurer.
« Je m’engage à mettre un accompagnement adapté pour les employés concernés »
Pour ce faire, Cheikh Bamba Dièye informe qu’une démarche claire et transparente a été définie, en collaboration avec l’ensemble des partenaires sociaux. Un audit interne a également été mené, afin d’identifier, avec précision, les postes indispensables au bon fonctionnement de nos aéroports. « Nous prendrons ainsi toutes les dispositions nécessaires pour nous assurer que le processus de réduction des effectifs sera mené avec équité, en toute transparence et en lien avec des critères objectifs établis à cet effet ».
« Cette décision n’est ni guidée par la simple recherche d’économie, ni par l’envie de priver quiconque de son emploi. Mais elle répond à la nécessité vitale de redimensionner Aibd »
Conscient des impacts économiques qu’une telle mesure peut provoquer, de l’anxiété de la situation dans laquelle beaucoup des agents de l’Aibd se trouvent, le Dg s’engage à mettre un accompagnement adapté pour les employés concernés. Cet accompagnement va du soutien à la reconversion, des indemnités et dans la mesure du possible, appui dans la formation pour une reconversion.
D’ailleurs depuis le début, « nous travaillons avec nos syndicats, avec les représentants du personnel ». Et ce, dans le but de développer des solutions qui préservent à la fois l’équilibre économique de Aibd et la dignité des agents. Cheikh Bamba Dièye reconnaît toutefois, que les sacrifices consentis aujourd’hui sont difficiles, mais indispensables pour permettre de bâtir un service aéroportuaire solide et compétitif apte à répondre aux exigences internationales.
« Nous ne souhaitons plus nous inscrire dans une dynamique de sollicitation permanente de l’appui de l’Etat comme c’est le cas actuellement »
« Nous prendrons toutes les dispositions idoines et les précautions nécessaires, afin de limiter au maximum les conséquences sociales, tout en maintenant le cap sur la stabilité et la pérennité de l’entreprise. Nous ne souhaitons plus nous inscrire dans une dynamique de sollicitation permanente de l’appui de l’Etat comme c’est le cas actuellement. Nous entendons rapidement retrouver notre santé financière pour voler de nos propres ailes », a-t-il conclu.
Actusen.sn